Le président Macron affirme vouloir lutter contre la « dépendance aux réseaux sociaux » et la « haine en ligne »
Le président Emmanuel Macron a déclaré vouloir interdire aux enfants de moins de 11 ans d’utiliser le téléphone portable et aux moins de 15 ans d’utiliser les réseaux sociaux. Mais est-ce possible et, si oui, comment ?
M. Macron a fait cet engagement dans le cadre de sa nouvelle campagne à la veille des élections législatives surprises, qu’il a convoquées le 9 juin, après que le parti d’extrême droite le Rassemblement National a remporté les voix françaises aux élections européennes.
Les élections législatives s’ouvriront les 30 juin et 7 juillet.
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M. Macron a déclaré que ses propositions contribueraient à lutter contre la « dépendance aux réseaux sociaux ».
“Le gouvernement devra prendre des décisions claires pour protéger nos enfants”, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 12 juin.
“Premièrement, en interdisant l’utilisation du téléphone avant 11 ans et surtout (en interdisant) l’accès aux réseaux sociaux avant 15 ans. Il faut qu’il y ait un âge pour la majorité numérique, qui protège (les enfants).”
Recommandations d’experts
M. Macron semble avoir fondé son engagement sur les avis d’une commission d’experts en la matière.
Dans un rapport remis à l’Elysée en avril, la commission préconisait d’interdire l’usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d’en limiter drastiquement l’accès aux adolescents.
Les experts ont proposé un certain nombre de « mesures opérationnelles », comme par exemple exiger des acheteurs de téléphones mobiles et de forfaits de données qu’ils déclarent systématiquement la date de naissance de l’utilisateur au moment de l’achat.
Il a également déclaré que les fabricants devraient être encouragés à étiqueter leurs appareils avec la mention “Ne convient pas aux moins de 13 ans” et à créer des téléphones de base adaptés aux plus jeunes.
Les opérateurs devraient également proposer des « forfaits jeunes », avec un accès Internet limité ou inexistant, ajoutent-ils.
« Difficile de légiférer dans la sphère privée »
Le gouvernement peut, en théorie, mettre en place ces restrictions, mais elles peuvent être difficiles à appliquer.
En fin de compte, c’est aux parents/tuteurs s’ils souhaitent acheter un téléphone pour leurs enfants et/ou limiter leur utilisation. Les parents pourraient facilement donner leur propre date de naissance lors de l’achat d’un téléphone ou d’un contrat, même si leur enfant en sera le principal utilisateur.
De même, l’avertissement « Ne convient pas aux moins de 13 ans » serait uniquement consultatif et non juridiquement exécutoire (bien que le gouvernement ait déclaré qu’il y aurait un « fort soutien politique » pour les entreprises qui travaillent dur pour limiter l’accès aux moins de 13 ans).
“Il est difficile de légiférer dans la sphère privée”, a déclaré le psychiatre addictologue Amine Benyamina, coprésident de la commission spécialement désignée par le président pour se pencher sur la question. “On ne peut pas entrer chez les gens et interdire le téléphone.”
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Limitation des réseaux sociaux pour « lutter contre la haine en ligne »
M. Macron a déclaré que son objectif en interdisant l’accès aux réseaux sociaux aux enfants de moins de 15 ans visait « à établir une majorité numérique et à lutter contre la haine en ligne ».
Cet engagement viendrait soutenir les lois existantes qui visent à atteindre cet objectif, notamment une loi entrée en vigueur en juillet 2023, qui stipule que les plateformes de médias sociaux Facebook, Instagram et TikTok doivent refuser l’inscription aux moins de 15 ans, à moins que les parents ne donnent leur consentement explicite.
Cependant, l’application de cette loi reste difficile, car exiger une pièce d’identité pour justifier de l’âge « conduit à la collecte de données personnelles et présente des risques pour la vie privée », a prévenu la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
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De même, en vertu des règles européennes du Règlement général sur la protection des données (RGPD), l’utilisation autorisée d’outils tels que la reconnaissance faciale pour garantir l’identité des plateformes de médias sociaux est très limitée.