La police française a démantelé une « secte internationale du yoga tantrique » après avoir arrêté le soi-disant « mentor spirituel » du groupe et 40 autres personnes, soupçonnés de trafic d’êtres humains, de viol et d’enlèvement.
L’opération s’est déroulée mardi 28 novembre et a mobilisé 175 policiers. Les arrestations ont eu lieu en région parisienne, ainsi que dans certaines régions du sud de la France.
Au total, 26 femmes – dont certaines ont affirmé être détenues contre leur gré – ont été libérées dans le cadre de cette opération. Une source a déclaré à l’AFP que les femmes étaient “enfermées dans des conditions déplorables”, à la fois exiguës et insalubres.
“Le but des formations (de yoga) était d’amener les gens à participer à des activités sexuelles et/ou physiques… dans des conditions permettant à ce stade de caractériser le délit de traite des êtres humains”, a précisé une source judiciaire.
Le seul enlèvement risque une peine de prison pouvant aller jusqu’à 30 ans en France.
Une dizaine de femmes étaient régulièrement séquestrées en même temps, pendant des jours, dans plusieurs logements de la région parisienne, afin de rassasier les appétits sexuels de ce gourou roumain
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– RFI (@RFI) 28 novembre 2023
Le groupe est connu sous le nom de Mouvement pour l’Intégration Spirituelle dans l’Absolu (MISA), et parfois ATMAN, Tara ou Natha. Elle gère plusieurs prétendues « écoles de yoga » et se décrit comme « la plus grande école de yoga de Roumanie et d’Europe ». La police française dit compter « plusieurs centaines » de membres.
Sur son site Internet, le groupe affirme adopter « une approche traditionnelle rigoureuse du système de yoga », incluant le tantra yoga « des techniques de contrôle de l’énergie amoureuse » et des « postures érotiques » pour aider les participants « sur le chemin de l’extase ». Le site mentionne également « civilisations extraterrestres ».
Cependant, en 2008, la Fédération internationale de yoga et l’Alliance européenne du yoga ont déclaré qu’elles ne pouvaient plus accepter le groupe comme membre, en raison de pratiques présumées « illicites ».
Le chef du groupe est le soi-disant « gourou » Gregorian Bivolaru, âgé de 71 ans, a confirmé l’AFP. En tant que citoyen roumain et suédois, M. Bivolaru a déjà attiré l’attention des autorités de son pays d’origine ainsi que de la France.
M. Bivolaru lui-même a été arrêté dans une maison à Ivry-sur-Seine, près de Paris, a déclaré journal Libérationqui a été le premier à signaler les arrestations.
Manipulation mentale
Les enquêtes sur ces allégations ont été lancées pour la première fois en juillet, après que l’ONG de défense des droits de l’homme la Ligue des Droits de l’Homme a déclaré avoir reçu des déclarations de 12 anciens membres du MISA.
Le dossier a été confié et coordonné par la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectairesmission interministérielle d’alerte et de lutte contre les sectes), et l’OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnesoffice central pour la répression des violences envers les personnes).
Les informations émanaient de plusieurs femmes qui affirmaient avoir été manipulées mentalement pour avoir des relations sexuelles avec M. Bivolaru et « accepter de participer à des pratiques pornographiques payantes en France et à l’étranger » pour « payer leur séjour ».
Les victimes ont affirmé que M. Bivolaru emmenait régulièrement des femmes chez lui pour une « initiation sexuelle » au yoga tantrique.
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