Les Hospices Civils de Lyon ont guéri plusieurs patients en produisant un médicament dont la fabrication avait cessé en 2019 au niveau mondial, en raison notamment de son coût très élevé, rapporte l’AFP.
Tout a commencé en automne 2020, quand un adolescent immunodéprimé s’est mis à souffrir de diarrhées sévères après une greffe du foie. Une biologiste des HCL avait alors mis en évidence la présence d’un champignon de la famille des microsporidies, potentiellement mortel dans un tel cas.
Le seul remède était la fumagilline, un antiparasitaire utilisé depuis les années 1950. Or, à la pharmacie centrale des hôpitaux lyonnais, les stocks étaient épuisés, la production de ce médicament ayant cessé.
La matière active trouvée en Hongrie
Toxique et instable, cette molécule nécessite des mesures de protection importantes en laboratoire et une conservation à une température de – 80 °C. Fripharm, plateforme de fabrication, de recherche et d’innovation pharmaceutique des HCL, en cherche auprès de ses fournisseurs chinois, indiens et européens. Et finit par trouver, en Hongrie, 300 grammes de matière active servant à produire le médicament.
La matière est acheminée à Lyon, où les pharmaciens hospitaliers en tirent une suspension buvable pour le garçon, qui guérit en quinze jours en août 2021. Depuis, 26 autres patients – de Lyon, Paris, Grenoble, Clermont-Ferrand, Rennes, Nantes et Bordeaux – ont pu être soignés ainsi.
Une aide publique ou privée appelée pour remédier à la pénurie
La pénurie de fumagilline est mondiale, souligne auprès de l’AFP le professeur Fabrice Pirot, coordonnateur des HCL. L’équipe s’est donc mise en quête d’une start-up pour pérenniser la production du médicament. Plusieurs candidats se sont manifestés en France pour fabriquer un lot pilote mais le coût de lancement – environ un million d’euros – nécessite une aide extérieure, publique ou privée.
« Sans ce remède, les patients immunodéprimés, dont l’ensemble des patients greffés, victimes de microsporidies, n’ont presque aucune chance de s’en sortir, précise le Dr Meja Rabodonirina, biologiste consultée sur le cas de l’adolescent. Il est impensable de ne pas sauver des patients alors que nous savons comment faire. »