Le ministre français de la Santé a démissionné suite à l'adoption d'une loi controversée sur l'immigration soutenue par l'extrême droite, a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, tout en niant toute rébellion au sein du cabinet du président Emmanuel Macron.
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Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau n'a pas assisté à un conseil des ministres mercredi matin et sera remplacé à titre temporaire par la secrétaire d'État Agnès Firmin Le Bodo, a indiqué le gouvernement.
Le porte-parole Olivier Véran a ajouté : “Il n'y a pas de révolte ministérielle”.
Rousseau, un ancien communiste, avait déclaré plus tôt Le Monde chaque jour, il démissionnait pour protester contre la nouvelle loi.
“Il ne m'est pas possible de défendre ce texte”, a-t-il déclaré.
Le projet de loi sur l'immigration, compromis entre le parti du président centriste et l'opposition conservatrice, a été salué comme une “victoire idéologique” par la leader d'extrême droite du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen.
Il a été adopté mardi soir à une large majorité à l'Assemblée nationale après des mois de débats houleux et de retards. Le groupe parlementaire Renaissance au pouvoir n’a pas eu besoin du soutien du RN pour faire adopter son projet.
Fractures du parti
La législation montre les difficultés auxquelles Macron est confronté à gouverner sans majorité parlementaire, qu’il a perdue lors des élections de juin 2022 après avoir remporté un deuxième mandat présidentiel.
Alors que Le Pen a approuvé le renforcement des mesures d'immigration, des membres clés de gauche de Renaissance ont indiqué qu'ils ne pouvaient plus le faire, accusant le gouvernement de céder aux pressions de l'extrême droite.
“La crise politique autour du projet de loi sur l'immigration est un moment de vérité où se rejoignent toutes les fragilités du mandat d'Emmanuel Macron”, estime le Le Monde a déclaré le quotidien dans un éditorial.
Plusieurs autres ministres auraient également menacé de démissionner.
« Devoir accompli »
“J'ai le sentiment que le devoir est accompli”, a déclaré Borne mercredi matin à la radio France Inter, ajoutant qu'elle était toujours déterminée à bloquer Le Pen.
« On ne vote pas avec le RN… On répond aux inquiétudes des Français ; c'est comme ça qu'on combat le RN.”
Si le contenu du projet de loi jugé inconstitutionnel serait renvoyé devant la Cour constitutionnelle française.
Tout en admettant que la version finale du texte n'était pas celle qu'elle espérait, Borne a déclaré que le projet de loi permettrait au gouvernement d'« avancer » sur la question.
Macron doit accorder une interview télévisée mercredi soir pour évoquer les moments clés de 2023, notamment les nouvelles règles d'immigration, qualifiées de “victoire idéologique” du RN par Le Pen, triple candidate à la présidentielle.
Un élément clé de la loi est que les prestations de sécurité sociale pour les étrangers seront désormais conditionnées à cinq ans de présence en France, ou 30 mois pour ceux qui ont un emploi.
Des quotas de migration peuvent également désormais être convenus et des mesures ont également été prises pour que les détenus ayant la double nationalité soient également déchus de la nationalité française.
Le RN avait précédemment déclaré qu'il voterait contre le projet de loi ou s'abstiendrait. Les médias français ont qualifié cette décision surprise de « baiser mortel » pour le parti de Macron.
L’adoption de la législation était essentielle pour Macron, qui ne peut pas se présenter à nouveau à la présidence en 2027. On s’attend généralement à ce que Le Pen se présente.
(avec fils de presse)