Ces drogues, 500 fois plus fortes que l’héroïne, ont déjà causé deux décès en France et des dizaines en Europe.
Les autorités sanitaires françaises mettent en garde contre la montée en puissance des opioïdes synthétiques « particulièrement dangereux » appelés « nitazènes », qui comportent un risque important de surdose.
Les nitazènes sont des substances de la « classe structurelle des benzimidazoles » et sont des opioïdes, ce qui signifie qu’ils agissent sur les récepteurs opioïdes du cerveau et sont à l’origine dérivés du pavot à opium (ou apparentés à celui-ci).
Ils sont plus puissants que le très dangereux fentanyl et jusqu’à 500 fois plus puissants que l’héroïne ou la morphine, un analgésique. De ce fait, ils présentent un risque élevé de surdose et ne sont pas disponibles légalement.
Désormais, dans une nouvelle alerte, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a déclaré : « Nous avons décidé d’ajouter ces composés à la liste (officielle) des stupéfiants » (stupéfiants (en français), après avoir constaté que la drogue se répandait en France.
Cela signifie que « la production, la vente et l’utilisation » de nitazènes seront expressément interdites à partir du mardi 9 juillet.
Les médicaments sont généralement vendus sous forme de poudre (de couleur blanche, brune ou jaune), de solide cristallin ou de liquide.
Risque de surdosage
« (Les nitazènes) présentent un risque plus élevé de surdosage mortel, même à faible dose », précise l’ANSM.
« Ils peuvent provoquer des surdoses qui peuvent survenir très rapidement, très peu de temps après la prise, et mettre la vie en danger. »
Les surdoses d’opioïdes peuvent survenir entre quelques minutes et plusieurs heures après une prise excessive, et peuvent provoquer des difficultés respiratoires, des nausées, un rétrécissement des pupilles et une léthargie pouvant conduire au coma et à la mort.
Deux décès liés aux nitazènes ont déjà été signalés en France, et plusieurs dizaines ont été signalés au Royaume-Uni et en Europe de l’Est depuis 2023.
L’ANSM recommande aux utilisateurs d’avoir toujours à disposition « un ou plusieurs kits de naloxone ».
La naloxone est un antidote aux opioïdes qui peut dans de nombreux cas « ramener les gens à la vie » après une surdose. Cependant, les nitazènes sont si puissants que les personnes souffrant d’une surdose peuvent avoir besoin de plusieurs doses de naloxone pour survivre.
Même une personne ayant reçu de la naloxone a besoin de soins médicaux par la suite, et il faut toujours appeler les services d’urgence (aux numéros 15 ou 112 en France) en cas de surdosage, avec ou sans naloxone.
Lire la suite : 112, 15, 17 : Connaissez-vous les numéros d’urgence à utiliser en France ?
Les inquiétudes de l’ONU
Les Nations Unies ont également exprimé leur inquiétude face à l’essor de ces nouvelles substances.
Ces drogues « sont récemment apparues dans les pays à revenu élevé (et) provoquent une augmentation des décès par overdose », indique un rapport du 26 juin de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Le bureau a également déclaré que « les consommateurs d’héroïne se tournent vers les opioïdes synthétiques qui présentent de graves risques pour la santé », tels que le fentanyl, les traitements de substitution aux opioïdes (méthadone, Subutex) et maintenant les nitazènes.
Une experte, Angela Me, a déclaré que l’augmentation des drogues synthétiques et des nouveaux types d’opioïdes pourrait être liée à la diminution de la production de pavot en Afghanistan, qui a été interdit par les talibans.