Les agriculteurs ont formé des barrages roulants, déversé du fumier et affronté la police à Bordeaux alors qu'ils exigeaient une action du conseil régional.
Les agriculteurs du syndicat Coordination Rurale, qui a une réputation de manifestations très médiatiséessont arrivés à Bordeaux en tracteur à partir de 6 heures aujourd'hui (11 mars), où ils se sont rassemblés autour de l'assemblée régionale de Nouvelle-Aquitaine.
Ils ont ensuite déversé du fumier et des pneus devant le bâtiment, où ils ont été confrontés aux CRS anti-émeutes, qui ont tenté de les disperser à coups de gaz lacrymogènes.
La situation est chaotique devant l'hôtel de Région à Bordeaux. #agriculteurs @SO_Bordeaux pic.twitter.com/i3Ste353YM
-Nicolaplume (@Nicolaplume33) 11 mars 2024
Afin de désamorcer la situation, l'assemblée régionale – qui siégeait – a accepté que le leader syndical départemental de la Coordination rurale, François Turpeau, rencontre des représentants à l'intérieur de l'édifice.
La situation est complètement dégénérée. Les agriculteurs ont enfoncé les barrières. Les CRS ont riposté avec des gaz lacrymogènes. @SO_Bordeaux #Bordeaux #agriculteurs pic.twitter.com/sIJTIOziXQ
-Nicolaplume (@Nicolaplume33) 11 mars 2024
S'adressant à l'Assemblée, M. Turpeau a notamment exigé que la région abandonne ses plans de protection de l'environnement, connus sous le nom de “Neo Terra”, qui comprennent des lignes directrices pour une utilisation plus stricte des pesticides, des contrôles de la biodiversité et une gestion des eaux usées pour les années à venir.
M. Turpeau aurait été ovationné par des représentants du Rassemblement national (extrême droite).
Suite au discours de M. Turpeau, le président de la Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, a répondu qu'il était conscient des problèmes auxquels sont confrontés les agriculteurs.
« Nous comprenons que les causes et les conséquences du changement climatique mettent les agriculteurs sous pression plus que quiconque », a-t-il déclaré.
Le président s'est également engagé à consacrer une séance plénière de l'assemblée régionale à la question de l'agriculture, même si aucune date n'a encore été fixée.
Les protestations grondent
Les agriculteurs français protestent depuis janvier contre l'accumulation des réglementations environnementales, le versement de subventions européennes, les prix des supermarchés et la concurrence des importations étrangères moins chères, qui ne sont pas soumises aux normes françaises de production alimentaire (sur l'utilisation des pesticides par exemple).
Le gouvernement du Premier ministre Gabriel Attal leur a proposé de nombreuses concessions, notamment :
- Versement des aides de la Politique Agricole Commune européenne (PAC) d’ici le 15 mars
- Un périmètre de 150 millions d’euros pour les éleveurs « dès cette année »
- Un « renforcement » de la loi tarifaire EGalim pour protéger les revenus des agriculteurs
- Une pause dans le plan Ecophyto pour réduire l'usage des pesticides
- Le rejet de l'accord commercial entre l'Union européenne et les pays du MERCOSUR (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay)
- Contrôles supplémentaires sur l'origine française des produits
- Un « prix plancher » pour la viande bovine et le lait
- Un projet de loi EGalim à l’échelle européenne
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Cependant, les deux principaux syndicats d'agriculteurs ont exprimé leur mécontentement face à la rapidité avec laquelle le gouvernement a soutenu leurs promesses par une législation.
Le syndicat Coordination rurale, qui s'est séparé du syndicat agricole FNSEA dans les années 1990, est connu pour son approche conflictuelle et sensationnelle ainsi que pour ses liens avec le Rassemblement National d'extrême droite.
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