« Nous avons voté pour eux pour mettre fin à cette dictature sanitaire, ils ne font rien ». Sur les réseaux sociaux, des électeurs de la Nupes se sentent trahi. Après l’erreur de la députée européenne insoumise Manon Aubry sur le vote de la prolongation du pass sanitaire au Parlement européen, le 23 juin, voilà que les députés sont accusés de « ne pas faire bouger les choses ».
« Durant la campagne, ils avaient promis de mettre fin aux vaccins, au pass vaccinal entre autres », affirme un autre internaute. S’ils ont en parti atteint cet objectif mardi soir à l’Assemblée, c’est un tout autre problème qui est pointé du doigt par les internautes : la réintégration des soignants non vaccinés, qui avaient été suspendus à la rentrée 2021. « Ils ont fait leur comm [communication] autour de ces soignants oubliés, et maintenant eux aussi les oublient », note un électeur mécontent. Les élus de la Nupes n’ont-ils vraiment rien fait pour ces soignants ? 20 Minutes fait le point.
FAKE OFF
Dans la nuit de mardi à mercredi s’est déroulé le vote du projet de loi sur le Covid-19, visant à prolonger certaines dispositions de la lutte contre l’épidémie. Le projet de loi a été adopté, mais amputé d’un de ses principaux articles – rétablir le pass sanitaire pour les voyages « extra-hexagonaux », depuis ou vers l’étranger. A l’annonce du résultat par la vice-présidente insoumise de l’Assemblée, Caroline Fiat, les députés de LFI et du RN ont applaudi. Une alliance qui a fait couler de l’encre du côté de la majorité présidentielle, à en croire notamment la réaction de Elisabeth Borne sur Twitter.
Si les électeurs de la Nupes ont exprimé leur mécontentement, c’est parce que la réintégration des soignants non vaccinés n’a pas été abordée. Ce point n’était pas à l’ordre du jour, mais ce n’était en rien du fait de l’union de la gauche. L’opposition avait en effet bel et bien déposé des amendementspour demaander la réintégration de ces soignants. Mais ils ont été jugés irrecevables par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et n’ont donc pas pu être discutés.
Le président de la Commission des finances, Eric Coquerel(LFI), auteur de l’un d’eux, a contesté cette décision. Dans un communiqué, il a déploré l’interprétation de l’article 40 de la Constitution, qui permet d’empêcher les parlementaires de déposer un amendement si celui-ci augmente les dépenses publiques. « Je m’oppose à cette décision extrêmement rare qui, j’espère, restera une exception regrettable… », a écrit l’élu. Sa présidente de groupe, Mathilde Panot, a crié à la « censure ».
Avec les députés RN et LR, les Insoumis ont, tout au long des débats de ces derniers jours, multiplié les attaques contre le gouvernement en raison de leur refus d’évoquer la réintégration des soignants. L’élue LFI Elisa Martin a dénoncé dans ces suspensions « un abus de pouvoir inédit et absurde ». Le ministre de la Santéa rappelé que cela n’était « pas à l’ordre du jour » compte tenu de la situation épidémique. Et ce mardi à l’Assemblée nationale, il s’est engagé à faire un point de situation « à l’automne » sur la question.