Le constat est sans appel. Si la mairie de Lyon s’est engagée à augmenter les effectifs de la police municipale pour les porter à 365 agents, d’ici la fin du mandat, les volontaires ne se bousculent pas au portillon. Cinquante-trois ont déjà été recrutés depuis deux ans mais il en manque encore 78 pour atteindre l’objectif fixé. « 20 % des effectifs nécessaires sont actuellement absents », résume Laurent Bosetti, adjoint aux ressources humaines, constant que le « marché de l’emploi est en extrême tension ».
Pire : entre 2021 et 2022, la ville, qui recense actuellement 287 policiers municipaux, a connu plus de départs que d’arrivées dans la profession. « Au total, on enregistre un recul de 10 agents », confirme Laurent Bosetti.
« Difficulté chronique à recruter »
Doit-on y voir une désaffection pour la ville de Lyon, qui connaît depuis plusieurs mois une recrudescence de la violence ? Ou plus globalement un manque d’attractivité du métier ? « Nous ne voulons pas jeter la pierre à nos prédécesseurs mais la ville a connu les mêmes tensions sous Gérard Collomb. Entre 2019 et 2020, on avait enregistré un recul de 30 policiers municipaux », rappelle-t-il. Et d’ajouter : « Le problème n’est pas propre à la mairie écologiste ou de gauche. Nous sommes face à un plafond de verre qui existe dans toutes les grandes villes de France ». « Cette difficulté chronique à recruter est la même partout, abonde le maire de Lyon Grégory Doucet. Au niveau national, où l’on compte 24.000 policiers municipaux, entre 4.500 et 6.000 postes ont été ouverts. Ils ne sont toujours pas pourvus. »
Lyon reste confrontée à une « population vieillissante », 20 % des agents qui ont quitté la profession sont des départs en retraite. Les autres ont préféré embrasser une nouvelle carrière. « Ils ne sont pas partis pour intégrer d’autres polices municipales. Dix détachements sont liés à des projets de reconversion sur d’autres métiers, observe Laurent Bosetti. On ne va pas se raconter d’histoires, il y a actuellement une perte d’attractivité de la profession. »
Revalorisation des salaires
Pour revaloriser et « réenchanter » le métier afin d’attirer davantage de volontaires, la ville de Lyon a augmenté les salaires, « ce qui n’avait pas été fait depuis 18 ans ». Plus de la moitié des effectifs a déjà bénéficié d’une hausse de 1.400 euros brut par an. Ce qui représente une enveloppe globale de 500.000 euros. Jeudi, lors du conseil municipal, la majorité devait faire voter une nouvelle augmentation : 50.000 euros supplémentaires accordés à une centaine de policiers municipaux.
« Avec cette nouvelle revalorisation, le salaire net d’un policier municipal à Lyon sera de 2.500 euros par mois, primes comprises », appuie Laurent Bosetti. Mais compte tenu de leurs missions, « ce ne sont pas des privilèges », estime-t-il. La ville entend également faire évoluer le statut de ses agents en remontant le plafond du régime indemnitaire de la police municipale. « J’envisage d’en faire la demande auprès du ministre de la Fonction publique nouvellement nommée pour qu’un agent de catégorie C soit revalorisé en catégorie B », indique Grégory Doucet, appelant par ailleurs à la création d’une école nationale de formation de la police municipale.