Alors que les violents combats au Darfour poussent une fois de plus des milliers de Soudanais à fuir leurs foyers, il faut faire davantage pour alléger les souffrances des millions de personnes déjà déplacées, a déclaré à l’AFP un responsable de l’ONU.
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“Six mois et six millions de personnes contraintes de se déplacer, cela fait en moyenne un million par mois, c’est une souffrance horrible”, a déclaré Mamadou Dian Baldé, haut responsable régional de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
La guerre entre les troupes fidèles au chef de l’armée soudanaise Abdel Fattah al-Burhan et les Forces de soutien rapide (RSF) du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 9 000 morts depuis avril, selon un rapport de l’ONU.
Sur les près de six millions de personnes qui ont fui, 1,2 million ont quitté le pays, “des gens très fiers qui se retrouvent à mendier” et dont la vie a été “totalement perturbée”, a déclaré le responsable de l’ONU.
Il a averti que, même si l’attention du monde s’est tournée vers la guerre à Gaza, le nombre de personnes fuyant leurs foyers au Soudan a recommencé à augmenter, à mesure que les forces de RSF avancent vers Nyala, la deuxième ville du pays, au cœur du Darfour.
Une autre responsable de l’ONU dans la région, Dominique Hyde, a déclaré jeudi sur les réseaux sociaux avoir été témoin de « scènes dramatiques » à la frontière avec le Soudan.
“10 000 personnes en quête de sécurité sont arrivées ces trois derniers jours”, a-t-elle indiqué.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’est quant à lui dit “profondément troublé” par l’information faisant état d’une “attaque imminente à grande échelle” menée par les forces paramilitaires soudanaises à El-Facher, la capitale du Darfour Nord.
De plus en plus de personnes du Darfour sont repoussées vers le sud, d’abord vers le Tchad ces dernières semaines et maintenant vers le Soudan du Sud.
Nouveaux camps
Mamadou Dian Baldé a déclaré que la priorité était la cessation des hostilités, soulignant que les négociations en cours à Djeddah, en Arabie Saoudite, devaient “réussir à mettre un terme aux combats”.
Les pourparlers entre les belligérants ont repris fin octobre. Les tentatives de médiation précédentes n’avaient abouti qu’à de brèves trêves, systématiquement violées.
En attendant, “nous devons alléger les souffrances (des réfugiés) en fournissant des ressources à ces personnes dont le nombre ne fait qu’augmenter”, a-t-il déclaré.
Le plan de réponse humanitaire de l’ONU en août prévoyait un financement d’environ 1 milliard de dollars, prévoyant un nombre de 1,8 million de réfugiés d’ici fin 2023.
Ce plan n’a reçu que 38 pour cent du financement requis, alors que “les besoins augmentent”, a déclaré le responsable de l’ONU, soulignant que la plupart des réfugiés se dirigeaient vers les régions les plus pauvres du Soudan du Sud et du sud du Tchad, où les communautés locales ne peuvent pas les absorber.
Cela signifie que l’ONU devra construire de nouveaux camps.
“C’est la dernière chose que nous voulons faire”, a déclaré le responsable onusien, mais “nous devons créer de nouveaux camps, car les populations sont à la frontière” et dans des “conditions extrêmement misérables”.
Il a également appelé à aider les communautés locales. “Nous voulons le développement. Nous devons investir dans ces endroits car si nous apportons uniquement un soutien aux réfugiés, cela créera des tensions et les tensions peuvent se traduire par de la violence.”
(AFP)