Quelle est la prochaine étape pour la politique française ?


Augmentation des tranches d’imposition, augmentation du salaire minimum, prix fixes des denrées alimentaires, salaires des fonctionnaires, recul de l’âge de la retraite… tout ne peut pas être changé sans le vote des députés

L’alliance de gauche a remporté le plus de sièges, mais est loin d’avoir la majorité absolue, ce qui limite sa capacité à faire passer des projets de loi par le biais des votes.

L’alliance de gauche française, le Nouveau Front Populaire (NFP), semble prête à former le prochain gouvernement français, après sa victoire surprise aux élections législatives de dimanche.

Bien que le groupe ne dispose pas de la majorité au Assemblée nationale – et n’a pas encore confirmé qui il souhaite nommer au poste de Premier ministre – les hommes politiques du bloc ont annoncé qu’ils commençaient à planifier leur mandat.

Cette absence de majorité absolue à la chambre – le groupe dispose de 182 sièges (il lui faudrait un minimum de 289 sur 577 pour une majorité absolue) – signifie que le NFP devra trouver des alliés pour faire passer des lois de manière traditionnelle (en votant sur des projets de loi).

Cependant, certains membres du groupe affirment que leurs politiques, qui incluent le rétablissement de l’impôt sur la fortune, l’augmentation du salaire minimum et la fixation du prix des « biens essentiels » tels que les produits alimentaires et l’énergie – dont vous pouvez lire un aperçu ci-dessous – peuvent être adoptées par décret.

Lire la suite : Quelles sont les idées clés du Front Populaire vainqueur des élections (Nouveau) ?

Jean-Luc Mélenchon, talisman d’extrême gauche et figure incontournable du groupe, a déclaré dimanche que le NFP « fera son programme, et rien que son programme… et fera tout son programme ».

« À partir de cet été, les mesures prévues dans ce programme pourront être prises par décret sans vote », a-t-il ajouté, faisant référence à l’absence de majorité absolue du groupe.

Malgré ses affirmations, le groupe sera toutefois limité dans ce qui pourra être adopté sans vote parlementaire.

Pourquoi peut-on utiliser des décrets en France ?

Lors de la rédaction de la Constitution de la Cinquième République, les rédacteurs avaient prédit que des parlements sans majorité absolue seraient susceptibles d’aboutir à des résultats sans vainqueur final, en raison du mode de scrutin utilisé pour élire les députés.

Alors que la France a connu trois « cohabitations » (où le président et le Premier ministre appartiennent à des blocs politiques opposés), un certain nombre de parlements créés après des élections législatives n’ont vu aucun parti obtenir la majorité absolue et ont obligé les groupes à travailler dans des gouvernements de coalition.

En fait, seuls trois parlements de la Ve République – 1968, 1981 et 2017 – ont vu un parti remporter la majorité absolue des sièges (d’autres parlements ont cependant vu des coalitions de bon sens entre des partis idéologiquement similaires, comme les partis socialiste et communiste).

Dans les cas où une coalition n’est pas une option, la Constitution autorise des décrets pour adopter certaines règles sans avoir recours au vote afin de maintenir le pays en activité même si le Parlement est paralysé.

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Quelles politiques peuvent être adoptées par décret ?

Les lois relatives aux domaines des droits civils, de l’immigration, du code pénal, du droit du travail, de la sécurité sociale et des prestations sociales, ainsi que des budgets annuels du gouvernement, doivent toutes être adoptées par vote (ou article 49.3 – plus d’informations ci-dessous).

Tout le reste peut techniquement être adopté par décret.

Les politiques clés du NFP, telles que l’indexation des salaires des fonctionnaires et l’augmentation du salaire minimum à 1 600 euros net par mois, ne relèvent donc pas directement de ces domaines et pourraient être adoptées par un décret contournant un vote au Parlement.

Cependant, de nombreuses autres politiques du manifeste du groupe, notamment l’annulation de l’augmentation de l’âge de la retraite, entreraient en conflit direct avec les lois existantes.

Les décrets ne peuvent pas remplacer les lois existantes, et dans les cas où une politique est directement liée à une loi (comme le changement de l’âge de la retraite ou l’introduction d’un nouvel impôt), le texte législatif doit être réécrit.

Cela ne peut se faire que par un vote parlementaire, ce qui pose à nouveau le problème du groupe de ne pas disposer d’une majorité absolue.

Même dans les cas où des décrets peuvent être adoptés temporairement – ​​comme les modifications du salaire minimum –, un projet de budget ou de finances devra éventuellement inclure ces changements, qui devront eux-mêmes être votés.

La seule alternative à l’adoption des budgets et autres lois au Parlement par un vote est l’article controversé 49.3, utilisé par le parti du président Macron pour introduire la réforme des retraites.

Lire la suite : Explication : qu’est-ce que l’article 49.3 de la loi française et pourquoi fait-il l’actualité ?

Les politiciens de gauche de l’époque ont attaqué le camp présidentiel pour avoir utilisé cette méthode, la qualifiant d’« antidémocratique », il n’est donc pas certain que le groupe soit également disposé à l’utiliser.

Le président signe aussi généralement des décrets

En outre, les décrets ne sont généralement pas signés uniquement par le Premier ministre, mais sont également cosignés par le président.

Cela se fait au cas par cas, mais le président est susceptible d’intervenir dans les décrets qu’il juge trop radicaux et de bloquer leur adoption.

Ces conditions signifient donc qu’il est hautement improbable que le groupe puisse faire passer des pans entiers de son manifeste par décret, et qu’il se limitera probablement à des changements mineurs… et même dans ce cas, il aura probablement besoin de l’approbation du président pour les faire passer.

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