Dans le monde, environ 2,6 millions d’enfants et d’adolescents vivent actuellement avec le VIH, la majorité d’entre eux en Afrique. Ces jeunes sont beaucoup plus susceptibles de connaître un échec thérapeutique que les adultes. Les experts ont longtemps pensé que le dépistage de la résistance virale aux médicaments pouvait améliorer le traitement en cas d’échec thérapeutique. Mais une équipe de recherche dirigée par l’Université de Bâle, en Suisse, montre aujourd’hui qu’il est bien plus important d’aider les patients à prendre régulièrement leurs médicaments.
La lutte contre le VIH a fait de grands progrès ces dernières décennies. Les médicaments antirétroviraux permettent de contenir le virus, l’empêchant de se reproduire dans l’organisme et d’être transmissible. Cependant, certaines variantes du virus sont devenues résistantes à ces médicaments. Dans les pays à revenu élevé, les médecins testent donc le virus pour détecter des mutations de résistance si un traitement antirétroviral particulier ne fait pas effet.
Dans les régions aux ressources limitées, ces tests de mutation virale ne sont toutefois pas aussi facilement disponibles. Si le traitement ne fonctionne pas comme prévu, les médecins traitants ne peuvent que deviner et décider sur cette base des mesures thérapeutiques ultérieures : pour contourner une éventuelle résistance du virus, il faut passer à un autre médicament. En revanche, si l’échec du traitement est dû au fait que le médicament n’a pas été pris quotidiennement comme prévu, il ne faut pas le changer.
Compte tenu du financement limité des programmes de lutte contre le VIH dans un certain nombre de pays africains, des discussions sont en cours parmi les experts pour savoir si le succès du traitement pourrait être amélioré en fournissant davantage de tests de résistance, en particulier pour les enfants et les adolescents.
Des chercheurs dirigés par le professeur Niklaus Labhardt de l’Université de Bâle et de l’hôpital universitaire de Bâle ont donc travaillé avec divers partenaires internationaux pour déterminer si ces tests coûteux et laborieux constituent réellement un levier efficace pour une meilleure gestion du VIH. Les résultats de leur étude, issus d’un essai intitulé « GIVE MOVE », sont publiés dans la revue La revue The Lancet sur la santé mondiale.
Les tests de résistance seuls sont inefficaces
L’étude a été menée dans 10 centres cliniques au Lesotho et en Tanzanie et a recueilli des données auprès de 284 participants âgés de six mois à 19 ans. Les enfants et les adolescents recevaient tous un traitement antirétroviral, mais présentaient toujours une concentration élevée du virus VIH dans les échantillons sanguins.
Les chercheurs ont réparti les patients au hasard en deux groupes. Le premier groupe a été soumis à des tests par du personnel spécialisé pour détecter les mutations virales conférant une résistance. Le deuxième groupe a reçu les soins habituels, avec des tests répétés de la charge virale et un traitement empirique.
Les résultats ont montré que les tests génétiques de résistance n’ont pas amélioré le traitement de manière significative. Trente-six semaines après le début de l’étude, il n’y avait pas de différences significatives dans la charge virale entre les deux groupes.
« Cela contredit l’hypothèse selon laquelle un traitement soutenu par des tests de résistance améliorerait de manière significative les résultats cliniques et virologiques », explique le Dr Jennifer Brown, auteur principal de l’étude.
L’adhésion au traitement est cruciale
Selon le responsable de l’étude, Niklaus Labhardt, la principale raison de la charge virale toujours élevée malgré les médicaments antirétroviraux semble être que les médicaments ne sont pas pris tous les jours comme prévu.
« Améliorer l’observance du traitement serait plus efficace que d’introduire plus largement des tests de résistance. La raison pour laquelle ce résultat est si important est qu’il nous aide à prioriser où nous voulons investir le financement limité des programmes de lutte contre le VIH. »
Les chercheurs espèrent que les résultats de l’étude permettront de consacrer davantage de ressources aux programmes qui tiennent compte des besoins spécifiques des enfants et des adolescents et qui améliorent ainsi leur adhésion au traitement. Parallèlement, il sera important de mieux comprendre quelles personnes présentent le plus grand risque de résistance virale, afin de pouvoir proposer des tests de résistance coûteux de manière plus ciblée.
Aux côtés des chercheurs de l’Université de Bâle et de l’hôpital universitaire de Bâle, des experts de l’Institut tropical et de santé publique suisse, de l’organisation à but non lucratif SolidarMed, de la Fondation pour l’enfance du Baylor College of Medicine et de l’hôpital de la mission Seboche au Lesotho, ainsi que de l’Institut de santé d’Ifakara et de l’organisation Management and Development for Health en Tanzanie, ont également travaillé.
Plus d’information:
Prise en charge de la virémie basée sur la résistance versus prise en charge empirique chez les enfants et les adolescents atteints du VIH au Lesotho et en Tanzanie (essai GIVE MOVE) : un essai contrôlé randomisé multicentrique ouvert. La revue The Lancet sur la santé mondiale (2024). DOI: 10.1016/S2214-109X(24)00183-9
Fourni par l’Université de Bâle
Citation: Améliorer le traitement du VIH chez les enfants et les adolescents, de la bonne manière (2024, 17 juillet) récupéré le 17 juillet 2024 à partir de
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