Danone supprime le Nutri-Score des yaourts à boire suite à une controverse sur la notation


Le créateur du Nutri-Score a déclaré que ce changement constituait un pas en arrière « déplorable »

Avec le nouveau système de notation, l’Actimel buvable de Danone est passé d’un A ou B à un D

Le géant agroalimentaire français Danone a supprimé l’indice nutritionnel Nutri-Score de l’emballage de ses yaourts à boire après que leurs scores ont été dégradés.

« Nous avons décidé de supprimer progressivement le Nutri-Score de nos produits laitiers et boissons à base de plantes de marque à partir de septembre 2024 », a indiqué Danone dans un communiqué de presse adressé à l’AFP le 4 septembre.

La décision affectera tous les yaourts liquides des marques :

  • Actimel

  • Danonino

  • Salut Pro

  • Danone

  • Activia

En plus de le supprimer de ses yaourts à boire, Danone conteste également une mise à jour en 2023 du mode de calcul – décidée par le comité scientifique Nutri-Score – qui a fait baisser de nombreux scores.

Par exemple:

  • Actimel buvable est passé de A ou B à D

  • La note de la boisson au yaourt Danonino pour enfants est descendue à D et est désormais considérée comme « une boisson gazeuse sucrée ».

Danone a réagi à cette note en affirmant que le yaourt Danonino « normal » (c’est-à-dire celui qui se mange à la cuillère) conserve une note B, bien qu’il « ait des valeurs nutritionnelles similaires », a déclaré un porte-parole.

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« Déplorable et choquant »

Le concepteur du Nutri-Score a déclaré que le choix de Danone de supprimer la notation était un pas en arrière « déplorable », d’autant plus que Danone a été l’une des premières entreprises à afficher le score sur ses produits lors du lancement du système.

À l’époque, l’entreprise se revendiquait comme « pionnière » de la notation en France.

“Il est déplorable et extrêmement choquant de voir Danone abandonner le Nutri-Score alors qu’il n’aime plus les règles du jeu établies par les scientifiques”, a déclaré à l’AFP Serge Hercberg, professeur de nutrition à l’université Sorbonne Paris Nord et concepteur du Nutri-Score.

Le professeur a ajouté qu’il soutenait les conclusions scientifiques du comité et qu’il était « pertinent » de classer différemment les yaourts solides et à boire, même si la quantité de sucres est la même. En effet, le yaourt à boire est principalement consommé en dehors des repas, comme un « en-cas liquide », ce qui risque d’être consommé en trop grande quantité « par les enfants et les adolescents », a-t-il expliqué.

Il a ajouté : « Cela sert à alerter les consommateurs sur le fait que ces produits doivent être consommés de manière raisonnable. »

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Qu’est-ce que le Nutri-Score?

Nutri-Score est un système de notation nutritionnelle qui utilise un code couleur simple de type « feu tricolore » et une échelle de A à E (A étant vert, E étant rouge). Il vise à fournir une indication facile à comprendre de la valeur nutritionnelle d’un aliment.

Il est utilisé dans sept pays d’Europe (Belgique, France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Suisse).

Pourtant, elle est facultative et les fabricants ne sont pas tenus de l’afficher sur leurs emballages. Certains pays européens, dont l’Italie notamment, s’opposent à son utilisation.

Une vue de la note Nutri-Score (d’un produit avec un A)

Réponse du groupe de consommateurs

Il y a loin d’un consensus scientifique sur qui – le professeur Hercberg ou Danone – devrait être considéré comme correct lorsqu’il s’agit de yaourt « solide » ou « buvable », en termes de mode de consommation ou de digestion.

Cependant, les groupes de consommateurs ont rapidement condamné Danone pour ses actions et ont déclaré que le Nutri-Score devrait être obligatoire.

L’UFC-Que-Choisir a qualifié l’argument de Danone de « pseudo-nutritionnel » et a estimé que cette démarche apporte « une preuve supplémentaire que l’affichage du Nutri-Score sur une base volontaire ne garantit pas une bonne information des consommateurs ».

De même, l’organisation de défense des consommateurs Foodwatch a estimé que Danone était “inacceptable” dans son “retour en arrière”. “Ne prétendons pas que Danone se soucie de la santé des consommateurs”, a déclaré à l’AFP Audrey Morice, chargée de campagne de Foodwatch.

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