Le ministre français de l’Intérieur envisage de réduire le financement des soins de santé pour les immigrés


Le nouveau ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé vouloir réduire le financement des soins de santé pour les immigrés illégaux et les étrangers en « situation irrégulière » en France.

Le ministre, qui est issu de la droite Les Républicains a été nommé par le Premier ministre Michel Barnier en début de semaine. Il dit vouloir secouer le parti actuel aide médicale d’État (AME), qui fournit des soins de santé aux immigrants.

« Nous sommes l’un des pays européens qui offre le plus de prestations sociales, et je ne souhaite pas que la France se démarque, qu’elle soit le pays le plus attractif d’Europe pour un certain nombre de prestations sociales et d’accès aux soins », a déclaré le ministre dans un entretien à TF1.

Ses projets prévoient de remplacer l’AME par un fonds d’urgence pour les étrangers – qui couvrirait uniquement les frais de santé en situation d’urgence pour les immigrés illégaux et sans papiers en France – avec un budget considérablement réduit.

L’AME est un sujet politiquement controversé, et sa réduction ou sa suppression a été fréquemment discutée, y compris dans les récents débats sur le projet de loi sur l’immigration de 2024.

Ce changement ne peut pas être mis en œuvre par un décret gouvernemental, mais doit être réalisé par une refonte de la législation sur la santé (ou par un projet de loi gouvernemental). Il faudrait qu’il soit adopté par un vote des deux chambres politiques.

Lors des débats sur le projet de loi sur l’immigration de 2024, M. Retailleau (alors chef des forces de droite au Sénat) a demandé que l’AME soit abolie et remplacée par un fonds de soins d’urgence.

Ses projets ont suscité des critiques, y compris de la part de membres de son propre parti.

Il s’agit de l’une des nombreuses mesures proposées par le nouveau ministre, qui est considéré comme un homme politique résolument conservateur qui se situe à « l’extrême droite » sur de nombreuses questions politiques.

M. Retailleau a déjà voté contre le mariage homosexuel et contre l’inscription de l’avortement dans la Constitution française.

Il a critiqué les gouvernements précédents pour leur attitude perçue comme laxiste à l’égard de l’immigration, dont il veut faire une pierre angulaire de son mandat.

Qu’est-ce que le aide médicale d’État?

L’AME est un fonds qui fournit des soins de santé gratuits aux immigrés « irréguliers » en France, présents depuis au moins trois mois et n’ayant ni visa ni titre de séjour, ni assurance maladie.

Ce dispositif peut être utilisé par les immigrants illégaux, mais également par les travailleurs et les résidents qui ne disposent pas des papiers nécessaires. Il est réservé aux ménages disposant d’un faible revenu annuel.

Les enfants peuvent accéder aux fonds sans avoir résidé en France pendant trois mois.

Elle couvre 100 % des frais médicaux et hospitaliers, dans la limite des plafonds pris en charge par la Sécurité sociale française, et les bénéficiaires n’avancent pas les soins.

Vous pouvez en savoir plus sur le site du gouvernement ici, en français et en anglais.

L’AME a été créée en 2000 par le Premier ministre socialiste Lionel Jospin, mais elle est régulièrement critiquée par la droite et l’extrême droite, qui y voient une dépense inutile et un catalyseur de l’immigration en France.

En 2023, l’État a dépensé 1,1 milliard d’euros pour les soins de santé dispensés via l’AME, soit environ 0,5 % des dépenses totales de santé en France.

En savoir plus : Comment fonctionnent les tarifs hospitaliers en France ?

« Pas un contributeur à l’immigration »

L’argument des politiciens de droite – selon lequel l’AME est la cause de l’immigration – a été constamment remis en question ces dernières années.

UN rapport bipartisan sur les coûts médicaux de l’État publié en 2023 a conclu que « l’AME ne semble pas être un facteur attrayant pour les immigrants potentiels ».

De plus, un étude du CNRS (Réseau de recherche français) affirme que moins de 10 % des immigrés qui viennent en France le font pour des raisons de santé.

Moins de la moitié des personnes éligibles à l’AME l’utilisent réellement, affirment les médias français Le Parisien en 2023.

La droite affirme cependant que remplacer l’aide par un fonds d’urgence permettrait non seulement d’économiser de l’argent à l’État, mais aussi de réduire le nombre d’immigrants qui restent dans le pays sans les papiers nécessaires.

Lire la suite : L’extrême droite publie des détails sur la manière dont elle donnerait la priorité aux ressortissants français pour l’emploi

Le projet fait face à des critiques

Dans sa première interview télévisée depuis l’annonce de son cabinet ce week-end, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a déclaré qu’il ne devait y avoir aucun « tabou » pour le nouveau gouvernement en matière d’immigration des finances publiques.

Lire aussi : Immigration et santé mentale : le nouveau Premier ministre français expose ses priorités

Le projet de M. Retailleau a toutefois déjà fait l’objet de réactions négatives.

«Remettre en cause l’AME serait complètement stupide non seulement pour la santé publique, mais aussi pour les finances de l’Assurance maladie», a déclaré l’ancien ministre de la Santé François Braun, en poste entre 2022 et 2023.

Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé sous le président Emmanuel Macron, a également critiqué le projet.

« Soyons cliniques : l’AME n’est pas un facteur d’immigration. C’est une conclusion bien documentée », a-t-il déclaré sur la plateforme de médias sociaux X (anciennement Twitter).

« Et pourtant, le Gouvernement préfère évoquer d’emblée sa suppression pour satisfaire l’extrême droite.

Un jeton, un scalp, un totem… sans avoir la force ni le courage de dire la vérité.

Les membres du groupe centriste du président au Parlement – ​​qui devraient voter en accord avec le nouveau gouvernement – ​​ont également critiqué le plan.

« Je ne pense pas que (le ministre) ait bien lu le rapport de M. Stefani (ndlr, l’étude bipartite de 2023 en lien ci-dessus)… qui dit clairement que l’AME n’est pas une question d’attraction des immigrants… mais plutôt un enjeu de santé publique », a déclaré Agnès Firmin Le Bodo, membre du parti Horizons et brièvement ministre de la Santé en 2023-2024.



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