L'Inde menace d'expulser un journaliste français avant la visite de Macron


Un journaliste français qui travaille en Inde depuis plus de deux décennies risque d'être expulsé pour ce que les autorités ont qualifié de reportages « malveillants et critiques ». Cette décision intervient alors que le président Emmanuel Macron se rend dans le pays pour une visite d’État.

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Vanessa Dougnac, qui écrit pour plusieurs publications françaises dont l'hebdomadaire Le Point et le quotidien La Croixa reçu la semaine dernière un avis du ministère indien de l'Intérieur affirmant que son travail était « contraire » – ou hostile – aux intérêts nationaux.

“Ses activités journalistiques sont malveillantes et critiques (…) elles créent une perception biaisée de l'Inde”, indique l'avis.

“En outre, ses activités peuvent également provoquer des troubles et troubler la paix.”

L'avis donnait à Dougnac, qui vit en Inde depuis 22 ans et qui a un conjoint indien, jusqu'au 2 février pour contester la décision d'annuler sa résidence permanente.

liberté de presse

Reporters sans frontières (RSF) suit de près la situation.

“Nous sommes très préoccupés par cette décision. Elle intervient alors que le président français est en visite… et nous souhaitons que cela soit évoqué lors de ces discussions”, a déclaré le directeur de la rédaction de RSF. Anne Bocandé a déclaré à RFI.

L'avis a été remis à Dougnac une semaine avant l'arrivée de Macron en Inde, où il sera l'invité d'honneur du défilé militaire annuel de la Fête de la République vendredi.

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi se serrent la main avant un dîner au Louvre à Paris, France, le 14 juillet 2023. REUTERS-PASCAL ROSSIGNOL

Macron a courtisé l'Inde en tant que partenaire stratégique et acheteur d'armes, et sa visite répond à son invitation au Premier ministre Narendra Modi pour les célébrations du 14 juillet à Paris l'année dernière.

Sujets des zones litigieuses

RSF souhaite que tous les journalistes étrangers puissent travailler en Inde sans être intimidés ni risquer d'être expulsés en raison de leurs reportages.

Dougnac, qui a couvert un certain nombre de sujets chauds, notamment l'insurrection maoïste naxalite en cours dans certaines parties de l'Inde rurale, a nié « toutes les allégations et imputations » portées contre elle.

“L'Inde est ma maison, un pays que j'aime et respecte profondément, et je ne me suis jamais livrée à aucun acte préjudiciable aux intérêts indiens”, a-t-elle déclaré dans un communiqué.

L'agence de presse française AFP a contacté le ministère de l'Intérieur et le ministère des Affaires étrangères pour commentaires.

Le gouvernement de Modi a été accusé d'étouffer les médias indépendants, l'Inde ayant chuté de 21 places à 161 sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse depuis son entrée en fonction en 2014.

Les bureaux indiens de la BBC ont été perquisitionnés par le fisc l'année dernière, quelques semaines après que la chaîne britannique ait été la cible de nombreuses critiques du gouvernement pour avoir diffusé un documentaire remettant en question le rôle de Modi dans les émeutes religieuses de 2002.

(avec AFP)



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