La maire de Strasbourg (Bas-Rhin, Grand Est) s'est déclarée favorable à la mise en place d'une “expérimentation locale” pour légaliser la consommation personnelle de cannabis dans sa ville, après que l'Allemagne, pays voisin, ait légalisé cette drogue.
L'Allemagne a légalisé le cannabis – selon une réglementation stricte – le 1er avril. Aujourd'hui (2 avril), la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, s'est déclarée prête à être « pragmatique » sur la question et à « l'envisager sans dogme ».
“Ma suggestion est de pouvoir tester une expérimentation locale dans la ville de Strasbourg, frontalière avec l'Allemagne, pour permettre d'appliquer tout ou partie des mesures en vigueur en Allemagne”, a-t-elle déclaré. dit FranceInfo.
“La loi allemande qui vient d'entrer en vigueur est très stricte. Elle va donc limiter et interdire une forme de tourisme récréatif.”
Passages frontaliers
Elle a déclaré que la situation de Strasbourg, à la frontière allemande, exige un certain pragmatisme, car c'est une zone où les gens traversent quotidiennement la frontière.
“Des milliers de personnes traversent chaque jour d'une rive à l'autre du Rhin et il y a aussi 3.000 Français qui vivent à Kehl, la ville allemande voisine”, a précisé Mme Barseghian. “C'est donc avant tout une expérimentation que je demande de manière pragmatique.”
Cependant, elle a déclaré : « Je ne peux pas décider moi-même au niveau local, mais je veux commencer à y réfléchir avec le gouvernement français et l’Agence régionale de Santé. »
« Les lois répressives ne fonctionnent pas »
Le maire a déclaré que les lois « très répressives » actuelles en France « ne fonctionnent pas du point de vue de la santé publique ». “La France est l'un des plus gros consommateurs (de cannabis) en Europe, malgré ses politiques très axées sur la sécurité”, a-t-elle déclaré.
Mme Barseghian a ajouté que sa ville « se concentre davantage sur la réduction de la dépendance » et sur le soutien aux personnes dépendantes, plutôt que d’adopter une position dure.
Elle a déclaré : “Aujourd'hui, les politiques répressives génèrent de la délinquance, du marché noir et surtout une très forte consommation non encadrée de drogues, ce qui constitue un véritable problème de santé publique.”
“Je veux voir cela sans dogme et regarder ce qui vient d'être proposé en Allemagne pour pouvoir le tester à petite échelle en France”, a-t-elle déclaré.
“C'est étrange de vivre (si près l'un de l'autre) dans une zone où il y a deux réglementations aussi diamétralement opposées.”
« La guerre contre le cannabis a échoué »
Cela intervient après que l'organisme public Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a déclaré dans un rapport l'année dernière (mars 2023) que la guerre menée par la France contre la consommation récréative de cannabis a « échoué et devrait être abandonnée ».
“Malgré la mise en place d'un système d'interdiction il y a plus de 50 ans – l'un des plus répressifs d'Europe – la France est le pays de l'UE qui compte la plus forte proportion de consommateurs de drogues”, indique le texte.
Environ 45 % des personnes âgées de 15 à 64 ans en France ont consommé du cannabis au moins une fois, contre 27 % dans l'ensemble de l'UE, selon le rapport.
Le CESE réclame une régulation de la production, avec « une traçabilité complète et transparente depuis la graine jusqu'à la consommation ». Il est également favorable à l'introduction de limites de volumes et à l'accent mis sur l'agriculture biologique.
L'organisme public suggère également de créer une taxe pour financer « la prévention et les soins, la recherche sur le cannabis, le réaménagement des quartiers et le soutien aux personnes ayant subi les conséquences du trafic ».
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