« Je n’ai rien à cacher, rien dont je doive avoir honte », a-t-elle déclaré au tribunal, renonçant à son droit à l’anonymat.
Une femme qui a été droguée et soumise à des viols par plus de 50 inconnus à l’invitation de son ex-mari, a été félicitée pour son courage après avoir insisté pour que son cas soit entendu dans un tribunal public.
L’ex-mari de Gisèle Pélicot, 72 ans, l’a droguée jusqu’à l’inconscience avec des somnifères et a permis aux hommes qu’il rencontrait sur des forums de discussion en ligne d’avoir des relations sexuelles avec elle à son insu pendant une période de 10 ans entre 2011 et 2020.
Selon certaines informations, Mme Pélicot n’aurait découvert ce qui s’était passé qu’après que la police enquêtant sur son mari pour une autre infraction ait découvert des photos et des films des incidents sur son ordinateur.
Le procès des 51 hommes (l’ex-mari de la victime et les 50 inconnus) est en cours à Avignon (Vaucluse) et devrait durer jusqu’en décembre.
Le procureur chargé de l’affaire a demandé qu’elle soit maintenue maison close (à huis clos) en raison de son caractère sexuel, comme c’est la pratique courante en France pour protéger la dignité de la victime.
Toutefois, l’épouse de 72 ans a renoncé à ce droit et a demandé que le procès se déroule en audience publique.
Étant donné que le contenu sexuel filmé par le mari sera montré dans le cadre du procès, le ministère public avait fait valoir que « cela porterait atteinte à la dignité des personnes concernées » et qu’il serait potentiellement préjudiciable de l’exposer en public.
« Je n’ai pas à avoir honte »
La demande de Mme Pélicot de tenir une audience publique a néanmoins été acceptée.
« Même si des moments extrêmement difficiles nous attendent, je n’ai rien à cacher, rien dont je doive avoir honte », aurait-elle déclaré au tribunal.
Son choix a été largement salué sur Internet, de nombreuses personnes louant son courage.
« La honte doit changer de camp », a déclaré son avocat Antoine Camus, arguant que ce sont les hommes accusés dont la dignité est en cause, et non celle de Mme Pélicot.
L’ancien mari de Mme Pélicot – connu dans les documents judiciaires sous le nom de Dominique P. – a avoué avoir accepté les viols après avoir annoncé que sa femme était disponible pour des relations sexuelles.
Il a filmé et pris des photos de nombreux incidents, mais n’a pas accepté de paiement de la part des hommes, dont 14 (ceux filmés) ont également avoué avoir commis des viols.
Les autres accusés nient que la victime était inconsciente et soutiennent que l’acte était consensuel dans le cadre d’un « jeu de rôle sexuel ».
50 des 72 hommes présumés impliqués ont été identifiés
Jusqu’à présent, seuls 50 des 72 hommes accusés de l’avoir violée ont été identifiés. Certains d’entre eux l’auraient violée à plusieurs reprises.
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Parmi les hommes, âgés de 26 à 70 ans, on compte des électriciens, des ingénieurs et des pompiers de Mazan, où le couple a pris sa retraite en 2013, ainsi que des environs de Paris où ils vivaient avant de s’installer dans le sud.
La majorité d’entre eux n’ont pas de casier judiciaire et beaucoup ont femme et enfants.
La police a pu identifier certains des hommes grâce à des messages texte échangés entre eux et Dominique P. – malgré la suppression des contacts et le blocage de leurs numéros.
D’autres ont été identifiés grâce à un logiciel de reconnaissance faciale que la police a utilisé pour analyser les milliers de photos et d’enregistrements vidéo des agressions retrouvés sur un ordinateur portable appartenant à Dominique P.
