La France veut forcer les supermarchés à lutter contre la « scandaleuse » déflation


Dans un contexte de crise du coût de la vie, le gouvernement français a notifié à la Commission européenne son intention d'introduire une nouvelle règle en 2024 obligeant les magasins à informer les consommateurs lorsque les produits sont soumis à une déflation.

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La Shrinkflation – l’un des mots à la mode de 2023 – est la pratique des fabricants ou des distributeurs consistant à réduire la quantité d’un produit vendu sans en baisser le prix, ni même l’augmenter.

C’est légal, même s’il est exaspérant pour les consommateurs.

En septembre, le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, a qualifié la contraction de l'inflation de “arnaque” et de “scandaleux”.

“Cela a toujours existé mais la pratique se multiplie”, a-t-il déclaré à la chaîne d'information BFMTV.

Le Maire a promis que le gouvernement agirait contre ce qu'il considérait comme un profit des géants industriels.

Cette action se traduira par une meilleure information du consommateur, avec des étiquettes claires et précises sur les emballages pour indiquer que le produit qu'il contient pèse moins et préciser l'augmentation correspondante du coût au kilo.

Les distributeurs tenus responsables

Le gouvernement français a exposé ses projets dans un projet de décret, récemment soumis à la Commission européenne, qui risque de faire sourciller certains.

Si le décret est approuvé par Bruxelles, ce seront les distributeurs – et non les fabricants – qui seront chargés d'apposer les étiquettes sur les produits concernés.

Cette approche était “la seule option réaliste à court terme” au regard du droit européen, selon le cabinet de la ministre française du Commerce Olivia Grégoire. Un porte-parole a déclaré à BFM Business que s'en prendre aux constructeurs eux-mêmes aurait pris jusqu'en 2026, “au minimum”.

A la place, selon le texte consulté par BFM, les distributeurs devront mentionner directement toute réduction de poids “sur l'emballage ou l'étiquette apposée ou placée à proximité du produit”.

L'étiquette devra préciser : “La quantité vendue a été réduite de X à Y et son prix de vente au détail a augmenté de X pour cent ou X euros le kilo”.

Ces informations doivent être affichées « de manière visible et lisible », essentiellement en caractères « de même taille que ceux utilisés pour indiquer le prix du produit ».

Jusqu'à 15 000 € d'amende

Si et quand la nouvelle règle entrera en vigueur, elle s’appliquera aux grands supermarchés et hypermarchés d’une surface de vente de 400 mètres carrés ou plus.

Les petits supermarchés, les magasins d’alimentation générale et les dépanneurs ne seront pas concernés.

Ces exigences ne s'appliqueront pas non plus aux aliments vendus en vrac ou en paquets de tailles variables.

Le non-respect de cette mesure entraînera des amendes pouvant aller jusqu'à 3 000 euros pour les particuliers et 15 000 euros pour les entreprises.

Sauf objection de la Commission européenne au projet de décret, celui-ci pourrait entrer en vigueur d’ici avril 2024.

La France prévoit également de faire pression en faveur de mesures européennes pour lutter contre la contraction et l'inflation dans le cadre d'une révision des règles européennes de protection des consommateurs en 2026.

Paris espère garantir que “les fabricants pourront être tenus responsables des obligations d'étiquetage, ce qui n'est actuellement pas possible dans le cadre de la réglementation actuelle”, a indiqué le cabinet du ministre du Commerce.

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