« On a tout en deux », disaient récemment mes amis français.
« Deux boulots, une maison, un ordinateur, un téléphone, c’est comme une double vie ! »
J’ai dû admettre que mes amis avaient visé juste. Ce qui avait commencé comme une aventure pré-Brexit pour s’installer en France est devenu un mode de vie où tout est en double.
Il est possible de vivre à la fois en France et dans un autre pays, même si rien n’est facile.
Pour moi, tout a commencé avec un travail en ligne. J’ai quitté mon emploi en 2019 et j’ai commencé à enseigner l’anglais des affaires à distance. En six mois, j’avais loué un appartement à Avignon et j’ai commencé à faire la navette entre cette ville et Oxford – jusqu’à ce que la pandémie frappe.
Une fois que j’ai repris les voyages, je me déplaçais tous les mois en train, et je le fais toujours.
Louer un appartement n’était pas simple sans emploi en France, mais ce n’était que le début de la bataille.
Vous ne pouvez résider et donc payer des impôts que dans un seul pays, et c’est ce qui rend la « double vie » si délicate. Il faut choisir. Si vous êtes travailleur indépendant, faites une déclaration fiscale dans chaque pays et demandez conseil. Veillez à éviter la double imposition : avoir deux fois tout n’est pas toujours une bonne chose !
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Les difficultés bancaires sont atténuées grâce au compte « Wise »
Sans compte bancaire français, le site et l’application « Wise » constituent une excellente alternative. Vous pouvez détenir à la fois des euros et des livres sterling, et convertir les devises instantanément à des frais réduits.
L’application est également un portefeuille numérique pour les paiements, mais vous pouvez également disposer d’une carte sans contact. Pour toute personne vivant entre deux pays, c’est un gain de temps vraiment efficace.
Ayant choisi la France comme résidence « principale », j’ai obtenu ma carte de séjour, et à partir de là, il m’a fallu environ deux ans pour m’intégrer pleinement dans le système de santé français.
Grâce à mon adresse permanente au Royaume-Uni, je peux toujours accéder aux soins de santé primaires à Oxford, et tout traitement non planifié au Royaume-Uni est couvert par le CEAM français : carte européenne d’assurance maladie.
Un autre défi était de savoir comment se faire des amis en France et rester en contact avec d’anciens amis au Royaume-Uni.
La technologie est ici d’une grande aide. L’application « meetup » est très utile dans les deux pays : les conversations vidéo avec les amis et la famille vous permettent de vous sentir toujours proche.
Hors ligne, l’association Accueil des villes françaises (AVF) existe dans de nombreuses villes françaises pour accueillir les nouveaux arrivants avec un programme d’animations.
Je joue désormais aux boules avec mon adorable public local chaque semaine, me sentant vraiment français !
Mon dernier conseil ? Obtenez immédiatement un numéro de téléphone français.
Utilisez n’importe quel téléphone et achetez une carte SIM dans un bureau de tabac, en veillant à ce que le numéro soit facile à prononcer en français. Sans deux numéros de téléphone, il est difficile de vivre dans deux pays.
Les règles du Brexit rendent la tâche difficile…
Bien sûr, je ne suis pas la seule personne à vouloir garder un pied dans deux cultures.
Brigitte, scientifique à la retraite, et Stephen vivent entre un appartement à Marseille, d’où elle est originaire, et une maison dans le Lancashire – la maison de Stephen.
Aucun des deux n’a de statut de résident dans le pays de l’autre, étant à la retraite et en couple depuis le Brexit.
Stephen est limité à 90 jours sur une période glissante de 180 jours, ce qui rend le voyage « extrêmement compliqué ».
Il a expliqué : « Il est extrêmement difficile de planifier des visites familiales, des rendez-vous médicaux et essentiels (contrôle technique de la voiture, entretien de la maison, etc.)
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Comment vivre dans deux pays ?
« Bien qu’il existe des outils de calcul, nous avons produit une feuille de calcul pour nous aider à suivre et à planifier à l’avance.
« Pour Brigitte, les règles britanniques semblent être un peu plus souples, même si elles sont plus floues. Nous avons pris des vacances dans des pays hors Schengen afin de générer un peu de flexibilité ! »
Pour ce qui est des soins de santé, Stephen possède une carte GHIC – même s’il n’a pas pu l’utiliser récemment en France pour des soins dentaires d’urgence. Brigitte possède une assurance voyage. Ils se rendent compte que la situation pourrait devenir plus problématique à mesure qu’ils vieillissent.
Malgré tout, le couple apprécie toujours autant leur vie outre-Manche.
« Maintenant que nous sommes tous les deux à la retraite, nous pouvons profiter des différentes cultures, paysages, climats et gastronomies de la France et du Royaume-Uni », a déclaré Stephen.
« Nous essayons d’échapper aux températures les plus chaudes de France et aux températures les plus froides du Royaume-Uni, mais parfois les restrictions de voyage rendent cela impossible. En bref, nous essayons de maximiser les avantages de vivre dans plusieurs pays tout en minimisant les problèmes. »
L’entrepreneur néerlandais Gerald van den Heuvel partage une attitude similaire.
L’homme de 44 ans partage son temps « à peu près 50/50 » entre Kraggenburg aux Pays-Bas et la campagne de la Nièvre en Bourgogne, où il possède une entreprise prospère de vente de remorques.
« De 2014 à 2019, j’ai vécu et travaillé en France à plein temps. Puis j’ai rencontré mon partenaire, qui possède une ferme aux Pays-Bas, et j’ai recommencé à passer de plus longues périodes chez moi », explique-t-il.
Gérald paie tous ses impôts en France, bénéficie du système de santé français et possède une voiture immatriculée en France. Tout cela, dit-il, a été assez facile à organiser.
Cependant, la naissance du premier enfant du couple en 2022, suivie d’un deuxième plus tôt cette année, a forcément rendu son mode de vie « plus compliqué ».
« Mon aîné, en particulier, me manque quand je suis loin de chez moi. Ils restent principalement avec mon compagnon, mais à chaque troisième voyage en France, nous essayons tous de venir en famille ».
Le trajet en voiture dure près de neuf heures, ce qui peut être épuisant, et Gerald trouve également que vivre dans un sac est de plus en plus ennuyeux à mesure qu’il vieillit.
« Il y a aussi le fait que je ne me sens jamais vraiment chez moi nulle part. En France, je suis le Hollandais, et aux Pays-Bas, je ne m’intègre pas vraiment, car je ne suis pas souvent là. »
Il y a cependant des avantages, a-t-il insisté. « Je profite du meilleur des deux mondes : l’espace, la tranquillité et la campagne de la France rurale, tandis qu’en Hollande, c’est la vie sociale que j’aime. »
« J’ai pensé à vendre l’entreprise et à revenir définitivement, mais pour l’instant, tout se passe bien. »
Vous avez une double vie comme celle-ci ? N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience via [email protected]
