Le dialecte alsacien enseigné pour la première fois dans les écoles publiques françaises


L’alsacien, le dialecte allemand largement parlé dans la région frontalière française de l’Alsace, est enseigné pour la première fois dans les écoles publiques françaises. La France et l’Allemagne ont mené plusieurs batailles acharnées pour cette région qui possède un patrimoine culturel unique.

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Dans le cadre de la loi dite Molac votée en avril 2021, les élèves de quatre écoles publiques suivent un enseignement aux trois quarts du temps en alsacien ou en allemand, le reste en français.

L’académie de Strasbourg, dans l’est de la France, a lancé l’expérimentation – baptisée « cours Tomi Ungerer », du nom de l’auteur et illustrateur alsacien – à la rentrée scolaire de septembre.

“Bien sûr, nous avons souligné l’importance et l’avancée de cette initiative, tout en regrettant que l’immersion n’ait pas été complète”, a déclaré à RFI Pierre Klein, président de la Fédération bilingue d’Alsace.

L’alsacien est déjà enseigné dans une douzaine d’écoles privées gérées par le réseau ABCM-Zweisprachigkeit. Parmi eux, plusieurs adoptent une approche en immersion totale, sans aucun français parlé en classe.

“L’immersion présente plusieurs avantages : elle donne à la langue seconde une importance symbolique par rapport à la langue première”, explique Klein. “Le deuxième avantage est qu’en apprenant une langue seconde, les enfants renforcent leur langue maternelle.”

Le problème de l’immersion totale est cependant de trouver des personnes capables de l’enseigner.

Les responsables de l’éducation locale ont déjà du mal à recruter des enseignants pour les classes bilingues français-allemand, dans lesquelles est scolarisé un enfant sur cinq dans la région de Strasbourg.

Allemands et alsaciens après la Seconde Guerre mondiale

L’allemand a été enseigné en Alsace du Moyen Âge jusqu’en 1945. L’Alsace a été séparée de la France entre 1870 et 1918 et pendant cette période, le dialecte était largement parlé.

L’ancien professeur Pierre Klein, né après la Seconde Guerre mondiale, fait partie de la première génération d’Alsaciens à qui l’on n’a plus appris l’allemand à l’école.

“L’Alsace a été annexée au régime nazi (en 1940) et cela a créé un traumatisme pour la population ainsi qu’une certaine germanophobie et un rejet de la part allemande dans l’identité alsacienne”, explique Klein.

La loi Collectivité européenne d’Alsace de 2019 définit la langue régionale d’Alsace comme « la langue allemande dans sa forme standard et ses variantes dialectales ».

Si aujourd’hui l’alsacien perd du terrain, notamment chez les jeunes, on compte encore entre 400 000 et 700 000 locuteurs dans la région.

Aussi, le dialecte du nord de l’Alsace n’est pas exactement le même que celui parlé à 150 kilomètres au sud, à Altkirch par exemple.

Bilinguisme, diversité linguistique

Pour Klein, le bilinguisme est un avantage qui n’enlève rien à la langue française.

“Le français fait partie de notre intimité. Il n’est pas question de remettre cela en question”, dit-il.

Les pays européens comme l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche n’ont aucun problème à reconnaître et à pratiquer la diversité linguistique, ajoute Klein.

“La France a du mal à reconnaître sa propre diversité. C’est une chose très ancienne, elle est liée à la manière dont la France a été construite.”

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