Le Conseil d'État ordonne à la France de rapatrier un homme expulsé vers l'Ouzbékistan


La plus haute juridiction française a jugé que la France devait assurer le retour d'un Ouzbek illégalement expulsé le mois dernier. Cette décision va à l'encontre de l'engagement du ministère de l'Intérieur d'expulser ceux qu'il considère comme des étrangers dangereux.

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Le Conseil d'Etat a ordonné vendredi aux ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères de prendre « toutes les mesures utiles » pour restituer l'homme, estimant que son expulsion violait un arrêt provisoire de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH).

Le ministère de l'Intérieur considère l'homme de 39 ans, identifié comme MA, comme un islamiste radical dangereux et a ordonné son expulsion vers l'Ouzbékistan le 13 octobre, le jour où un jeune homme radicalisé d'origine russe a poignardé à mort un enseignant dans le nord de la France.

À la suite de l'attaque, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait promis d'expulser les étrangers dangereux, puis a durci les dispositions du projet de loi gouvernemental sur la réforme de l'immigration, qui a fini par être rejeté.

La demande d'asile de MA a été refusée en décembre 2021 et il vivait assigné à résidence depuis mars 2022, bien qu'il n'ait jamais été jugé ni même interrogé pour sa prétendue radicalisation.

Un arrêt de 2022 de la CEDH a déterminé qu’il ne pouvait pas être renvoyé en Ouzbékistan car il y risquait d’être torturé.

Après avoir perdu ses appels, le 16 novembre, il a été embarqué dans un avion et envoyé en Ouzbékistan, où il a été immédiatement arrêté et détenu.

Risque de prison en Ouzbékistan

Actuellement “dans une cellule exiguë avec plusieurs autres détenus”, MA risque une peine de prison pour des raisons politiques, a prévenu le Conseil d'Etat, appelant l'administration à lui délivrer une autorisation provisoire de retour le temps de réexaminer son cas.

L'arrêt du Conseil d'Etat, qui est une demande et non un ordre, demande que des mesures soient prises pour que MA revienne en France « dans les plus brefs délais », et que le gouvernement paie la note.

Cette décision est un « camouflet » au ministère de l’Intérieur, a déclaré à la presse son avocate, Lucie Simon. Le Parisien », soulignant que son client « n’a jamais été condamné, ni même interrogé, pour des actes terroristes ».

Elle a déclaré que la décision du Conseil d'État rappelle que le ministère ne peut pas expulser quelqu'un en violation d'un arrêt de la CEDH.

La France a déjà été condamnée à deux reprises pour avoir expulsé des étrangers sans leur permettre de recourir à la justice, en 2018, mais elle n'avait jamais ignoré un arrêt de la CEDH interdisant une expulsion.

(avec fils de presse)

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