Découverte du tombeau de Joachim du Bellay dans la cathédrale Notre-Dame : une révélation historique


Certains chercheurs sont convaincus que la tombe appartient au poète de la Renaissance « disparu »

Le poète est considéré comme une figure emblématique de la culture de la Renaissance française

La tombe vieille de 500 ans du poète et critique français Joachim du Bellay, décédé en 1560, a été retrouvée sous le sol de la cathédrale Notre-Dame de Paris, selon des chercheurs.

Le poète (1522-1560) était un membre fondateur de La Pléiade (un groupe de sept poètes classiques du XVIe siècle) et auteur d’ouvrages tels que Les RegretsIl a également écrit le manifeste de La Pléiade, le Ddéfense et illustration de la langue françaisequi demandait que le français soit considéré comme une langue artistique au même titre que le grec et le latin.

Aujourd’hui, un professeur d’université croit avoir identifié le corps du poète, à partir de restes squelettiques retrouvés sous la nef de la célèbre cathédrale, en cours de restauration depuis sa destruction par un incendie le 15 avril 2019.

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L’anthropologue Éric Crubézy, professeur à l’université Paul-Sabatier (Toulouse-3), a expliqué que ses travaux le conduisent à penser que les restes, retrouvés dans un cercueil de plomb, sont ceux du poète de la Renaissance.

Il a pointé plusieurs indices suggérant que les restes appartiennent au poète, lors d’une conférence de presse organisée par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) à Paris le 17 septembre.

« On savait qu’à la mort de Du Bellay, sa famille avait demandé qu’il soit enterré dans la chapelle Saint-Crépin, mais lorsque des travaux y ont été effectués en 1758, sa tombe n’a pas été retrouvée », a précisé M. Crubézy.

Le professeur a également cité :

  • L’âge du défunt. Les os suggèrent qu’il avait environ 35 ans, l’âge du poète au moment de sa mort.

  • L’état des os. Des dommages dans une cavité osseuse près des hanches suggèrent qu’il s’agissait d’un cavalier régulier. On sait que Du Bellay a voyagé entre Paris et Rome à cheval entre 1553 et 1557, soit une distance de 1 600 km en selle.

  • Traces d’inflammation à la base du crâne, suggérant une méningite chronique. Ceci expliquerait en partie la mort précoce du poète. Il est connu qu’il souffrait de cette maladie.

Le professeur Crubézy précise également que la famille du poète avait un rôle suffisamment important au sein de la cathédrale pour pouvoir demander qu’un laïc (par opposition à un membre du clergé) y soit enterré.

« L’oncle qui l’a élevé (Du Bellay était orphelin), devenu cardinal, avait été chanoine de Notre-Dame, dit le professeur. Un autre oncle était évêque de Paris. »

D’autres analyses à venir

Tous les archéologues ne partagent pas l’évaluation du professeur Crubézy.

Christophe Besnier, de l’INRAP, responsable des travaux de fouilles de la cathédrale, a indiqué que les dents de l’homme suggèrent que l’individu a été élevé soit en région parisienne, soit en Rhône-Alpes.

Cela ne correspond peut-être pas complètement à la chronologie de l’éducation de Du Bellay, a-t-il suggéré.

« Joachim du Bellay a probablement passé ses premières années dans la capitale après la mort de ses parents. Il n’a pas appris la poésie à Liré (Anjou, Maine-et-Loire), mais à la Sorbonne, dont Jean du Bellay a été longtemps recteur », précise M. Besnier.

D’autres analyses doivent être menées pour tenter de clarifier la question, notamment sur environ 80 autres tombes découvertes dans le sous-sol de la cathédrale.

« De nombreuses questions sans réponse »

« De très nombreuses autres tombes ont été retrouvées dans le sous-sol de Notre-Dame de Paris », a déclaré à la presse Camille Colonna, anthropologue spécialiste des rituels funéraires. Le Point« De nombreuses questions restent sans réponse. »

Dominique Garcia, président de l’INRAP, s’interroge : « Qui était la femme dont le corps a été retrouvé parmi les clercs masculins, et pourquoi certains morts avaient-ils des cercueils en plomb alors que d’autres étaient enterrés dans de simples cercueils en bois, parfois glissés dans des cuves en plâtre ? »

Une équipe d’une cinquantaine d’archéologues a fouillé les sous-sols de la cathédrale dans le cadre des travaux de restauration après l’incendie. Seuls 570 m2 des 5.000 m2 de Notre-Dame ont été fouillés jusqu’à présent, selon les experts, et d’autres découvertes sont attendues.

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Certaines des pièces découvertes, dont des ustensiles de cuisine et des fragments de statues bien conservés, seront exposées au musée de Cluny à partir du 19 novembre. Les pièces devraient également être numérisées pour une collection en ligne en 2025.

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