Améliorer la sécurité des femmes en France


Une nouvelle application destinée à améliorer la sécurité des femmes suscite un intérêt croissant en France après la mort de Philippine, une étudiante de 19 ans dont le corps a été retrouvé enterré dans un bois parisien le 21 septembre.

L’étudiante en économie a été vue pour la dernière fois dans un restaurant de l’université Paris Dauphine le 20 septembre et a été portée disparue le soir même après ne pas s’être présentée au domicile de ses parents à Saint-Quentin-en-Yvelines.

Un jour plus tard, son corps a été retrouvé partiellement enterré dans le bois de Boulogne, dans le XVIe arrondissement. L’enquête est en cours et aucune arrestation n’a été effectuée.

Lire aussi : Le corps d’un étudiant disparu retrouvé enterré dans le bois de Paris

La famille et les amis de l’étudiante ont commencé à la chercher dans les bois après que le téléphone portable de l’étudiante a été géolocalisé à cet endroit. Sa famille et ses amis ont également lancé une alerte via l’application de sécurité pour femmes The Sorority, mais Philippine elle-même n’en était pas membre.

L’application a maintenant envoyé un message sur X (Twitter), disant : « Nos pensées vont à Philippine, à sa famille et à ses proches… nous tenons à remercier tous ceux qui se sont mobilisés et ont partagé l’information. Nous ferons de notre mieux pour vous tenir au courant des prochaines marches, actions et veillées organisées en son nom. Merci d’être là, nous prenons soin les uns des autres. Ensemble. »

Qu’est-ce que l’application The Sorority ?

L’application gratuite Sorority permet aux membres d’envoyer une alerte aux 50 autres membres les plus proches s’ils ne se sentent pas en sécurité ou en danger. La localisation du membre est identifiée via le GPS du téléphone.

Une fois que la famille et les amis de Philippine ont donné l’alerte, l’application a envoyé un « avis de recherche suite à sa disparition inquiétante pour soutenir sa famille et essayer de la retrouver le plus rapidement possible », a-t-elle confirmé.

Elle a toutefois ajouté que Philippine n’étant pas membre de l’application, aucune alerte n’avait été envoyée à l’heure exacte (encore inconnue) de sa disparition.

« Nous aidons les gens »

La page d’accueil de l’application Sorority

Priscillia Routier-Trillard, fondatrice de l’application, explique qu’une fois que les membres reçoivent une alerte d’un autre utilisateur, ils peuvent « soit appeler directement la personne, soit lui envoyer un message lui suggérant de prévenir la police ou la gendarmerie, soit la rejoindre sur place en prétendant la connaître, sans jamais se mettre en danger ».

« Nous aidons les gens dans la rue, dans les transports en commun, au bureau, à l’école, le soir, dans les festivals ou à la maison », a-t-elle déclaré.

En mars, une membre de 18 ans a raconté avoir utilisé l’application après avoir été suivie dans la rue. « Dès que j’ai appuyé sur le bouton d’alerte, j’ai reçu une dizaine de SMS et d’appels. Finalement, une des membres m’a rejointe et m’a ramenée chez moi en voiture », a-t-elle raconté à l’AFP.

Parfois, le simple fait de recevoir un appel de quelqu’un et de lui parler suffit à « désamorcer la situation », ont déclaré les membres.

Dans un autre exemple, un utilisateur a écrit : « Bonjour, tout va bien, j’étais suivi à l’extérieur par trois hommes mais j’ai réussi à rentrer chez moi en toute sécurité (et) j’étais content d’être mis en contact avec de nombreuses femmes autour de moi, j’étais rassuré et j’ai pu discuter avec quelqu’un pendant que je rentrais chez moi. »

Partenariat policier

L’application Sorority compte aujourd’hui 115 000 utilisateurs, précise sa fondatrice Mme Routier-Trillard, et travaille en partenariat avec la police pour « faire connaître notre outil aux policiers et gendarmes via des formations ».

« Lorsqu’une personne en situation de violence conjugale n’est pas en mesure de contacter directement les autorités, elle donne l’alerte sur l’application. Si elle accepte, nous transmettons toutes les informations au 17 pour une intervention immédiate », précise Mme Routier-Trillard.

La ministre de l’Intérieur Charlotte Huntz dit FranceInfo:« Pour garantir l’efficacité du système de sororité, notre personnel a été sensibilisé à la nécessité d’une intervention immédiate. »

Des visuels de l’application sont affichés dans tous les commissariats, afin de sensibiliser.

Utilisateurs de l’application

« À Paris, il y a 17 000 usagers, donc il y a des gens disponibles à une rue de chez soi », explique Mme Routier-Trillard. On constate aussi un nombre croissant d’usagers dans les zones rurales.

Les femmes peuvent rejoindre la Sororité à partir de 12 ans avec le consentement parental, bien que 73 % des utilisatrices aient entre 18 et 35 ans. L’âge moyen des membres est de 30 ans, précise l’application.

Les utilisateurs doivent prendre un selfie en temps réel et fournir une preuve d’identité pour rejoindre la communauté, les profils étant ensuite vérifiés avant que la candidature ne soit confirmée.

L’application est également accessible aux Français de l’étranger, en coordination avec le ministère des Affaires étrangères. Elle est également disponible en 13 autres langues, dont l’anglais.

« À des milliers de kilomètres de nos proches, nous sommes totalement dépendants d’une personne violente, qui peut aussi être un employeur », explique Mme Routier-Trillard. « Notre application est disponible dans le monde entier et traduite en 13 langues. Même les populations locales peuvent l’utiliser. »

Applications similaires

La Sororité n’est pas la seule application du genre à travailler avec la police.

Un autre exemple est l’application gratuite Umay, qui répertorie les « lieux sûrs » où les utilisateurs (hommes et femmes) se sentent menacés et ont besoin d’un endroit où se réfugier. Cela comprend 3 200 gendarmeries et 600 commissariats de police, mais aussi 6 000 autres établissements, dont des bars, des restaurants, des magasins et d’autres institutions.

Pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, l’application a également développé un partenariat avec l’opérateur de loterie nationale et partenaire officiel des Jeux Olympiques La Française des Jeux pour étiqueter de nombreux bars, tabacs et kiosques à journaux locaux comme des « lieux sûrs ».

Elle a également dispensé des formations au personnel « sur la manière de gérer les situations d’agression, et en particulier les violences sexistes et sexuelles ».



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