Le prisonnier voyageait dans un véhicule de police lorsque celui-ci a été attaqué par des hommes armés à un péage d’autoroute.
Un criminel condamné qui s’était évadé en France après une attaque armée contre le véhicule pénitentiaire dans lequel il voyageait, est toujours en fuite quatre mois plus tard.
Mohamed Amra, récidiviste et présumé chef d’un réseau de trafic de drogue, circulait à bord d’un véhicule pénitentiaire le 14 mai dans l’Eure (Normandie) lorsque quatre hommes armés ont chargé le fourgon au niveau du péage d’Incarville. Ils ont tiré sur les policiers et ont transféré M. Amra dans leur véhicule. Deux policiers ont été tués et trois blessés dans l’incident.
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Amra était transporté du tribunal judiciaire de Rouen vers sa cellule de prison d’Evreux.
Le président Emmanuel Macron avait alors publié un message sur X (anciennement Twitter) au sujet de l’attaque, affirmant que « tout serait fait pour traduire les auteurs de ce crime en justice ».
Mais malgré des enquêtes approfondies et continues, l’endroit où se trouvent Amra et les quatre hommes armés qui ont attaqué le véhicule de la prison reste inconnu.
Les enquêteurs pensent désormais qu’ils proviennent de la région d’origine d’Amra, la Normandie. Ils pensaient initialement qu’ils pouvaient provenir des relations d’Amra à Marseille, mais cette hypothèse a été écartée.
« Mobilisation extrême »
« Je suis convaincu que nous le retrouverons, la question est de savoir quand », a déclaré une source proche du dossier à 20 Minutes.
La semaine dernière, la procureure de Paris, Laure Beccuau, a réitéré la « mobilisation extrême » de tous les enquêteurs, avec jusqu’à 350 personnes initialement mobilisées sur l’affaire, a-t-elle indiqué à RTL. Ce nombre est désormais réduit à une équipe restreinte de 50 personnes, a-t-elle précisé, ajoutant : « Je n’ai aucune raison de penser que M. Amra n’est pas (encore en vie) ».
Interpol, dont le siège se trouve à Lyon, en France, a émis une « notice rouge » concernant le suspect. Elle alerte tous les membres du réseau Interpol qu’une personne est recherchée et constitue une demande officielle d’arrestation et d’extradition de cette personne vers le pays qui a émis la notice.
L’avis fournit des informations complémentaires permettant aux réseaux de police internationaux de retrouver l’individu, notamment son nom, sa date de naissance, sa nationalité, la couleur de ses cheveux et de ses yeux, des photographies et des empreintes digitales si elles sont disponibles. Il fournit également des informations complémentaires sur son activité criminelle.
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Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclaré en mai que des « moyens de police judiciaire sans précédent » étaient mobilisés dans le cadre des recherches. Cela inclut des membres de l’unité hautement spécialisée de la police nationale GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale).
« Ce que nous devons dénoncer, c’est la barbarie avec laquelle ces policiers ont été tués – ces pères de famille, ces gardes – de sang-froid », a déclaré le ministre.
Ce type d’affaire nécessite généralement des enquêtes de grande envergure – même si certains cas sont résolus avec une bonne dose de chance, comme lors de la découverte du braqueur Rédoine Faïd lors d’un contrôle de gendarmerie de routine.
« Ils étaient extrêmement bien préparés et ont laissé très peu de traces derrière eux », a ajouté la source.
Les premières investigations sur les lieux n’ont rien révélé de concluant, a indiqué le procureur, et le véhicule utilisé dans l’attaque n’a pas non plus été retrouvé, malgré les appels à témoins lancés par les enquêteurs.
« Carte et lignes téléphoniques »
Les enquêteurs travaillent désormais sur une « carte de l’environnement d’Amra », qui recense sa famille, ses amis et son cercle criminel, dans le but d’identifier les personnes vers lesquelles il pourrait se tourner pendant sa fuite.
La police examine également les lignes téléphoniques, notamment celles qui étaient connectées dans la zone autour des véhicules au moment de l’attaque. L’objectif est de déterminer avec précision comment les assaillants communiquaient ou, à tout le moins, d’identifier certains membres du gang.
La police a toutefois déclaré que l’affaire était très compliquée, car les criminels se sont « adaptés à nos méthodes ». « Ils ne parlent plus au téléphone, ils utilisent tous des VPN et des messages cryptés », a expliqué le procureur.
On espère que les criminels finiront par commettre une erreur qui pourrait conduire à leur découverte, comme appeler quelqu’un au mauvais numéro ou organiser une réunion rapide « mal préparée ». De même, les enquêteurs n’excluent pas qu’Amra ait été découvert grâce à une information anonyme provenant d’« ennemis » qu’il pourrait avoir au sein d’un autre gang criminel.
Qui est Mohamed Amra ?
Amra, 30 ans, serait à la tête d’un réseau de trafic de drogue en France. Surnommé « La Mouche », il a récemment été condamné à 18 mois de prison ferme lors d’une audience à Évreux pour vol aggravé.
Il a également été précédemment impliqué dans d’autres affaires à travers la France, notamment pour enlèvement et tentative de meurtre.
Il avait besoin d’une « escorte de niveau 3 », c’est pourquoi il était accompagné de cinq agents pénitentiaires lors de son trajet du tribunal à la prison.