Une scène lors de la cérémonie d’ouverture a été considérée par certains comme une représentation « irrespectueuse » de Le dernier souper peinture représentant le Christ. D’autres disent qu’elle était en fait basée sur les dieux grecs
Le Comité international olympique (CIO) a présenté ses excuses pour toute offense causée lors de la cérémonie d’ouverture de Paris, après que certains ont estimé qu’une scène incluant plusieurs drag queens était irrespectueuse envers les chrétiens.
La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, qui a duré quatre heures, s’est déroulée le 26 juillet, principalement sur un tronçon de six kilomètres de la Seine, et devant la tour Eiffel.
Il comprenait une flottille de 85 bateaux remplis de 6 800 athlètes, un cheval animatronique courant sur l’eau, de nombreux danseurs, un défilé de mode, la mezzo-soprano française Axelle Saint-Cirel chantant depuis le toit du Grand-Palais, l’allumage du « chaudron » de flammes et une performance spectaculaire de la chanteuse franco-canadienne Céline Dion depuis la tour Eiffel.
Lire aussi : Drones, plongeurs, chiens : l’immense chantier de sécurisation des JO de Paris
Irrespectueux et « blasphématoire »
Cependant, il comprenait également une scène avec un groupe coloré de personnes assises à une table, dont plusieurs drag queens, et mettant en vedette l’acteur comique et chanteur français Philippe Katerine, ce qui, selon certains, représentait de manière irrespectueuse le tableau. Le dernier souperLe tableau emblématique de Léonard de Vinci montre le Christ entouré de ses disciples.
La scène de la cérémonie d’ouverture a vu M. Katerine posant sur la table – presque nu – en Dionysos – le dieu grec du vin, de la fête et du théâtre – entouré des autres participants habillés de façon flamboyante, alignés d’une manière qui, selon certains, était conçue pour rappeler le célèbre tableau.
D’autres, cependant, pensent que la scène rappelle un autre tableau religieux, La Fête des Dieuxde Jan Harmensz van Bijlert.
#JeuxOlympiques2024Paris
Il ne s’agit pas du tout de la Cène, mais de “La Cène des Dieux” de Jan Harmensz van Bijlert, peinte vers 1635. Au centre du tableau, ce n’est pas le Christ, mais Apollon couronné. Bacchus-Dionysos, Dieu du vin et de la Fête, est allongé au premier plan.
😉 pic.twitter.com/2jR3kdLpx9— Anne-Marie Picard 🇺🇦🇻🇪 (@AMPicard1) 28 juillet 2024
La série a été vivement critiquée sur Internet et les médias du monde entier ont souligné l’indignation ressentie dans certains milieux. Les critiques ont qualifié cette représentation de « blasphématoire » et « pitoyable ».
“Philippe Katerine”, le point de non retour de ces #JOdelaHonte. La France, fille aînée de l’Église, terre de culture et de foi, a été outragée par une pitoyable reconstitution de la Cène qui, pour tout catholique, est un blasphème absolu ! pic.twitter.com/mVDkoYwy4T
— Dolto (@Fils2Psy) 27 juillet 2024
La Conférence des évêques de France (CEF), groupe national des évêques français, a également critiqué les événements, les qualifiant de « scènes de dérision et de moquerie de la chrétienté ».
Parmi les autres critiques figurent le Conseil des Églises du Moyen-Orient, Marion Maréchal, députée française d’extrême droite au Parlement européen, l’Église catholique de France et le chef de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
M. Mélenchon s’est demandé à quoi « servait » de « risquer d’offenser les croyants ».
« Nous parlions au monde ce soir-là », a-t-il déclaré. « Parmi le milliard de chrétiens du monde, combien y a-t-il de personnes bonnes et honnêtes pour qui la foi apporte une aide pour vivre et savoir participer à la vie de tous, sans déranger personne ? »
‘Nous nous excusons’
Anne Descamps, directrice de la communication de Paris 2024, a réagi à cette polémique en déclarant : « Notre intention n’était clairement pas de manquer de respect à quelque groupe religieux que ce soit. Au contraire, notre intention était de faire preuve de tolérance et de communion. Si des personnes ont été offensées, nous nous en excusons. »
Le Comité international olympique (CIO) a déclaré : « Le CIO a pris note et salue la clarification apportée par le comité d’organisation de Paris 2024 concernant la cérémonie d’ouverture. »
Le CIO a pris note et salue les précisions apportées par le comité d’organisation de Paris 2024 concernant la cérémonie d’ouverture. pic.twitter.com/kEB9zyw3Ue
— CIO MEDIA (@iocmedia) 28 juillet 2024
Thomas Jolly, directeur de la cérémonie, est ensuite allé plus loin en déclarant à BFMTV que la Dernière Cène “ce n’était pas mon inspiration”.
« Je pense que c’était assez clair – vous avez Dio Nysos arrivant sur la table – pourquoi est-il là ? = parce qu’il est le dieu des fêtes, du vin, et aussi père de Sequana, déesse liée à la Seine.
« L’idée était plutôt de créer une grande fête païenne liée aux dieux de l’Olympe – qui ferait écho aux Jeux olympiques (organisés à l’origine dans la Grèce antique) », a-t-il expliqué.
Il a déclaré qu’il ne voulait pas « se moquer ou dénigrer quoi que ce soit ». Il a déclaré : « Je voulais créer une cérémonie qui permettrait de réparer et de réconcilier. »
A lire aussi : S’il vous plaît, Paris, faites revivre le romantisme des Jeux olympiques de 1924… nous en avons besoin
« Un pays de liberté »
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (chargé des Affaires religieuses) a lui aussi défendu la cérémonie d’ouverture, notamment en réponse à la CEF. Il a déclaré que la France était « un pays de liberté, liberté sexuelle, liberté religieuse, liberté de se moquer, de caricaturer ».
Lire aussi : Pourquoi parle-t-on français à chaque cérémonie d’ouverture des JO ?
« On peut aimer ou ne pas aimer certains tableaux, comme moi, a-t-il dit. Mais je ne pense pas qu’il faille aller plus loin que cela… Le message de la France est (un message de liberté). »