L’ancien Premier ministre ivoirien Soro se dit prêt à « mettre fin à son exil »


L’ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire, condamné à la prison à vie pour atteinte à la sécurité nationale, a déclaré lundi qu’il se trouvait à Niamey depuis samedi et qu’il avait rencontré le putschiste nigérien Tiani. Le dimanche. Il a également annoncé qu’il mettait fin à son exil volontaire, entamé en 2019.

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“J’ai eu l’honneur d’une audience avec le président de la transition nigérienne, le général Abdourahamane Tiani”, a déclaré Soro sur X, anciennement Twitter, précisant avoir rencontré d’autres hauts responsables lors d’un échange de 90 minutes.


Dimanche, Guillaume Soro avait annoncé par le même biais qu’il souhaitait mettre fin à son exil loin de chez lui.

“J’annonce ici et maintenant que je mets fin à mon exil car il m’est difficile de vivre loin de ma terre ancestrale et natale d’Afrique”, a déclaré Soro dans un discours enregistré dans une vidéo et publié sur les réseaux sociaux.

“Je refuse d’être un fugitif. Je ne suis coupable d’aucun crime”, a-t-il ajouté, disant vouloir “contribuer à la réconciliation” de la population du pays, sans préciser de date de retour.

Guillaume Soro était auparavant le bras droit du président Alassane Ouattara, mais les deux hommes se sont brouillés en 2019, le chef de l’Etat l’accusant de fomenter une « insurrection civile et militaire ».

“Soro n’a aucune garantie qu’il puisse revenir en Côte d’Ivoire”, a déclaré à RFI Rinaldo Depagne, directeur du projet Afrique de l’Ouest à l’International Crisis Group. “Il essaie probablement de faire pression sur Ouattara, mais cela ressemble à un geste désespéré de la part d’un homme qui en a vraiment marre d’être en fuite.”

Les autorités ivoiriennes n’ont pas réagi.

“Il était jusqu’ici très discret”, a ajouté l’analyste politique ivoirien Jean Alabro, basé à Abidjan.

“Ces déclarations sont inattendues, mais je parie qu’il ne cherche pas le pardon, car il sait qu’il est très peu probable qu’Ouattara le lui accorde, mais il voudra peut-être négocier avec lui.”

Soro en exil

Soro était à la tête d’une insurrection qui contrôlait la moitié nord de la Côte d’Ivoire au début des années 2000.

Il a fourni un soutien militaire crucial à Ouattara dans sa lutte contre le président de l’époque, Laurent Gbagbo, qui a été évincé en 2011 après un conflit post-électoral brutal.

Soro est ensuite devenu le premier Premier ministre de Ouattara et a été nommé en 2012 président de l’Assemblée nationale.

Après ses disputes avec le président et ses accusations de fomentation d’insurrection, il a été, dans une autre affaire, également condamné en avril 2020 à 20 ans de prison pour détournement de fonds publics.

Soro s’est ensuite exilé et un tribunal ivoirien l’a condamné par contumace à la réclusion à perpétuité en 2021.

Il a passé la majeure partie de son exil en France, en Belgique et à Dubaï.

“Il reste l’ennemi éternel de Ouattara”, expliquent les experts.

Risque d’arrestation

Dans sa première vidéo, Soro a également déclaré qu’une tentative d’arrestation contre lui avait eu lieu à l’aéroport d’Istanbul le 3 novembre, dans le but de l’extrader vers la Côte d’Ivoire, ajoutant qu’il avait fait l’objet de nombreuses tentatives d’enlèvement au fil des ans.

Il accuse le président Ouattara de vouloir le retrouver où qu’il se trouve.

“La dernière tentative d’arrestation effectuée à Istanbul démontre, s’il le fallait, que le seul lieu de repos paisible que me réserve M. Ouattara est bien le cimetière”, a déclaré l’ancien Premier ministre.

S’il rentre chez lui, il risque d’être arrêté.

En mai dernier, Soro avait annoncé depuis son exil son intention de se présenter en Côte d’Ivoire pour l’élection présidentielle de 2025.

“Je veux pouvoir contribuer à la réconciliation des fils et filles de mon pays et apporter ma contribution à la construction de la paix entre les peuples d’Afrique”, a-t-il assuré.

Mais les experts estiment qu’il n’a aucune chance de réintégrer la politique ivoirienne.

“Il n’a ni parti politique, ni soutien”, a déclaré Alabro à RFI.

Son appel désespéré pourrait montrer qu’il est confronté à la maladie et qu’il espère seulement rentrer chez lui pour mettre fin à une longue et douloureuse vie de fuite.

La dernière élection présidentielle, en 2020, était censée « être l’occasion de mettre fin à une crise de longue date et de transmettre le pouvoir à une nouvelle génération », selon les analystes de Crisis group, mais elle n’a abouti qu’à « une nouvelle impasse », alors que le La région connaît des « crises déstabilisatrices ».



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