Grève des syndicats français en réponse à la situation économique et à la nomination du Premier ministre


La manifestation coïncide avec un discours politique majeur du Premier ministre

Les syndicats protestent contre la réforme des retraites (photo de 2023), mais disent qu’ils écouteront le discours politique du Premier ministre Michel Barnier

Plusieurs syndicats représentant les étudiants universitaires, les cheminots et les enseignants des écoles sont en grève aujourd’hui (1er octobre). Les manifestations coïncident avec un discours politique majeur du Premier ministre Michel Barnier.

Les grèves répondent à la fois à la situation économique de la France et à la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, perçue par les syndicats comme une décision hostile.

Toutefois, les racines de la protestation sont antérieures à la nomination de M. Barnier.

“Ce sera le match retour dans la lutte contre la réforme des retraites”, a déclaré la semaine dernière Sophie Binet, la secrétaire générale du syndicat CGT sur FranceInfo. Elle faisait référence à la loi votée en mars 2023 portant l’âge de la retraite de 62 à 64 ans d’ici 2030.

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La réforme a donné lieu à d’importantes manifestations, dont une rassemblant 1,27 million de personnes (chiffres du ministère de l’Intérieur) le 31 janvier 2023.

Son syndicat espère forcer le gouvernement à abroger cette loi.

On ne s’attend pas à ce que les manifestations d’aujourd’hui atteignent les chiffres observés en 2023 ou que le Premier ministre envisage d’abroger la réforme des retraites. Cela coûterait plusieurs milliards d’euros que le pays ne peut guère se permettre à l’heure où des hausses d’impôts sont envisagées pour réduire un important déficit public.

Le gouvernement de M. Barnier est sous pression pour présenter le budget français 2025 avant la date limite de la mi-octobre et doit consacrer des milliards d’euros à des réductions de dépenses et à des augmentations d’impôts.

À quoi s’attendre en France

Services ferroviaires

Alors qu’on craignait initialement que la grève entraîne des perturbations majeures, la SNCF a écarté cette possibilité.

« Dans le cadre de la grève nationale, la circulation des trains SNCF Voyageurs sera quasiment normale mardi 1er octobre », indique la compagnie dans un communiqué.

Les syndicats ferroviaires réclament un meilleur traitement de la part des groupes filiales de la SNCF et une amélioration des salaires, outre l’abrogation de la réforme des retraites.

La SNCF précise néanmoins que les personnes touchées par la perturbation peuvent ici annuler ou échanger leur billet gratuitement.

Des perturbations mineures ont également été signalées dans les services du métro parisien.

Enseignants

Plusieurs syndicats d’enseignants se sont joints à la grève pour souligner la nécessité de meilleurs salaires et d’un recrutement accru.

« Il faut 17 ans de poste pour augmenter son salaire de 400 euros », annonce le syndicat Snes-FSU sur son site internet. “Et 56% des collèges manquent d’au moins un enseignant.”

Les syndicats ont également été mécontents de la nomination d’Anne Genetet au poste de ministre de l’Éducation, que le Snes-FSU a qualifiée d’« erreur de casting ».

Cependant, comme les enseignants des écoles secondaires et des collèges n’ont pas besoin de déclarer leur participation individuelle à la grève, on ne sait pas à l’avance combien d’enseignants seront absents.

Les écoles publiques françaises sont obligées d’assurer un service minimum en cas de grève, dans de nombreux cas, les perturbations ne seront ressenties que par les élèves.

Les écoles devront soit fournir des enseignants suppléants, soit transférer les élèves dans des classes fusionnées pour faire face aux enseignants en grève.

Les enseignants du primaire sont tenus d’annoncer à l’avance s’ils font grève. La mairie devrait trouver des enseignants remplaçants pour minimiser les perturbations.

Manifestations « gênantes »

Environ 175 manifestations locales avaient été annoncées dimanche 29 septembre, contre plus de 200 le 1er mai.

Les premières indications suggèrent que les manifestations ne recevront pas autant de monde.

En particulier, cinq grands syndicats (CFDT, FO, CGE-CGC, CFTC et l’Unsa) ont choisi de ne pas faire grève ni protester aujourd’hui.

A Paris, une marche de protestation partira de Denfert-Rochereau à 14h00 en direction de la Bastille.

Cette marche devait initialement coïncider avec la présentation du budget 2025 au parlement, d’où l’enjeu de la grève sur les changements budgétaires et la réforme des retraites.

Cependant, le gouvernement de M. Barnier n’a pas encore préparé ses plans budgétaires.

Au lieu de cela, la marche coïncidera avec le discours de politique générale du Premier ministre Michel Barnier à 15h00 où, comme tous les premiers ministres français, il fixera le cap de son gouvernement.

Le timing à lui seul pose problème aux syndicats, conscients qu’ils mènent des batailles qui pourraient être rendues obsolètes par le discours de M. Barnier.

“Manifester le jour où le Premier ministre fait son discours de politique générale, c’est un peu gênant”, a déclaré la semaine dernière sur FranceInfo le leader de la CFTC Cyril Chabanier. “Nous l’écouterons et si nous constatons que les choses ne vont pas dans la bonne direction, nous n’exclurons pas la possibilité de nouveaux mouvements”.



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