L’homme qui a poignardé à mort un professeur d’école français la semaine dernière s’était enregistré avant l’attaque, affirmant qu’il agissait pour le compte du groupe État islamique, ont indiqué mardi les procureurs.
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Le suspect doit comparaître devant un juge pour être officiellement inculpé, tandis que deux de ses proches adolescents font également l’objet de poursuites pour avoir aidé ou omis d’arrêter l’attaque.
Mohammed Moguchkov, qui est en garde à vue après avoir attaqué un lycée à Arras dans le nord de la France vendredi dernier, a enregistré un enregistrement audio dans lequel il promettait sa loyauté à l’État islamique et une courte vidéo le montrant s’insurgeant contre ce qu’il appelle les « valeurs françaises », anti -Les procureurs du terrorisme ont déclaré mardi lors d’une conférence de presse.
Le suspect a également fait une référence “très marginale” aux attaques du Hamas contre Israël, a déclaré à l’AFP une source proche du dossier. Les enregistrements n’ont pas été rendus publics.
Moguchkov, 20 ans, doit comparaître mardi devant un juge d’instruction pour être inculpé.
Son frère, âgé de 16 ans, est également accusé d’avoir aidé le suspect, notamment en l’aidant à “manier des couteaux”, selon le procureur Jean-François Ricard. Un cousin de 15 ans fait également l’objet d’une enquête pour n’avoir pas réussi à arrêter l’attaque.
Mogoutchkov a jusqu’à présent refusé de parler aux enquêteurs, a indiqué à l’AFP une source policière.
Né dans la région du Caucase du Nord, à majorité musulmane, en Russie, il figurait sur la liste de surveillance du terrorisme en France et était sous surveillance des services de renseignement intérieurs français depuis juillet.
Les autorités ont également lié son père et son frère aîné à l’extrémisme islamiste.
Deuxième alerte à Versailles
L’attaque a déclenché une réponse sécuritaire massive en France, qui a décrété une alerte maximale à l’échelle nationale.
7 000 soldats supplémentaires ont été déployés et plusieurs bureaux et sites touristiques importants ont été évacués après avoir reçu des menaces, notamment le musée du Louvre et le château de Versailles.
Versailles a été évacué une seconde fois mardi pour des raisons de sécurité, liées apparemment à une nouvelle alerte à la bombe. Tout comme le Louvre, le palais a été fermé samedi par précaution, sans que personne ne soit blessé sur aucun des deux sites.
🌍Chers visiteurs,
Pour des raisons de sécurité, le château de Versailles évacue les visiteurs et ferme ses portes aujourd’hui mardi 17 octobre. Merci de votre compréhension pic.twitter.com/tDBghI4Uhk– Château de Versailles (@CVersailles) 17 octobre 2023
Le lycée Gambetta d’Arras, théâtre de l’attaque meurtrière, a également été évacué lundi après que la police a reçu une alerte à la bombe. Il s’est avéré que c’était une fausse alerte.
Le président Emmanuel Macron a averti mardi que le terrorisme islamiste était en train de revenir en Europe, après qu’un Tunisien ait abattu lundi deux Suédois à Bruxelles, se disant également inspirés de l’État islamique.
“Tous les Etats européens sont vulnérables”, a déclaré Macron aux journalistes à Tirana, la capitale albanaise, où il participe au sommet UE-Balkans.
“Nous avons tous une vulnérabilité. C’est ce qui vient du fait d’être une démocratie, un État de droit où il y a des individus qui peuvent décider à un moment donné de commettre les pires actes”, a-t-il déclaré.
Il a insisté sur le fait qu’il n’y avait eu “aucun échec” des services de sécurité français avant les attaques au couteau à Arras.
Focus sur le Caucase
Le bureau de Macron a indiqué qu’il assisterait jeudi aux funérailles de la victime, Dominique Bernard, professeur de littérature de 57 ans.
Trois autres personnes blessées lors de l’attaque devraient survivre, ont indiqué les procureurs.
Le président français a appelé la police à passer au crible ses fichiers de personnes radicalisées susceptibles d’être expulsées, en se concentrant notamment sur les jeunes hommes originaires du Caucase âgés de 16 à 25 ans.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé mardi qu’il chercherait à expulser 11 Russes figurant sur une liste officielle de radicaux dangereux.
Mogouchkov est la dernière d’une série de personnes impliquées dans des attentats terroristes en France depuis 2018 et originaires des régions du Caucase à majorité musulmane.
Entre 20 000 et 40 000 personnes originaires du Caucase du Nord vivent en France, mais la DGSI, la agence de renseignement intérieure française, rapporte qu’elles représentent un grand nombre de ceux qui ont quitté la France pour rejoindre le groupe État islamique en Syrie à partir de 2012.
La sœur cadette de Mogouchkov, arrêtée après l’attentat d’Arras mais relâchée depuis, a déclaré aux enquêteurs avoir vu son frère se radicaliser de plus en plus dans ses convictions religieuses et l’a qualifié de « violent », selon son avocat, Mikaël Benillouche.
(avec AFP)