Le concept a déjà été rejeté en France mais est déjà opérationnel ailleurs.
Les contribuables français pourraient bientôt choisir à quoi va une partie de leurs impôts, selon une nouvelle proposition du Premier ministre sortant Gabriel Attal.
Le projet, que M. Attal a transmis le 12 août aux présidents des groupes parlementaires (à l’exception du Rassemblement national et de La France insoumise), prévoit de donner à chaque contribuable français « la possibilité d’affecter une partie de son impôt sur le revenu, ou une contribution complémentaire, à un poste librement choisi du budget de l’État ».
Cette proposition s’inscrit dans le cadre d’une série de nouvelles mesures destinées à servir de base au “dialogue” entre les forces politiques, pour “trouver une nouvelle voie à l’Assemblée nationale”, en l’absence de majorité absolue, a déclaré M. Attal.
Fiscalité participative (l’impôt participatif) verrait les contribuables choisir d’allouer une partie de leur impôt sur le revenu qu’ils paient habituellement à un secteur particulier du budget national.
Cela pourrait aussi prendre la forme d’un impôt versé sous forme de don en faveur d’une politique publique qu’ils soutiennent particulièrement (éducation, environnement, santé, etc.).
Support à damiers
Reste à savoir si la mesure sera adoptée par l’Assemblée.
L’an dernier, la députée socialiste Christine Pirès-Beaune avait proposé une proposition de loi qui donnerait aux contribuables la possibilité de consacrer 5% de leur impôt à un projet budgétaire précis, mais cette proposition a été rejetée en chambre.
Cette idée avait également été proposée par Eric Woerth (ex-Les Républicains, aujourd’hui au parti de Macron), alors président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, en 2018.
Au moins un élu de premier plan s’est déclaré ouvertement opposé à cette proposition. Eric Ciotti, président du parti LR et conseiller départemental des Alpes-Maritimes, a déclaré que « la taxe participative de Gabriel Attal est une augmentation déguisée des impôts ».
Au lieu de cela, il a appelé à « réduire les impôts et les charges », dans un message publié sur X (Twitter).
Le mais caché de l’impôt participatif de Gabriel Attal c’est une augmentation déguisée des impôts !
Il annonce « une contribution additionnelle sur une mission du budget de l’Etat librement choisie »
Au lieu d’inventer des usines à gaz fiscales, baissons massivement impôts et… https://t.co/eS8yGM9YcQ
— Éric Ciotti (@ECiotti) 17 août 2024
Certains critiques de l’idée ont également déclaré qu’un impôt participatif pourrait nuire à certaines politiques publiques qu’ils considèrent comme essentielles mais qui ne sont pas nécessairement les plus connues ou les mieux soutenues par le grand public.
D’autres affirment que cela pourrait permettre aux personnes les plus riches de donner davantage pour les politiques qu’elles soutiennent, tandis que les moins aisés seraient incapables de faire de même, ce qui conduirait à un financement injuste de certaines politiques.
L’idée de la fiscalité participative n’est pas nouvelle. Elle existe depuis près de 40 ans en Italie, où les contribuables peuvent consacrer 0,8% de leur impôt sur le revenu à la politique publique de leur choix.