Aucun parti ne dispose de suffisamment de sièges pour obtenir une majorité absolue – et les coalitions semblent impossibles
Les sondages du second tour des élections législatives suggèrent qu’aucun parti ne sera en mesure de former une majorité absolue au Assemblée nationaleChambre basse du pouvoir politique français.
L’alliance de gauche du Nouveau Front Populaire est considéré comme ayant remporté le plus grand nombre de sièges, entre 175 et 192, la coalition centriste du président Emmanuel Macron en remportant entre 150 et 170.
L’extrême droite Rassemblement national et ses alliés devraient terminer troisième avec entre 132 et 152 sièges, bien en dessous des prévisions précédentes.
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Ces résultats surprenants signifient que la chambre sera divisée en trois camps politiques distincts, tous loin d’une majorité absolue, mais tous probablement peu disposés à travailler ensemble pour former un gouvernement de coalition.
Jean-Luc Mélenchon, pilier de l’extrême gauche, a déclaré qu’«aucune coalition n’était possible» entre aucun des partis, y compris le Nouveau Front Populaire et ceux qui pourraient se former pour exclure le groupe du gouvernement.
Il a déclaré que le Nouveau Front Populaire a reçu le mandat de former un gouvernement en ayant le plus de sièges, et qu’il « adoptera son programme et rien que son programme » au cours des prochaines années.
D’autres politiciens de l’alliance, dont la cheffe des Verts Marine Tondelier, ont déclaré que « le parti va gouverner », au lendemain des élections.
Que se passe-t-il maintenant ?
Aucun parti ne parvenant à obtenir une majorité absolue, le président s’adressera au parti le plus important pour nommer un Premier ministre issu de ses rangs (comme le lui impose la Constitution).
Selon les résultats, ce sera un membre de la Nouveau Front Populairebien que le groupe n’ait pas encore annoncé qui sera Premier ministre.
Les membres avaient auparavant déclaré qu’il appartiendrait aux députés du parti de voter pour déterminer à qui ils souhaitent confier ce rôle.
Le parti ne semblant pas pouvoir remporter suffisamment de sièges pour obtenir une majorité absolue (289 sur 577), il lui serait difficile de faire passer des lois si ses adversaires politiques du centre et de l’extrême droite les bloquaient, à moins qu’il ne forme une coalition pour obtenir une majorité absolue des députés.
De nombreux politiciens centristes du camp du président Macron ont exclu une alliance avec le groupe pour créer une majorité gouvernementale, affirmant que l’inclusion de La France insoumiseun parti d’extrême gauche du bloc, constitue une ligne rouge pour toute collaboration avec eux.
Si le parti refuse d’accepter la tâche de former un gouvernement minoritaire – de peur d’être empêché d’adopter des lois – le président peut demander à d’autres groupes de tenter de former un gouvernement de coalition et leur offrir ce rôle.
Son parti, arrivé en deuxième position, aura l’occasion de le faire, mais la probabilité qu’un groupe quelconque forme un gouvernement de coalition semble extrêmement faible.
La France va-t-elle entrer dans une impasse politique ?
Des craintes ont également été exprimées quant à la longévité potentielle d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire.
L’un des principaux points de friction est que l’alliance est conflictuelle et on ne sait pas combien de temps elle restera alliée, s’étant déjà opposée sur un certain nombre de sujets au cours des campagnes législatives.
Dans le cas d’un gouvernement minoritaire, des motions de censure peuvent également être déposées contre le parti au pouvoir, ce qui ne nécessiterait que 289 voix pour être adoptée et forcer la nomination d’un nouveau Premier ministre.
Il est possible que les groupes centristes et d’extrême droite travaillent ensemble pour renverser le Premier ministre d’un gouvernement minoritaire de gauche.
Cette impasse politique ne peut être brisée que par la dissolution du Assemblée nationale – le président peut convoquer un nouveau scrutin dans un an – ou la démission du président lui-même, pour déclencher des élections présidentielles.
Si l’impasse persiste, les partis peuvent convenir de travailler ensemble au cas par cas pour faire passer les lois les plus importantes, jusqu’à ce que de nouvelles élections puissent être organisées.
Alternativement, ils pourraient convenir d’un « gouvernement technocratique » temporaire – similaire à celui de l’Italie sous Mario Draghi en 2021-2022 – avec un mélange d’experts et de fonctionnaires à la tête des ministères clés aux côtés de politiciens jusqu’à ce que de nouvelles élections puissent être organisées.