L’exercice n’était pas facile, mais Wilfried Happio a assumé. Vendredi, l’athlète français s’est présenté devant la presse, au Hamilton Hall au cœur de l’Université de l’Oregon où logent les Bleus lors de ces Mondiaux à Eugene. Pour évoquer son entrée en lice en série du 400 m haies (ce samedi à 22h20), ses envies de finale et de record, mais aussi l’extra-sportif. Et notamment cette plainte dont il fait l’objet, accusé d’agression sexuelle par une jeune fille. « L’affaire est maintenant entre les mains de la justice, je fais confiance à la justice, je pense qu’il n’y a personne de mieux placé pour faire cette enquête et pour y répondre », résume Wilfried Happio.
L’enquête s’annonce complexe. Le 25 juin dernier, alors qu’il s’échauffait avant sa finale du 400 m haies des Championnats de France à Caen, Happio avait été agressé physiquement. Malgré un violent coup de poing reçu au visage, il avait pris le départ, un bandeau protégeant un impressionnant hématome à l’œil gauche, et remporté la course en battant son record personnel, pour le porter à 48′’57 un excellent chrono. Trois jours plus tard, la sœur de son agresseur s’était rendue au commissariat du XIIe arrondissement de Paris pour déposer plainte pour agression sexuelle.
L’Insep a ouvert une enquête interne, pas la FFA
Les faits qu’elle dénonce remonteraient à octobre 2021 et se seraient déroulés dans l’enceinte de l’Insep, où logent les deux athlètes. Vendredi, Wilfried Happio a expliqué qu’il n’avait pas encore été convoqué au commissariat mais qu’il avait eu l’occasion d’expliquer les faits à des représentants de l’Insep. Fabien Canu, le directeur de l’Institut situé dans le Bois de Vincennes, nous a confirmé d’avoir demandé « à ce stade, l’ouverture d’une enquête interne. »
Ce n’est pas le cas de la Fédération française d’athlétisme, qui explique toutefois « suivre le dossier de près ». Si elle a la possibilité de saisir la commission de discipline, la FFA n’a pas fait ce choix. « Ce n’était pas le bon timing », explique Patrick Ranvier, le directeur technique national. « Il faut faire attention à ne pas vouloir traiter nous-mêmes des affaires, ce qui n’est pas notre métier, estime-t-il. Je ne pense pas qu’on ait à se substituer à la justice et on n’est pas dans l’urgence absolue. Aujourd’hui, Wilfried est présumé innocent. En l’occurrence, rien ne l’empêche de participer. »
La question de sa sélection pour les Mondiaux d’Eugene ne s’est donc pas posée. « Moi, je me suis recentré sur la piste et le côté sportif, parce que je pense que c’est mon rôle de représenter mon pays en bonne et due forme », souligne Wilfried Happio qui avoue toutefois être affecté par la situation. « Dire non, ce serait mentir. Mais je fais un sport où il faut rester fort mentalement et je me dois de répondre présent pour ces Championnats du monde. »