Oubliés les déboires de l’Open d’Australie quand il avait été expulsé pour cause de non-vaccination et la domination de Rafael Nadal à Roland-Garros, Novak Djokovic (35 ans, n°3 mondial) est redevenu le roi des courts en s’imposant en finale de Wimbledon (4-6, 6-3, 6-4, 7-6). Son 21e Grand Chelem, sa 7e victoire sur le gazon londonien. « Je n’ai pas les mots pour dire ce que représente ce tournoi pour moi, glisse le vainqueur, particulièrement ému au moment de recevoir son trophée. Il sera toujours cher à mon coeur. C’est lui qui m’a fait commencer le tennis après avoir vu à la télé un match de Pete Sampras. Gagner ici, c’est un rêve d’enfant.»
Le premier set a tourné à l’avantage de Kyrgios. Sans conteste et sans bavure. Le fantasque australien déroule toute la gamme de ses coups et le résultat est impressionnant. Un service à la cuillère, un coup de fond de court entre les jambes… On pourrait le croire parti pour une représentation, poussé par un public en demande, mais c’est en fait une démonstration. Le match parfait.
Novak Djokovic est impuissant, saoulé par les aces et les coups gagnants de son adversaire. L’affaire est vite pliée (6-4, 31′). Le n°3 mondial, qui reculera de quatre places dès ce lundi puisqu’aucun point ATP n’était distribué cette année au tournoi anglais qui a banni les joueurs russes et biélorusses, n’a pas remporté jusque-là 20 Grands Chelems, dont 6 Wimbledon par hasard. Il serre le jeu, profite d’un léger dérèglement de Kyrgios, qui s’énerve contre son clan, pour égaliser (4-6, 6-3).
Le combat s’équilibre. L’Australien, sous pression, lâche des coups venus d’ailleurs et quelques grognements. Des jurons aussi. Il écope d’un avertissement à 2-2 dans le 3e set pour « obscénité audible ». Il se reprend un moment mais il explose seul sur sa chaise alors qu’il vient de lâcher son service à 5-4. « Vous ne m’encouragez pas, vous restez là sans rien faire », crie-t-il à son clan, son père, sa compagne, présents dans les tribunes…
Le 3e set est bouclé (4-6, 6-3, 6-4). Kyrgios reste pensif, presque hagard alors que Djokovic est sorti se rafraîchir avant d’attaquer la 4e manche. Le Serbe se dirige vers un 7e succès à Wimbledon où il n’a plus perdu depuis son quart de finale en 2017 contre Tomas Berdych, et encore, sur abandon. Mais l’Australien a changé. Il ne balance plus les matchs quand les vents sont contraires. Il s’accroche, même s’il faiblit physiquement. Ses inspirations régalent le public. Il prend des risques, les assume. Tie-break. Djokovic l’emporte 7-3. Sans bavure.
Le voilà assis sur 21 victoires en Grand Chelem, à une unité seulement de Rafael Nadal. « Bravo à lui, je ne sais pas si je reviendrai moi, peut-être », glisse Nick Kyrgios, alors qu’il reçoit le trophée du finaliste, une casquette rouge vissée sur la tête, rompant ainsi avec le protocole strict du tournoi londonien. « Si, tu reviendras, lui lance Djokovic. Tu as mérité ce que tu as fait et tout se met en place pour toi. » Le Serbe sourit. Il dit qu’une amitié est peut-être en train de naître, qu’il respectera sa parole, échangée via les réseaux sociaux, et qu’il invitera à dîner son adversaire malheureux. Djokovic savoure mais son avenir est encore flou. Si rien ne change, il ne pourra pas en effet participer à l’US Open à New York fin août, les Etats-Unis imposant la vaccination contre le Covid-19 pour pénétrer sur leur territoire. Non vacciné et inflexible sur la question, le Serbe a déjà été privé de l’Open d’Australie en janvier dernier. Difficile, dans ces conditions de courir après le record de Nadal…
