Le plus haut tribunal administratif français a statué mercredi que les manifestations de soutien aux Palestiniens ne peuvent être catégoriquement interdites, mais doivent être examinées au cas par cas. Au milieu du dernier conflit entre Israël et le Hamas, le ministère de l’Intérieur avait interdit les rassemblements pro-palestiniens pour des raisons d’ordre public – mais les militants ont fait valoir que cette interdiction violait le droit à la liberté d’expression.
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À la suite des attaques du Hamas contre des Israéliens, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a ordonné le 12 octobre aux autorités locales de ne pas autoriser les manifestations pro-palestiniennes, estimant qu’elles étaient « susceptibles de générer des troubles à l’ordre public ».
Le Conseil d’État, qui statue sur les questions de politique gouvernementale, a été saisi d’une demande d’annulation de l’ordonnance par une association française pro-palestinienne.
Le Comité d’action palestinienne, qui milite pour l’autodétermination des Palestiniens, a déclaré que les instructions du ministère de l’Intérieur violaient le droit de manifester pacifiquement.
Le tribunal n’a pas fait droit à la plainte du groupe, mais a souligné dans son jugement que seules les autorités locales peuvent décider d’interdire ou non un rassemblement lié au conflit israélo-palestinien, “quel que soit le camp qu’il entend soutenir”.
Elle a toutefois jugé que le ministre de l’Intérieur n’avait pas cherché à interdire purement et simplement les rassemblements pro-palestiniens, mais avait depuis précisé qu’il faisait référence uniquement aux rassemblements célébrant publiquement les attentats terroristes du Hamas.
Liberté d’expression
Lors d’une audience mardi, l’avocat du Comité d’action pour la Palestine, Vincent Brengarth, a qualifié cet ordre de “grave attaque contre la liberté d’expression”.
Qualifiant cela d’une interdiction générale sans limites quant à l’endroit et au moment où elle devrait s’appliquer, il a fait valoir qu’empêcher les gens de manifester pour une certaine cause était sans précédent en France – tout en soulignant que le gouvernement n’avait pas précisé quelle était exactement cette cause.
Pascale Léglise, responsable des libertés civiles et des affaires juridiques du ministère de l’Intérieur, a insisté sur le fait que cet arrêté n’était qu’une orientation pour les autorités locales qui devraient continuer à fournir des “justifications détaillées” à toute décision d’interdire les manifestations sur leur territoire.
Elle a averti que de tels rassemblements pourraient fournir aux extrémistes un forum pour des discours de haine, soulignant que des centaines de plaintes pour abus antisémites avaient été déposées en France au cours des dix jours qui ont suivi les attaques du Hamas, et a suggéré que la France et l’Allemagne avaient un devoir particulier de protéger leurs populations juives « à cause de l’histoire ».
Les autorités de plusieurs villes allemandes ont interdit les rassemblements pro-palestiniens au motif qu’elles empêchent la célébration publique des attaques du Hamas et appellent à davantage de violence.
Cependant, contrairement à la France, l’Allemagne n’a pas émis d’ordres à l’échelle nationale et a continué à autoriser certains rassemblements en solidarité avec les Palestiniens.
Des manifestations similaires ont également eu lieu dans plusieurs autres pays européens.
Des manifestants arrêtés
Environ 3 000 personnes se sont rassemblées jeudi dernier pour un rassemblement non autorisé dans le centre de Paris pour proclamer leur soutien aux Palestiniens et dénoncer la réponse du gouvernement israélien à l’attaque du Hamas.
La police a utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser la manifestation, et dix personnes ont été arrêtées.
Une deuxième manifestation dans la capitale samedi a donné lieu à 19 autres arrestations et à plus de 750 condamnations pour des délits mineurs, tandis que des manifestants se sont également rassemblés à Bordeaux, Toulouse, Lille et dans d’autres villes françaises.
Le groupe militant français CAPJPO-Europalestine a appelé à un nouveau rassemblement à Paris ce jeudi.