Le méthane, un gaz à effet de serre puissant qui s’échappe naturellement du fond de la mer du Nord, est affecté par la pression des marées hautes ou basses. Les émissions de méthane du fond marin peuvent être trois fois plus importantes ou aussi faibles, selon la marée. C’est ce que montre l’océanographe Tim de Groot du NIOZ dans une nouvelle publication. Communications Terre et Environnement.
« Nos recherches montrent qu’on ne peut jamais se fier à une seule mesure lorsqu’on veut savoir quelle quantité de méthane s’échappe du fond marin », souligne de Groot.
Gaz des marais en mer
Méthane (CH4) est un gaz à effet de serre particulièrement puissant. Il est produit, entre autres, lorsque des débris végétaux et d’autres matières organiques au fond d’un marais ou d’un canal, mais aussi au fond de la mer du Nord, sont décomposés par des bactéries en l’absence d’oxygène.
Dans le cas de la mer du Nord, il s’agit de vieilles couches de matières organiques situées jusqu’à 600 mètres de profondeur dans le fond marin, qui sont transformées en méthane par des bactéries. Et comme dans un canal boueux dans lequel on pique avec un bâton, le méthane peut également s’échapper du fond marin lorsque la pression devient suffisamment élevée.
Pour clore le chapitre sur les sources et les puits de gaz à effet de serre, il est important que la science climatique sache quelle quantité de méthane s’échappe du fond marin et, plus important encore, quelle quantité de ce puissant gaz à effet de serre atteint l’atmosphère. De Groot met en garde contre toute conclusion hâtive tirée de ces recherches.
Des mesures effectuées sur une source de méthane bouillonnante à une profondeur de quarante mètres près du Dogger Bank, situé à peu près entre le Danemark et l’Écosse, ont montré que des variations considérables peuvent se produire. Non seulement les émissions de méthane diffèrent entre l’été et l’hiver, mais les marées hautes et basses semblent également avoir une forte influence : les émissions peuvent facilement être trois fois plus élevées ou moins élevées en fonction de la marée.
« Si vous ne tenez pas compte de cet effet, vous risquez de surestimer ou de sous-estimer les émissions de méthane provenant du fond marin », explique de Groot.
Des bactéries qui mangent du méthane
En été, lorsque l’eau est légèrement plus calme et plus chaude et que différentes couches de température sont visibles, l’eau libère sensiblement moins de méthane dans l’air au-dessus d’elle. De Groot attribue ce phénomène à l’activité d’autres bactéries, qui consomment en fait du méthane et l’émettent ensuite sous forme de CO, un gaz à effet de serre moins puissant.2.
« En été, l’eau est plus calme et le méthane est plus concentré dans les couches inférieures. Les bactéries ont alors plus de temps pour transformer le gaz en eau et en CO2“, explique de Groot.
On ne peut pas vraiment influencer la quantité de méthane qui s’échappe du sol ou qui est éliminée par les bactéries dans l’eau de mer. Néanmoins, de Groot note que le réchauffement du climat, dans ce cas, a un effet positif.
« Dans les eaux plus chaudes, davantage de méthane est consommé par les bactéries. D’un autre côté, l’augmentation des tempêtes peut accroître la quantité de méthane qui s’échappe dans l’atmosphère. »
La recherche de De Groot et de ses collègues constitue donc avant tout un avertissement adressé aux collègues scientifiques.
« Si l’on prend trop peu de mesures et seulement pendant la marée haute ou en été, on peut facilement conclure que la quantité de méthane provenant des fonds marins n’est pas si mauvaise. On ne peut avoir une idée adéquate de l’émission de ce gaz à effet de serre qu’en effectuant des mesures régulières, de préférence à différentes saisons », explique M. de Groot.
Plus d’information:
Influence des marées et des saisons sur l’activité des suintements froids et l’efficacité méthanotrophe en mer du Nord, Communications Terre & Environnement (2024). DOI: 10.1038/s43247-024-01483-8
Fourni par l’Institut royal néerlandais pour la recherche maritime
Citation:Le flux de méthane dans la mer du Nord varie en fonction des marées, selon une étude (2024, 12 juillet) récupéré le 12 juillet 2024 à partir de
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