Plusieurs des 60 personnalités qui ont signé une pétition en soutien à l'acteur français Gérard Depardieu, accusé de viol et de harcèlement sexuel, ont désormais pris leurs distances. Depuis, trois pétitions anti-Depardieu signées par des milliers d'artistes et de célébrités ont vu le jour.
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Lundi, l'acteur et réalisateur Jacques Weber est devenu la dernière célébrité française à prendre ses distances avec une lettre ouverte intitulée “N'effacez pas Gérard Depardieu”, publiée le jour de Noël dans le quotidien. Le Figaro.
Weber a déclaré qu'il regrettait sa “cécité”, après avoir signé la pétition en soutien à la légende du cinéma en disgrâce, qui est accusée de viol et fait face à une litanie d'autres plaintes pour agression sexuelle.
“Par réflexe d'amitié, j'ai signé à la hâte, sans me renseigner… Oui, j'ai signé, en oubliant les victimes et le sort de milliers de femmes dans le monde qui souffrent d'une situation trop longtemps acceptée”, Weber a écrit dans un nouvel article d'opinion, publié par le site d'investigation Médiapart le jour du Nouvel An.
“Malgré l'amour ou l'admiration que ses amis, sa famille et la famille du cinéma ont pour (Depardieu), il ne faut pas empêcher la vérité d'éclater.”
“Si nous étions coupables d'avoir accepté un comportement désormais inacceptable sur les plateaux de cinéma et de théâtre, alors oui, j'étais coupable”, a admis Weber.
D'autres personnalités ont depuis pris leurs distances, notamment l'ancienne compagne de Depardieu, Carole Bouquet, Nadine Trintignant ou encore Gérard Darmon.
Connexions de droite
Le malaise vient en partie de la révélation selon laquelle l'auteur de la pétition, Yannis Ezziadi – réputé proche de Julie Depardieu, la fille de Gérard – écrit pour le magazine ultraconservateur Causeur, connu pour ses liens avec les cercles d’extrême droite.
Pendant ce temps Trintignant, dont la fille Marie a été tuée par le chanteur Bertrand Cantat en 2003, a déclaré Le Point qu'elle ne savait pas qui avait écrit la chronique et avait admis qu'elle l'avait signée parce qu'elle n'était pas d'accord avec le mauvais traitement réservé à Depardieu par les médias – quelque chose qu'elle avait elle-même subi.
“Je demande aux personnes que j'ai choquées de ne pas me reprocher ma grave erreur. Je suis contre le lynchage médiatique – que j'ai vécu avec violence dans la presse – qui parlait d'un crime passionnel à l'égard de ma fille. Aujourd'hui, on en parle comme un meurtre et c'est bien”, a insisté l'actrice et réalisatrice.
Dimanche, l'acteur Pierre Richard s'est également désolidarisé de la lettre. “J'ai signé sans connaître le mouvement idéologique auquel appartient l'auteur de la pétition”, a-t-il déclaré.
Dimanche également, l'acteur Charles Berling a également publié un message présentant ses excuses aux victimes.
“Ma position a évidemment blessé de nombreuses personnes. Je suis profondément attristée et je m'en excuse. Mon engagement contre la violence à l'égard des femmes est inébranlable et le restera toujours.”
8000 artistes ont donc signé notre tribune collective en 48H. Un mouvement de solidarité et d'adelphité qui réchauffe nos cœurs et nous rassure, quelque peu, sur le champ des possibles de notre futur commun.
1/4 pic.twitter.com/7wlThzYkhC— Cerveaux non disponibles (@CerveauxNon) 31 décembre 2023
« Cracher au visage » des victimes
Depuis le 29 décembre, plus de 8 000 artistes ont signé une contre-pétition, parmi lesquels les chanteuses Angèle, Louane et le rappeur Médine.
Organisé par le collectif “Cerveaux non disponible” (Cerveau non disponible), la pétition se montre particulièrement critique à l'égard de la réponse du président Emmanuel Macron au scandale.
Macron a pris la défense de Depardieu le 20 décembre, affirmant que l'acteur “immense” était la cible d'une “chasse à l'homme”.
Cependant, le collectif a déclaré qu'un artiste, quel que soit son talent, ne devrait pas bénéficier d'un traitement spécial.
“Cette tribune et la défense de Macron crachent au visage des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles”, écrivent les signataires.
Une autre pétition, intitulée « Adresse au vieux monde », a été publiée dimanche sur le Médiapart site Internet regroupant quelque 70 signatures de personnalités du cinéma dont Laure Calamy et Anouk Grinberg.
La dernière pétition a été publiée lundi par le quotidien français de gauche. Libérationproclamant que “l'art n'est pas un totem de l'impunité”.
“Les monstres sacrés n'existent pas. Il n'y a que des hommes ordinaires à qui nous avons donné tous les droits”, peut-on lire dans le texte.
La chronique a été signée par 150 personnalités du monde de la culture, parmi lesquelles les actrices Muriel Robin, Alexandra Lamy et le réalisateur Thomas Jolly.