La police de Hong Kong a annoncé mardi une nouvelle série de mandats d’arrêt contre six militants basés à l’étranger – dont deux citoyens canadiens – avec des primes fixées à 185 000 $ pour toute information menant à leur arrestation.
Selon les mandats d’arrêt, les six personnes sont recherchées pour des infractions à la sécurité nationale telles que sécession, subversion et collusion avec des forces étrangères. Parmi eux figurent Tony Chung, l’ancien chef du groupe indépendantiste Studentlocalism, aujourd’hui disparu.
Carmen Lau, basée au Royaume-Uni, ancienne conseillère de district et actuelle militante du Conseil démocratique de Hong Kong, ainsi que Chloe Cheung, militante du Comité pour la liberté de Hong Kong, ont également fait l’objet de mandats d’arrêt contre elles.
La dernière série de mandats d’arrêt indique que le gouvernement de Hong Kong cible les critiques virulents basés à l’étranger.
Le gouvernement avait déjà émis deux séries de mandats d’arrêt et de primes contre des militants plus éminents, notamment les anciens législateurs Ted Hui et Nathan Law.
Le nombre croissant de personnes recherchées à l’étranger intervient alors que Hong Kong continue de réprimer la dissidence politique à la suite des manifestations antigouvernementales massives de 2019 qui ont donné lieu à une vague de mouvements pro-démocratie. De nombreux militants pro-démocratie ont depuis été emprisonnés, tandis que d’autres ont fui à l’étranger.
Les militants réagissent aux primes placées sur leur tête
Chung, l’ancien leader du Studentlocalism, a déclaré dans un article publié sur Instagram qu’il était « honoré » d’être le premier Hongkongais à être accusé d’avoir violé à deux reprises la loi sur la sécurité nationale.
“En tant que fervent nationaliste de Hong Kong, l’avis de recherche d’aujourd’hui est sans aucun doute pour moi une sorte d’affirmation. À l’avenir, je continuerai à promouvoir sans relâche et sans crainte l’autodétermination de Hong Kong”, a-t-il écrit.
Par ailleurs, Cheung, qui est basé au Royaume-Uni, a déclaré dans une publication sur Instagram que “même face à un ennemi puissant, je continuerai à faire ce que je crois être juste”.
« À quel point un régime doit-il être fragile, incompétent et lâche pour croire que moi, un Hongkongais ordinaire de 19 ans, je peux « mettre en danger » et « diviser » le pays ? une prime d’un million de dollars sur moi ? » elle a demandé.
L’article 23, une loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong, est entré en vigueur. Beaucoup craignent que la répression de la dissidence n’érode davantage les libertés civiles.
Lau a publié sur X un appel aux gouvernements, y compris ceux du Royaume-Uni, des États-Unis et des pays de l’UE, à « imposer sans plus attendre des sanctions aux auteurs de violations des droits humains à Hong Kong » et a exhorté les démocraties à soutenir le droit de Hong Kong à l’autodétermination.
« La dernière série de mandats d’arrêt et de primes émise par le gouvernement de Hong Kong contre six militants de Hong Kong est un lâche acte d’intimidation visant à faire taire la population de Hong Kong », a déclaré Maya Wang, directrice adjointe de la Chine à Human Rights Watch.
“Les six personnes, dont deux citoyens canadiens, vivent au Royaume-Uni et au Canada. Nous appelons les gouvernements britannique et canadien à agir immédiatement pour repousser les tentatives du gouvernement de Hong Kong de menacer les Hongkongais vivant dans leur pays.”
Les mandats d’arrêt émis mardi portent le nombre total de personnes recherchées à 19.
Les autres sur la liste mardi sont : Chung Kim-wah, ancien membre senior de l’organisme de sondage indépendant Hong Kong Public Opinion Research Institute ; Joseph Tay, co-fondateur de l’ONG canadienne HongKonger Station ; et le YouTubeur Victor Ho.
Par ailleurs, mardi, le gouvernement de Hong Kong a émis des ordonnances pour l’annulation des passeports appartenant à sept « fugitifs », dont les ex-législateurs Hui et Dennis Kwok, recherchés en vertu de la loi sur la sécurité.
Les ordonnances ont été rendues en vertu de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong – connue sous le nom d’article 23 – et interdisent également aux sept personnes de gérer des fonds à Hong Kong ainsi que des activités liées aux coentreprises et à la propriété.