Les législateurs français commencent à débattre d’un projet de loi controversé sur l’immigration


La chambre haute du Sénat français a commencé à débattre d’un projet de loi controversé sur l’immigration qui, selon le gouvernement, renforcera la sécurité des migrants légaux. Mais les opposants y voient une nouvelle preuve d’un virage à droite du président Emmanuel Macron.

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La gauche rejette la proposition du projet de loi visant à expulser davantage de personnes et à durcir les conditions des migrants irréguliers, tandis que les conservateurs sont irrités par les dispositions visant à régulariser la situation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en pénurie de main d’œuvre.

C’est l’aile droite qui constitue le plus grand obstacle à l’adoption de la législation par le président Macron et son gouvernement centriste minoritaire.

Les voix des députés conservateurs seront nécessaires pour faire passer le projet de loi à la chambre basse du parlement, l’Assemblée nationale, tandis que la droite dispose d’une majorité à la chambre haute, le Sénat.

“Ce texte est une question de fermeté”, a déclaré dimanche le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, en s’appuyant sur un langage destiné à plaire au parti conservateur Les Républicains.

Le qualifiant d'”essentiel” pour réprimer les “délinquants étrangers”, il s’est engagé à “trouver un moyen de faire adopter (le projet de loi) au Parlement”.


Mais plusieurs tentatives visant à rallier les Républicains au cours de l’année écoulée ont échoué et rien n’indique que cette fois-ci ce sera différent.

“Nous ne pouvons pas avoir un projet de loi qui vise à la fois à expulser davantage de personnes et à régulariser davantage de personnes”, a déclaré à l’AFP Bruno Retailleau, le chef des conservateurs du Sénat.

Il a déclaré que tout assouplissement de la législation sur l’immigration serait un “signe de faiblesse”.

Le président Macron a proposé dimanche d’élargir les règles constitutionnelles régissant le type de questions sociales comme l’immigration qui peuvent être soumises à référendum.

L’os jeté vers la droite n’a jusqu’à présent eu que peu d’effet visible sur le discours autour du projet de loi sur l’immigration.

Le projet de loi a été reporté à plusieurs reprises et devrait arriver à l’Assemblée nationale en janvier.

Supprimer et intégrer

Comme ailleurs en Europe, la droite affirme que le système d’asile français attire principalement des personnes à la recherche de meilleures conditions économiques.

Le nombre de personnes demandant l’asile a atteint plus de 137 000 l’année dernière, en hausse de 31,3 % sur un an et juste en dessous du record de 2019.

Les expulsions se sont également intensifiées, pour atteindre près de 15 400 l’année dernière, soit 15 % de plus qu’en 2021.

Mais la Première ministre Elisabeth Borne a rejeté lundi les affirmations selon lesquelles la régularisation des travailleurs sans papiers créerait un « effet d’attraction » et augmenterait la migration.


Les régularisations bénéficieraient “aux personnes qui sont sur notre territoire depuis des années, qui sont bien intégrées, qui travaillent depuis des années”, a-t-elle déclaré à France Inter.

Le projet de loi vise “à éliminer plus rapidement ceux qui ne devraient pas être ici et en même temps à mieux intégrer ceux qui devraient rester”, a déclaré Borne.

Elle a néanmoins révélé des divisions persistantes au sein du gouvernement lorsqu’elle s’est opposée à la suppression de l’aide médicale d’État aux sans-papiers, qualifiant cela de “question de santé publique”.

Compromis

Le ministre de l’Intérieur Darmanin a déclaré qu’il envisageait de “supprimer” l’aide, en la remplaçant uniquement par une couverture pour les urgences – qualifiant cela de pas vers “un bon compromis” avec les Républicains.

De tels discours, ainsi que des projets de quotas de migration annuels fixés par le Parlement et de restrictions permettant aux personnes de rejoindre leurs familles déjà en France, ont suscité l’opposition des groupes humanitaires et des politiciens de gauche.

Une manifestation était prévue lundi devant le bâtiment du Sénat, dans le quartier touristique de la rive gauche de Paris.

Lundi, l’ONG Human Rights Watch a publié un rapport sur le projet de loi, affirmant qu’il “menace de limiter les droits des demandeurs d’asile et des migrants”.

« Les autorités françaises tentent une fois de plus de proposer un ensemble de mesures d’immigration profondément erronées », a déclaré Eva Cossé, chercheuse principale sur l’Europe à Human Rights Watch. « Diviser les familles et édulcorer les droits des demandeurs d’asile n’est pas la réponse aux préoccupations sécuritaires du pays. “.


« Travail bâclé »

Le débat autour de l’immigration a été attisé en France cet été par les arrivées massives en Italie et la visite du pape François à Marseille, ville portuaire du sud de la France, où il a exhorté la population à accueillir les migrants.

L’assassinat le mois dernier d’un enseignant par un migrant russe apparemment djihadiste a encore accru la pression.

Le gouvernement estime que l’opinion publique est de son côté, avec 87 pour cent favorables à une modification des règles d’immigration, selon un sondage Opinionway du quotidien Le Parisien.

Selon l’enquête, de larges majorités se sont également prononcées en faveur de certaines mesures du projet de loi.

Pendant ce temps, le Rassemblement national (RN), anciennement Front national, de Marine Le Pen voit une opportunité dans son thème favori dominant le débat politique à l’approche des élections européennes de l’année prochaine et dans la longue marche vers l’élection présidentielle de 2027, lorsque Macron ne peut pas se présenter à nouveau en raison de la limite du mandat.

La loi sur l’immigration est “un travail bâclé”, a déclaré dimanche sur RTL le vice-président du RN, Sébastien Chenu, tout en affirmant que les 80 députés du parti pourraient voter pour elle dans l’espoir de “petits résultats”.

(avec AFP)



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