Un tribunal de Paris a annulé un arrêté de police interdisant aux associations caritatives de distribuer des repas aux migrants et aux sans-abri dans le nord de la capitale française. Le préfet de police a fait valoir que ces distributions attirent des sans-abri dans la région, menaçant l’ordre public, mais les associations affirment que l’interdiction de l’aide alimentaire ne résout pas le problème à la racine.
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Mardi, le tribunal administratif de Paris a donné raison à plusieurs associations qui avaient demandé l’annulation de l’arrêté du 10 octobre du préfet de police de Paris interdisant pendant un mois la distribution alimentaire dans le nord de Paris.
“De toute façon, les gens sont là, alors soyons réalistes et faisons en sorte de les connaître”, a déclaré à RFI Samuel Coppens, porte-parole de l’Armée du Salut.
« Pour nous, associations humanitaires, une personne qui a faim est une personne qui a faim, donc nous devons et nous continuerons à servir ces personnes. »
Dimanche, plusieurs associations ont servi plus de 300 repas sous les voies de la ligne de métro surélevée qui longe la zone où la police avait interdit la distribution de repas en plein air.
Ils bafouaient cette interdiction qui, selon eux, affecte injustement les personnes vivant dans des situations précaires.
L’arrêté, signé par le préfet Laurent Nunez, indique que les distributions de nourriture en plein air attirent trop de migrants et autres sans-abri dans la région.
En raison de leur «caractère récurrent», la distribution de repas augmente la population dans le besoin et «encourage également la création de camps pour migrants, toxicomanes et sans-abri».
L’ordonnance précise que “les risques de débordement de personnes dans les rues, d’ordures, de bagarres et la présence de toxicomanes génèrent des troubles à l’ordre public et des plaintes de la part des habitants des quartiers”.
« Politique de harcèlement »
Les associations, qui nourrissent environ 500 personnes chaque jour, affirment aider une situation déjà difficile dans un quartier qui attire des centaines de demandeurs d’asile venus d’Afghanistan, du Soudan et d’Érythrée qui attendent leurs papiers.
“Malgré les interventions répétées de la préfecture de police, qui se sont intensifiées à l’approche des Jeux olympiques (en 2024), la zone reste attractive”, affirment 23 associations dans une lettre ouverte publiée mardi.
Interdire les distributions de repas priverait non seulement les gens de nourriture indispensable, ont-ils soutenu, mais aussi de compagnie et de soutien pour ce qui peut être une existence très solitaire dans la rue.
“Avant de faire obstacle à cette solidarité, aucun échange n’a été proposé par la préfecture de police avec les associations qui travaillent dans le secteur, démontrant l’absence de volonté de trouver des solutions viables, à long terme, qui protègent ces personnes”, indique la lettre.
“Cette ordonnance s’inscrit dans une politique globale de harcèlement, appelée ‘point zéro d’attache'”, ont-ils déclaré, faisant référence à une politique mise en place en 2016 pour vider le camp de réfugiés de Calais, dans le nord de la France.
« Cela consiste à ne laisser aucun répit aux gens dans les rues, à démanteler systématiquement tous les rassemblements et à entraver toute aide humanitaire. »