Un ressortissant pakistanais accusé d’avoir planifié une attaque terroriste contre un centre juif de Brooklyn, à New York, passera probablement plusieurs semaines supplémentaires dans la prison de Bordeaux, au Québec, pendant que les autorités américaines présentent des preuves pour appuyer une demande d’extradition.
Muhammad Shahzeb Khan a été arrêté avec trois autres individus à Ormstown, au Québec, le mercredi 4 septembre, après avoir quitté son domicile de Toronto.
Ormstown se trouve à environ 20 kilomètres au nord de la frontière canado-américaine.
Les autorités canadiennes rapportent avoir reçu des informations de leurs homologues américains indiquant que Khan était impliqué dans un complot visant à organiser une fusillade dans un lieu non spécifié à Brooklyn où il s’attendait à trouver un grand nombre de Juifs orthodoxes.
Le FBI affirme que l’attaque avait été programmée pour le 7 octobre, jour du premier anniversaire du massacre du Hamas en Israël.
Khan n’a pas comparu devant le tribunal ce matin. Un procureur de la Couronne a déclaré au tribunal que le Canada n’avait pas encore reçu les détails de l’affaire du FBI contre lui et que la poursuite n’était pas prête à commencer.
En vertu du traité d’extradition entre le Canada et les États-Unis, les autorités américaines disposent de 60 jours à compter de la date d’arrestation pour fournir des preuves à l’appui d’une demande d’extradition. Le Canada dispose de 30 jours pour examiner les preuves et décider soit de délivrer un « arrêté autorisant l’extradition », soit de refuser l’extradition.
Le Canada peut rejeter une demande d’extradition d’une personne et néanmoins porter des accusations au niveau national.
La GRC a arrêté Khan pour trois chefs d’accusation en vertu du Code criminel : tentative de quitter le Canada pour commettre une infraction au nom d’un groupe terroriste, participation aux activités d’un groupe terroriste et complot en vue de commettre une infraction en violant la loi américaine sur l’immigration (en entrant ou en tentant d’entrer illégalement aux États-Unis).
Khan a ensuite été de nouveau arrêté en vertu d’un mandat d’arrêt provisoire en vertu de la Loi sur l’extradition, ce qui suggère que les autorités canadiennes ont l’intention d’emprunter la voie de l’extradition.
Une grande partie des preuves rendues publiques jusqu’à présent ont été recueillies par des agents infiltrés du FBI se faisant passer pour des co-conspirateurs du complot présumé.
La juge de la Cour supérieure du Québec, Hélène Di Salvo, a fixé la date de la prochaine comparution de Khan au 6 décembre, soit 92 jours après son arrestation.
Les autorités américaines et canadiennes devraient avoir terminé les prochaines étapes du processus d’extradition à ce stade, et le tribunal devrait disposer à la fois des preuves américaines et de la réponse canadienne à examiner.
Le suspect est arrivé avec un visa étudiant
Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, a déclaré cette semaine que Khan était entré au Canada avec un visa étudiant.
Khan, également connu sous le nom de Shazeb Jadoon, est arrivé à Toronto le 24 juin 2023, un mois après avoir reçu son visa.
CBC News a contacté plusieurs établissements postsecondaires de la région de Toronto. Aucun d’entre eux n’a accepté de dire si Khan y était inscrit.
Il s’agit de la troisième personne à être arrêtée ces derniers mois et accusée d’avoir planifié des attaques au nom de l’État islamique en Irak et en Syrie (ISIS).
Le gouvernement Trudeau a lancé une révision de ses procédures de filtrage après l’arrestation d’Ahmed Fouad Mostafa Eldidi, 62 ans, et de son fils Mostafa Eldidi, 26 ans, à Toronto en juillet. Ils sont accusés d’avoir planifié une attaque sur le sol canadien.
Dans ce cas, les autorités canadiennes ont été alertées par la France après que les Eldidis eurent été autorisés à passer le contrôle de sécurité canadien.
Aujourd’hui à Montréal, le premier ministre Justin Trudeau a défendu le bilan de son gouvernement, affirmant que l’arrestation « montre à quel point nos agences fédérales sont tenaces pour pouvoir interrompre cela ».
« Nous sommes membres du Groupe des cinq, qui surveille les mouvements dans le monde entier », a-t-il déclaré. « Nous veillons constamment à ce que nos services de sécurité et nos agences de renseignement assurent la sécurité des Canadiens, que ce soit en examinant les personnes qui souhaitent venir au Canada ou en veillant à ce que les personnes ici ne menacent pas de faire du mal à d’autres Canadiens. Nous continuerons de montrer notre soutien aux hommes et aux femmes du monde entier qui assurent la sécurité des gens. »