Les procureurs demandent une peine de prison pour le trio accusé


Le parquet a requis des peines de prison contre trois femmes accusées d’avoir abusé de Cléophée Herrmann, l’héritière de l’empire Schlumpf. Sa fortune a disparu, ce qui l’a obligée à accepter un emploi de serveuse.

Les peines de prison ont été demandées à Colmar (Haut-Rhin, Grand Est) le 27 juin par le procureur de la République Éric Haeffele, contre une mère et ses deux filles majeures.

La principale accusée est Josiane S., âgée de 68 ans. Elle est accusée d’« abus de faiblesse » sur l’héritière de 34 ans, avec utilisation d’une « méthode connue » pour exploiter les vulnérabilités de l’héritière, a indiqué le magistrat.

Cela inclut « l’isolement » de Cléophée après le décès de sa mère en 2001 alors qu’elle n’avait que 11 ans.

Un renversement de fortune dans la famille

L’empire Schlumpf a été fondé par deux frères, Hans et Fritz (ce dernier était le grand-père de Cléophée), originaires de Suisse.

Les frères ont fait fortune dans l’industrie textile dans l’est de la France, avant de constituer une remarquable collection d’automobiles, aujourd’hui conservée au Musée national de l’automobile, collection Schlumpf, à Mulhouse.

Arlette, qui était la veuve de Fritz, décède en 2008, faisant de Cléophée l’unique héritière de la fortune Schlumpf, qui s’élève à 11 millions d’euros.

L’argent provenait d’un paiement ordonné par le tribunal en 1999 du produit de la vente de la collection de véhicules des frères à la National Automobile Museum Association (NAMAoM) en 1981.

En plus du chagrin causé par la perte de sa grand-mère et de sa mère, Cléophée souffrait également de dépression et d’anorexie, a appris le tribunal.

« C’est dans ce contexte » qu’il est reproché à Mme S. d’avoir « profité du ‘vide affectif’ de Cléophée… pour s’imposer comme mère porteuse », et mener un « train de vie fastueux » en utilisant la fortune, dans le but de « capter l’héritage » de la jeune femme, a précisé le procureur.

Le procureur a également ordonné la confiscation de tous les biens de Mme S. saisis au cours de l’enquête.

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Les filles risquent également la prison

Le procureur a également requis 18 mois de prison pour les filles de Josiane, Mathilde H., 33 ans, et Julia H., 40 ans, également accusées de recel et d’abus de faiblesse de Cléophée.

Le magistrat a rejeté leur défense selon laquelle ils ne savaient rien des projets de leur mère ni de l’état émotionnel de Cléophée.

L’avocat de Mathilde, Hervé Begeot, a contesté ces allégations, précisant par ailleurs que l’héritage était censé s’élever à 11 millions d’euros, mais que Josiane n’avait dépensé que 5 millions d’euros depuis le décès d’Arlette.

Le reste de l’argent, a-t-il affirmé, aurait pu être dépensé par le défunt père de Cléophée, « peut-être avec d’autres personnes ».

Le père de Cléophée, Patrick Hermann, était séparé de sa fille et est décédé en 2021.

« L’argent est toujours donné gratuitement »

Pour sa défense, Josiane a déclaré qu’elle n’avait pas été au courant de la faiblesse émotionnelle de Cléophée et a contesté le fait qu’elle ait été « une mère porteuse » pour la jeune fille. Elle a affirmé qu’elle avait en fait été « plus amicale » avec le père de Cléophée avant son décès.

Josiane a réfuté les accusations selon lesquelles elle aurait « volé » ou « abusé » de la famille. Elle a par exemple déclaré que la rénovation de son appartement à Colmar, qui a coûté plusieurs centaines de milliers d’euros, avait été payée par M. Hermann en guise de cadeau.

Il s’agit d’un veuf “heureux d’avoir une nouvelle famille”, dit-elle, rétorquant que “ce n’est pas elle qui a fait le chèque” pour la cuisine de 120 000 €.

Josiane a déclaré que Cléophée avait toujours « donné de l’argent librement » et a affirmé qu’elle n’avait « jamais remarqué qu’elle avait des problèmes de santé ou psychologiques ».

« Elle était très bien dans sa peau, sauf quand elle avait des problèmes avec ses amants », affirme Josiane. « Ensuite, elle m’appelait tous les jours. C’était plus comme si elle dominait ses amies (plutôt que d’être une victime). »

Cléophée et certains de ses amis présents au tribunal semblent contester cette affirmation.

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Josiane « toujours manipulatrice »

La fille aînée de Josiane, Julia – qui a également été accusée devant le tribunal – a déclaré que sa mère était “toujours manipulatrice” et l’avait été particulièrement lors du divorce de leurs parents, lorsque les filles étaient “traitées comme des objets”, a-t-elle déclaré.

Josiane réfute : “Ma fille Julia a profité de ce luxe, mais maintenant elle le fait et maintenant elle me frappe.”

Cela a poussé sa fille cadette, Mathilde, à quitter la salle d’audience en pleurs.

Josiane a également répondu aux questions sur ses déplacements en taxi vers les boutiques de luxe de Strasbourg.

Elle a expliqué que ceux-ci avaient été payés par le système de santé public, car elle avait des difficultés à se déplacer (elle s’est présentée au tribunal avec des béquilles). Elle a déclaré qu’elle avait simplement payé les frais de « supplément » pour les déplacements en mobilité.

« Être ici est une revanche pour moi »

Cléophée elle-même a pris la parole devant le tribunal.

Elle est aujourd’hui serveuse, gagne « entre 1 200 et 1 300 euros par mois » et dit se battre pour son jeune enfant, un garçon.

Elle a déclaré : « Justice sera rendue… Le pire est derrière moi (être ici), c’est la vengeance pour moi. Je me suis reconstruit, j’ai connu des hauts et des bas, j’ai compris la vraie vie.

Le procès continue.

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