La France doit “agir de toute urgence” et mener des réformes pour rétablir ses liens avec l’Afrique alors que l’influence de la Russie et de la Chine augmente sur le continent, selon un rapport parlementaire publié mercredi.
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Le rapport a été publié dans un contexte d’inquiétude croissante à Paris face au fort sentiment anti-français dans certaines anciennes colonies.
Rédigé par Bruno Fuchs du parti de centre-droit Mouvement Démocrate et Michele Tabarot du parti de droite Les Républicains, il affirme que la France a du mal à « s’adapter » aux changements en Afrique.
Les Africains, dit le rapport, « exigent une politique différente de la part de la France ».
“Nous devons agir de toute urgence pour éviter un risque de contagion et de perte de confiance.”
Le rapport de 170 pages a été publié après des mois de travail comprenant des dizaines d’entretiens avec des hommes politiques africains et français, des militaires, des représentants de la société civile et des journalistes.
“Désireuse de renouer ses liens avec l’Afrique et d’éviter les erreurs du passé, privée d’une connaissance fine du continent et dépendante de choix politiques incertains, (la France) refuse aujourd’hui d’adopter une véritable ‘politique africaine'”, déplorent les auteurs.
La France a mis fin à ses missions militaires antijihadistes au Mali et au Burkina Faso et a récemment commencé à retirer du Niger son contingent de 1 400 hommes après l’éviction du président Mohamed Bazoum, un allié clé de Paris.
Dans les trois pays, Paris a été chassée par des régimes militaires arrivés au pouvoir après des coups d’État.
Au Mali, les dirigeants de la junte de Bamako ont noué un partenariat avec le groupe de mercenaires russes Wagner.
Le président français Emmanuel Macron a parlé à plusieurs reprises d’apporter un changement historique à l’empreinte postcoloniale de la France en Afrique, en abandonnant toute notion de stratégie dite « Francafrique » où Paris cherchait à garder l’Afrique francophone sous sa coupe.
“La Francafrique est morte”, proclamait-il en septembre.
Mais Paris a souvent été critiquée pour son approche incohérente des relations avec l’Afrique.
Alors que la France a condamné le coup d’État au Niger cette année, Paris a soutenu Mahamat Idriss Déby, arrivé au pouvoir au Tchad sans processus constitutionnel en 2021 après l’assassinat de son père.
Le rapport appelle à une nouvelle approche « stratégique » qui inciterait les pays africains à rechercher « des liens plus nourris et plus égalitaires avec la France ».
Selon les auteurs, un « changement de style » était nécessaire.
La France, estiment-ils, devrait adopter « une attitude humble » et « cesser de faire de grands discours qui suscitent souvent des attentes » mais qui se terminent par des déceptions.
Ils ont également proposé de remanier le système français d’aide publique, d’accorder davantage de dons et moins de prêts, et de mettre fin aux “incohérences” de la politique des visas.
(AFP)