Militants anti-méga réservoir dans les Deux-Sèvres : projets de protestation


Découvrez quelles manifestations sont prévues et où, et pourquoi les autorités sont en état d’alerte maximale

Les agriculteurs affirment que les méga-réservoirs sont nécessaires, mais les critiques affirment qu’ils « accumulent l’eau » et nuisent à l’environnement

Plus de 3.000 policiers sont en alerte avant d’importantes manifestations appelées par les militants anti-“méga-réservoir” dans les Deux-Sèvres, avec deux marches se déroulant malgré l’interdiction des autorités locales.

Entre 6 000 et 8 000 personnes se sont rassemblées au «Village de l’eau” Le camp aquatique de Melle est prévu pour participer aux manifestations d’aujourd’hui (19 juillet) et de demain. Le camp “ambiance festive” est prévu pour rester en place jusqu’au dimanche 21 juillet.

Pourtant, la police est en état d’alerte maximale après les violences intenses observées à la base du méga-réservoir de Sainte-Soline (à seulement 15 km), où d’importantes manifestations ont eu lieu il y a 15 mois.

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Les manifestations ont ensuite dégénéré en violences entre les militants et la police (qui a lancé des gaz lacrymogènes), faisant de nombreux blessés et un homme dans le coma.

Le Ligue des droits de l’Homme La Ligue des droits de l’homme (LDH) a dénoncé un « usage excessif et indiscriminé de la force » de la part des gendarmes et une « obstruction à l’assistance » aux blessés. La police a nié ces accusations.

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« Accumulation d’eau » ?

Les agriculteurs affirment que les méga-réservoirs sont nécessaires pour garantir un approvisionnement continu en eau pendant les mois les plus chauds, et leurs partisans affirment que les réservoirs permettront aux agriculteurs de ne pas puiser dans la nappe phréatique sous pression en été.

Pourtant, comme les réservoirs continuent de pomper à partir de la nappe phréatique en hiver, les critiques les accusent de « stockage d’eau » et affirment qu’il s’agit d’une mesure « à court terme » préjudiciable à l’environnement qui retarde l’inévitable transition agricole vers des pratiques et des cultures moins gourmandes en eau.

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Projets de protestation

Les manifestants rassemblent des représentants et des sympathisants de plus de 120 organisations, associations, syndicats et collectifs.

Cela comprend les groupes militants Bassines Non Merci (BNM), Soulèvements de la Terre, Attac, l’Union syndicale Solidaires, la Confédération paysanne et le groupe d’hydrologues Scientists in Rebellion.

Ils réclament un moratoire sur la construction de tous les méga-réservoirs, ainsi qu’une réévaluation de leur utilisation et de leur impact environnemental.

Deux manifestations ont été annoncées :

  • 19 juillet : Saint-Sauvant (Vienne), sur le site du futur réservoir. Une “marche populaire et un convoi à vélo” ont lieu.

  • 20 juillet : La Rochelle (Charente-Maritime). Les organisateurs appellent à “prendre des kayaks, paddles et autres embarcations gonflables” pour bloquer le port agro-industriel “dans une ambiance de carnaval”.

La manifestation à Saint-Sauvant avait déjà commencé le matin du 19 juillet, et les militants avaient documenté l’événement en ligne. Les Soulèvements de la Terre ont déclaré que certains avaient été empêchés de participer à l’événement, mais que de nombreux autres militants avaient réussi à partir et à commencer la marche.

Les militants ne se contentent pas d’organiser des manifestations : le « village » organise également des ateliers, des tables rondes et des débats. L’activiste suédoise Greta Thunberg aurait été parmi les participants, a rapporté l’AFP le 18 juillet.

Les manifestations se poursuivent malgré les interdictions

Les organisateurs ont déclaré que leurs manifestations avaient toujours lieu, bien que les deux manifestations aient été interdites par les préfectures de la Vienne et de la Charente-Maritime.

La préfecture de la Charente-Maritime a indiqué craindre que les manifestants n’envahissent le centre-ville (très fréquenté par les touristes en période de vacances). De même, la préfecture de la Vienne a justifié sa décision en affirmant que de précédentes « manifestations non déclarées par ces mêmes organisateurs ont donné lieu à des débordements violents ».

La police dit s’attendre à ce qu’un total de 6 000 à 8 000 personnes participent à la manifestation, dont 600 à 1 000 seraient « radicales et violentes » et 200 viendraient de l’étranger.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déjà dit que « plus d’une centaine de militants d’extrême gauche venus des pays européens voisins se sont vu interdire l’entrée en France » pour y prendre part.

De même, plus de 5.000 personnes ont déjà été contrôlées par la police depuis le début du “village” mouvement, et 400 “objets dangereux” ont été saisis aux abords de Melle (Deux-Sèvres), a indiqué le procureur de la République de Niort à FranceInter le 17 juillet.

Parmi les objets saisis figuraient des couteaux, des barres de fer, des haches, des boules de pétanque, des feux d’artifice et des liquides inflammables.

Des contre-manifestations sont possibles

Les syndicats d’agriculteurs locaux n’excluent pas non plus des contre-manifestations.

La Coordination rurale (CR) a quant à elle appelé ses adhérents de la Vienne, mais aussi de la Dordogne et du Lot-et-Garonne, à « défendre les exploitations agricoles de la région contre les hooligans écologistes ».

Un groupe d’une centaine d’agriculteurs s’était réuni ce matin (19 juillet) près de Melle, pour un projet de discussion avec les responsables du “village de l’eau”, a indiqué la présidente nationale du CR, Véronique Le Floc’h.

Mais même les syndicats agricoles ne sont pas tous d’accord sur la question. La Confédération paysanne dénonce les méga-réservoirs comme une « source d’inégalités dans l’accès à l’eau » et participe à la «village de l’eau‘ actions, tout comme le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef).



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