Nestlé et Alma font face à de nouvelles accusations pour traitement illégal de l’eau


“Un règlement financier ne doit pas mettre un terme aux enquêtes sur les fraudes”, déclare l’ONG Foodwatch

Une usine Nestlé Waters dans l’est de la France

Les sociétés d’eau embouteillée, dont Nestlé, font face à de nouvelles accusations de traitement illégal de l’eau, et une ONG s’apprête à déposer deux nouvelles plaintes auprès du tribunal judiciaire de Paris.

L’ONG Foodwatch accuse Alma et Nestlé de « tromperie ».

Cela survient après que le géant suisse Nestlé soit parvenu à un accord – la signature d’un convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) – auprès d’un tribunal d’Epinal (Vosges), permettant à Nestlé d’éviter un procès dans cette affaire en payant une amende de 2 millions d’euros. L’accord portait sur les marques Vittel, Hépar et Contrex.

Cependant, dans un communiqué, Foodwatch a rejeté l’accord en déclarant : « Un règlement financier ne doit pas mettre fin aux enquêtes sur des fraudes à l’échelle internationale. »

Elle réclame désormais la nomination rapide d’un juge d’instruction et demande que les entreprises soient infligées à des « sanctions exemplaires ».

Cela survient après que Foodwatch a lancé pour la première fois une plainte contre Nestlé Waters en février 2024.

Lire aussi : Quatre marques d’eau françaises accusées de bactéries et de contaminants chimiques
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« Manque de transparence de l’État »

Foodwatch dépose deux plaintes ; l’un contre les actions des entreprises et l’autre sur ce qu’il appelle le manque de transparence de la part de l’État sur la question. Les travaux d’enquête du Monde et de Radio France ont révélé que le gouvernement était au courant de ces problèmes dès 2021 et qu’il avait été informé par Nestlé lui-même lors d’une réunion avec le cabinet de la ministre de l’Industrie de l’époque, Agnès Pannier-Runacher.

Le gouvernement a accordé à Nestlé une dérogation – contre l’avis de ses propres services – pour lui permettre de continuer à utiliser des microfiltres pour purifier l’eau, ce qui est interdit par la réglementation sur les eaux minérales naturelles.

L’Anses a prévenu le gouvernement que Nestlé pourrait demander une dérogation, mais que l’accorder serait « inacceptable » et risquerait d’exposer la France à des litiges européens.

De même, Foodwatch précise que le directeur de l’ARS Occitanie, Didier Jaffre, n’a pas porté plainte devant la justice dès qu’il en a eu connaissance, en violation de la loi française.

En effet, dans un rapport publié cet été, la Commission européenne a accusé la France de « graves manquements » et a déclaré qu’elle avait non seulement « collaboré de manière inadéquate avec les autorités compétentes » sur la question, mais qu’elle n’avait pas non plus mis en œuvre de « mesures de suivi immédiates » pour garantir que Les constructeurs ont changé leurs pratiques.

« Fraude massive »

Foodwatch a déclaré que lorsqu’elle a découvert la pollution de ses sources par des pesticides et des bactéries, Nestlé aurait dû cesser de vendre de l’eau minérale et en informer les tribunaux et les consommateurs ; pas modifié son traitement pour utiliser des méthodes interdites.

L’ONG a déclaré avoir « refusé l’argent de Nestlé » et « ne peut se résigner à enterrer l’affaire de fraude massive qui a touché le monde entier… et notamment le fameux Perrier ».

Si l’accord fait référence aux marques Vittel, Hépar et Contrex, “le scandale des filtrations illégales touche également la marque Perrier”, a indiqué Foodwatch, précisant que près de trois millions de bouteilles de la marque avaient été détruites en avril, après que la préfecture ait constaté “un risque”. à la santé des consommateurs » et « germes indicateurs d’une contamination fécale ».

Foodwatch affirme qu’il existe toujours un risque « discutable » pour la santé humaine.

L’ONG porte également plainte contre le groupe Alma, qui a été la première entreprise identifiée comme utilisant des méthodes de filtrage interdites par la DGCCRF, une association de lutte contre la consommation. L’analyse de ses listes de consommateurs révélait alors la non-conformité chez Nestlé.

Foodwatch a fourni ce qu’elle prétend être des preuves – notamment des factures, des photos et des courriels – qui « prouvent » l’utilisation de ces traitements interdits.

Il s’agit notamment de l’injection de CO2 pour gazéifier des eaux « exceptionnelles », mais aussi l’utilisation de sulfate de fer, traditionnellement utilisé pour éliminer l’arsenic des eaux usées.

« Incidents anciens et isolés »

Pour sa défense, interrogé par Le Monde et FranceInfo, le groupe Alma a affirmé n’avoir appliqué « aucun traitement non conforme sur aucune de ses marques ».

Selon elle, ces allégations font référence à des « incidents anciens et isolés », « la santé et la sécurité alimentaire de notre eau n’ayant jamais été remises en question ».

Règles de l’eau en France

La polémique vient du fait que « l’eau minérale naturelle » est régie par des règles strictes en Europe.

Le Code de la Santé Publique mentionne trois types d’eau en bouteille :

  • Eaux minérales naturelles, se distinguant par leur « pureté originelle » (comme Perrier, Vittel, Evian)
  • Eau de source (comme la Cristaline)
  • Une eau « rendue potable grâce à un traitement »

Les eaux minérales naturelles et les eaux de source sont censées être protégées des risques de contamination et de pollution car elles sont puisées dans des nappes souterraines profondes.

Cela signifie que légalement, ils ne peuvent être purifiés que par un nombre limité de traitements et que l’utilisation de filtres à charbon ou de filtres UV est interdite. Le seuil de filtration ne doit pas être inférieur à 0,8 micron et la filtration ne doit être utilisée que de manière ponctuelle pour filtrer les minéraux comme le fer ou le manganèse.

L’eau minérale naturelle est déjà censée être pure et ne devrait donc pas nécessiter de purification.

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