Tadej Pogacar a-t-il encore une chance de se rapprocher du Maillot jaune Jonas Vingegaard ? Un Français va-t-il enfin gagner une étape ? A quelle place termineront David Gaudu et Romain Bardet ? Qui récupérera le maillot à pois ? Les questions sont encore nombreuses, pour cette 18e étape Lourdes-Hautacam (143,5 km), la dernière de haute montagne – et donc la plus décisive — avant Paris.
Une sixième arrivée à Hautacam
La montée longue et raide vers Hautacam a été découverte sur le Tour de France il y a 28 ans. Elle avait couronné un Français, Luc Leblanc, en 1994. Depuis, la station pyrénéenne a accueilli une arrivée de la Grande Boucle en 1996, avec le triomphe de Bjarne Riis (terni par ses aveux de dopage ensuite), en 2000 au début des tristes années Armstrong, en 2008 avec une autre période trouble (succès de l’Espagnol Cobo finalement exclu pur dopage avec toute son équipe Saunier Duval quelques jours après). Le dernier passage du Tour remonte à 2014, avec la domination de Vincenzo Nibali, vainqueur au sommet avec le maillot jaune, quelques jours avant son sacre à Paris.
Trois sommets en 80 km pour désigner le meilleur grimpeur
Le dessert des coureurs rescapés dans les Pyrénées sera copieux. Après une soixantaine de kilomètres relativement plats au départ de Lourdes et un crochet par les Pyrénées-Atlantiques, le peloton attaquera, à 80 km de l’arrivée, le terrible col d’Aubisque, classé hors catégorie, qui s’enchaînera avec le col de Spandelles (10,3 km à 8,3 %, 1re catégorie), avant donc la dernière montée hors catégorie vers Hautacam. Soit pas moins de 50 points à distribuer au grand prix de la montagne. C’est un des enjeux annexes de ce Tour. Le maillot à pois est toujours porté par Simon Geschke (64 points). L’Allemand de Cofidis fera tout pour glaner quelques points supplémentaires dans l’Aubisque pour se mettre à l’abri. Car sinon derrière les cadors Vingegaard (52 points) et Pogacar (46) pourraient rafler la mise en cas de succès au sommet.
Le favori : Jonas Vingegaard
Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les tentatives d’échappées, mais il faut s’y attendre : le mano a mano va sans doute durer. Il l’a annoncé, il va le faire : Tadej Pogacar veut « attaquer fort » Jonas Vingegaard dans cette dernière étape de montagne. Mais difficile d’imaginer un nouvel exploit de son coéquipier Brandon McNulty, exceptionnel mercredi vers Peyragudes pour accompagner les deux leaders. Le Slovène risque donc de se retrouver seul plus vite qu’hier. En face, le Maillot jaune cherchera sans doute à prendre sa revanche après sa défaite au sprint à Peyragudes. Son équipe est plus conséquente (5 coéquipiers contre 3 à Pogacar). Il pourrait avoir envie d’assurer son succès sur le Tour avec une deuxième belle victoire au sommet, après celle du Granon. Pogacar pourrait finir par se fatiguer dans la longue montée vers Hautacam. Et Vingegaard se ferait un plaisir d’en profiter. Le Danois, qui s’imposerait ici en jaune comme son compatriote Bjarne Riis il y a 26 ans (il a évoqué ce souvenir mercredi soir), en a les moyens.
L’œil de Thierry Gouvenou, responsable du parcours
« Pour moi après le Granon, ce sera l’étape la plus propice à créer de très gros écarts en tête du classement. On a fait en sorte de retravailler l’arrivée finale à Hautacam. Auparavant, c’était assez aisé. Parfois, on arrivait du col du Tourmalet mais il y avait 20 km de vallée avant une montée sèche. Cette fois, nous avons réussi à faire un bel enchaînement avec un col inédit, le col de Spandelles. C’est un col pyrénéen très rugueux. Je le connais depuis longtemps car j’ai habité douze ans à Pau. Et je le grimpais lors de mes entraînements. Mais il n’y avait aucune possibilité de l’emprunter car la descente était vraiment trop accidentogène. Là, elle a été retravaillée par le département des Hautes-Pyrénées. Maintenant on peut donc y passer. Attention, la caravane du Tour ne l’empruntera pas. Cela nous donnera donc un enchaînement incroyable. On pourra donc attaquer soit dans le col de l’Aubisque, soit dans le col de Spandelles. Ce ne sera pas forcément plus dur que de s’épuiser dans les vallées. Non, vraiment, on peut imaginer un renversement du Tour sur ce genre d’étape. C’est vraiment très alléchant. Si quelqu’un a des faiblesses en 3e semaine, sur ce genre de terrain ce sera fatal. »