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Combien de temps et comment faire pour retrouver une forêt d’avant les feux ?

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20.600 hectares de forêt partis en fumée en Gironde  en une semaine, 15.007 hectares en 2021 et 17.400 hectares sur toute la France en 2020… Chaque année, les feux de forêt et de végétation détruisent l’espace forestier français. Et avec le changement climatique, ils sont de plus en plus intenses et de plus en plus fréquents.

Mais que deviennent ces espaces naturels dévastés des années plus tard ? A quelle vitesse les arbres repoussent-ils pour retrouver leur structure initiale ? Quel rôle joue l’homme dans cette reconstruction ? 20 Minutes s’est posé ces questions et tente d’y répondre à l’aide de deux spécialistes de la question, qui insistent sur l’importance de surveiller les départs d’incendies, de diversifier les espèces et de lutter contre le changement climatique qui pèse de plus en plus dans les dégâts causés sur notre environnement.

Que deviennent les forêts détruites par les incendies ?

Les images des forêts calcinées, dépouillées de leurs arbres parfois centenaires, s’accumulent avec les années. Une fois le feu maîtrisé et éteint, il reste une lourde charge de travail pour les remettre en état. Et elles ne retrouveront leur éclat que des dizaines d’années après.

Un an après les incendies qui ont touché le Var en 2021, on trouve sûrement « quelques graines, quelques pousses » mais on est encore loin d’une structure forestière et les lieux garderont « des traces des flammes pendant encore deux à trois ans », estime Eglantine Goux-Cottin, Présidente de l’Ingénieure Conseils en Environnement et Foresterie (ICEF), contactée par 20 Minutes.

« Tout dépend du kit de végétation, d’arbres, d’espèces qui étaient présents avant l’incendie, ainsi que du type de sol », ajoute Brigitte Musch, responsable du Conservatoire Génétique des Arbres Forestiers à l’Office National des forêts (ONF). Plus les arbres sont feuillus, comme les chênes de Gironde, plus il y a des chances qu’ils puissent redémarrer de leurs souches.

Pour les pins d’Alep, que l’on trouve dans les forêts méditerranéennes, des graines relâchées pendant l’incendie vont pouvoir germer au printemps suivant. Toutefois, cela dépend également de l’intensité des incendies. Et ce que l’on a vu cette semaine « rendra les choses plus compliquées vu la violence des flammes qui dépassaient par endroits les 100 mètres de haut », prévient Brigitte Musch.

A partir de quand peut-on replanter des arbres ?

Là encore, cela va dépendre et de la structure, des espèces de la forêt, et de l’intensité des feux. « Si le système racinaire n’a pas brûlé, les arbres vont pouvoir repartir et on en verra dès l’année prochaine, mais vu la surface touchée en Gironde, il va falloir replanter dans les zones touchées », anticipe Brigitte Musch.

Mais avant de penser à replanter, plusieurs fronts de lutte s’organisent. Il faut dans un premier temps « combattre le vent qui risque de balayer l’humus », essentiel à la repousse, puis « sortir les bois calcinés, couper, élever les plans… Tout cela va prendre un ou deux ans », estime-t-elle.

Combien de temps faut-il à une forêt pour retrouver son aspect avant destruction ?

L’autre technique consiste à laisser faire la nature. La durée de la régénération naturelle va dépendre de l’environnement, du contexte, de l’essence de la forêt, si elle est tempérée ou méditerranéenne. Mais généralement, « au bout de dix ans, les arbres commencent à se structurer, puis il faut compter entre 20 à 30 ans pour retrouver une structure similaire à celle avant l’incendie. Enfin, à partir de 70 à 100 ans, on va récupérer une forêt avec des interactions et un écosystème qui fonctionne », détaille Eglantine Goux-Cottin.

« La meilleure solution, c’est d’accompagner cette régénération naturelle, surveiller et suivre avant de replanter à tout va », insiste-t-elle. En effet, quand l’homme intervient, cela prend à peu près le même temps car la croissance des arbres reste la même.

Quels arbres planter ?

Pour Brigitte Busch, ces terrains désertiques sont l’occasion de tenter de nouvelles choses, d’expérimenter des méthodes de sylviculture, tester d’autres espèces… Car si certains arbres sont plus adaptés à ces incendies, comme les pins d’Alep ou les chênes de liège, « aujourd’hui, ils ne supportent plus l’intensité accrue et la fréquence de ces feux », explique Eglantine Goux-Cottin. Ils sont de plus en « stress hydrique à cause des périodes de sécheresse de plus en plus extrêmes. Les forêts sont sous pression ».

L’erreur à éviter à tout prix, c’est alors de planter une même espèce dans un seul espace. La diversité est en effet un atout efficace pour la renaissance d’un écosystème. « Les forêts les plus résilientes sont celles qui ont le plus de biodiversité », abonde Eglantine Goux-Cottin. Il faut alors privilégier les mélanges d’espèces avec des feuillus, des conifères, ainsi que les essences méditerranéennes.

Et quelle topographie adopter ?

L’espace entre les arbres est « une question qui agite pas mal la communauté », selon Brigitte Musch. Pour la question des incendies, il vaut mieux que les cimes ne se touchent pas afin d’éviter une propagation trop rapide. En même temps, il faut aussi lutter contre les fougères et autres herbes hautes qui favorisent les départs de feux, et ainsi empêcher trop de lumière de pénétrer au sol. D’autant que « plus les arbres seront proches les uns des autres, plus une sélection des plus résistants au changement climatique va se mettre en place », abonde la responsable à l’ONF.

De plus, les incendies ne sont pas l’unique menace. « La façon de planter va influencer la structure forestière, si elle est très dense, on aura des arbres très hauts, des troncs très fins, poursuit Eglantine Goux-Cottin. Dans ce cas, il y a un risque de stress avec des arbres plus fragiles face aux tempêtes, il faut trouver un bon équilibre ».

De manière générale, pour éviter que ces feux de forêt se multiplient, il faut surveiller les forêts, les entretenir, empêcher les départs de flammes et surtout, globalement, lutter contre le changement climatique à cause duquel cette menace est plus intense et plus fréquente chaque année. Et aujourd’hui, la France perd des espaces forestiers car ces derniers brûlent bien plus vite qu’ils ne repoussent.



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