Macron se rend en Ouzbékistan pour étendre la présence de l’UE en Asie centrale


Le président français Emmanuel Macron s’est rendu jeudi en Ouzbékistan après un voyage au Kazakhstan – dans le cadre d’une tournée de deux jours visant à renforcer l’empreinte de la France en Asie centrale, à sécuriser les matières premières et à contrer l’influence croissante de la Chine dans la région.

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Macron était en Ouzbékistan, le premier voyage dans le pays d’un président français depuis près de 30 ans, pour promouvoir le profil économique et culturel de la France.

Il a profité de ce voyage pour apporter son soutien au programme du président ouzbek Shavkat Mirziyoyev visant à ouvrir le pays aux investisseurs mondiaux.

“L’Ouzbékistan se transforme. Nous devons y être”, a déclaré Macron lors de l’ouverture d’un forum d’affaires franco-ouzbek à Samarkand, l’ancienne ville de la Route de la Soie.

La visite du dirigeant français intervient alors que les nations européennes se disputent l’influence dans cette région riche en ressources, où la Russie, la Chine, la Turquie et l’UE ont toutes des intérêts économiques.

Macron est accompagné d’une délégation composée des PDG des plus grandes sociétés énergétiques françaises, dont plusieurs étendent leurs activités en Ouzbékistan.

L’Ouzbékistan est la deuxième étape de la tournée de Macron en Asie centrale après sa visite au Kazakhstan en début de semaine.

L’Ouzbékistan s’est ouvert au monde extérieur en 2016. Le président Shavkat Mirziyoyev, qui a pris ses fonctions cette année-là, a mis fin à deux décennies d’isolement imposé par son prédécesseur et ancien mentor Islam Karimov, mais il n’y a toujours pas de véritable opposition politique.

Un garçon transporte du pain frais dans un vieux landau à côté de la mosquée Bibi Khanum, dans le centre-ville de Samarkand, le 14 septembre 2022. AFP – ALEXANDRE NEMENOV

Mais sur le plan économique, le pays s’est ouvert et les multinationales ont commencé à s’y intéresser.

Paris a souligné la « dynamique de réforme » du pays et a déclaré qu’elle soulevait régulièrement des questions autour de l’État de droit.

“Le gouvernement français a confiance dans votre stratégie”, a déclaré Macron à Mirziyoyev. “Nous croyons en cette politique. Nous l’encourageons et nous voulons y participer.”

La coentreprise Nurlikum Mining – détenue à 51 pour cent par le géant nucléaire français Orano et à 49 pour cent par Navoiy Uran, la société nucléaire publique ouzbèke – est active dans le pays depuis 2018.

D’autres groupes électriques français, notamment EDF, TotalEnergies et Voltalia, ont signé des accords visant à renforcer les infrastructures énergétiques de l’Ouzbékistan, tandis que le groupe d’ingénierie Egis a réalisé une étude de faisabilité pour le tramway de Tachkent.

Par ailleurs, le Trésor français finance un projet d’approvisionnement en eau dans la région aride de Kashkadarya.

Alliances concurrentes

L’Ouzbékistan, ancienne république soviétique, se situe au cœur de l’Asie centrale et entretient toujours des liens étroits avec la Russie. La visite de Macron coïncide avec le Forum économique eurasien pro-russe de Vérone à Samarkand les 3 et 4 novembre, organisé par l’association Conoscere Eurasia.

L’Ouzbékistan est également membre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un groupe créé par la Chine et composé de la Russie, du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan et, plus récemment, de l’Inde et du Pakistan.

Et avec le Kirghizistan et le Tadjikistan, le Kazakhstan fait partie de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire dirigée par Moscou et surnommée « l’OTAN de la Russie ».

Ces coopérations s’inscrivent à leur tour parfaitement dans la gigantesque initiative chinoise « la Ceinture et la Route », un projet d’infrastructure de plusieurs milliards de dollars qui s’étend à l’échelle mondiale.

La visite de Macron montre que l’Europe, avec son projet « Global Gateway », est sérieuse dans ses tentatives pour contrer l’influence chinoise – et russe – en Asie centrale.

Le président russe Vladimir Poutine, le président chinois Xi Jinping, le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, le président tadjik Emomali Rahmon et le président ouzbek Islam Karimov marchent pour une réunion lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Oufa, en Russie, le 10 juillet 2015. © REUTERS/BRICS/SCO/Photohost/RIA Novosti

« Bousculade »

Macron a reconnu les « pressions géopolitiques » exercées sur le Kazakhstan, qui borde la Russie au nord et la Chine à l’est.

“Je ne sous-estime pas les difficultés géopolitiques, les pressions, parfois les bousculades auxquelles vous pouvez être soumis”, a déclaré Macron au président kazakh Kassym-Jomart Tokayev lors de sa visite dans ce pays.

“Dans un monde où les grandes puissances veulent devenir des hégémonies et où les puissances régionales deviennent imprévisibles”, le président français s’est félicité du “refus du Kazakhstan… d’emprunter la voie de la vassalité”.

Le voyage de Macron au Kazakhstan et en Ouzbékistan vise à soutenir “l’intérêt pour une diversification des partenariats exprimé par les deux pays”, a déclaré une source de la présidence française à l’AFP.

(avec fils de presse)

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