De nombreux agriculteurs français mettent fin à leurs barrages routiers après que deux syndicats de premier plan ont appelé à mettre fin aux protestations suite à de nouvelles concessions importantes de la part du gouvernement.
Les agriculteurs manifestent depuis le 20 janvier en utilisant des tracteurs stationnés et des bottes de paille pour créer des barrages routiers sur les autoroutes à travers le pays. Dans d’autres endroits, ils ont délibérément ralenti la circulation avec des barricades roulantes ou empêché l’accès aux magasins et aux centres de distribution alimentaire.
Leurs revendications incluaient la fin du fardeau croissant des réglementations françaises et européennes – y compris les réglementations environnementales sur l'utilisation des pesticides – une meilleure protection de leurs marges bénéficiaires via une application stricte de la loi EGalim (qui oblige les supermarchés à préserver les marges bénéficiaires des producteurs alimentaires) et la protection contre la concurrence déloyale des importations étrangères qui ne sont pas soumises aux réglementations de l'UE.
Toutefois, pour de nombreux manifestants, le point de bascule a été la nouvelle taxe sur le diesel agricole ou gasoil non routier (GNR).
Plusieurs de ces revendications ont été satisfaites au cours de la semaine dernière, notamment la suspension de la taxe prévue sur le GNR. Cependant, les protestations se sont poursuivies, les agriculteurs ayant tenu un total de 98 barrages routiers à travers le pays rien que le 1er février, y compris sur huit autoroutes autour de Paris.
Vers la fin de la protestation ?
Afin de sortir de la crise, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé une série de mesures aux côtés du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, du ministre de l'Économie Bruno Le Maire et du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu lors d'une conférence de presse le 1er février.
“Les négociations n'ont jamais été interrompues et ma porte était toujours ouverte”, a déclaré M. Attal.
Il a notamment annoncé :
- Un projet pour inscrire la souveraineté alimentaire dans la loi française: « Les deux maîtres mots de l'agriculture seront production et protection ».
- 150 millions d’euros d’aides d’État pour aider les agriculteurs à payer leurs impôts: « Les agriculteurs ont des besoins spécifiques… ces aides fiscales seront pérennes et débuteront à partir de cette année ».
- Renforcement de la loi EGalim: « Les revenus des agriculteurs sont à la hauteur de leur dignité », a-t-il déclaré.
- Interdire les importations de produits alimentaires utilisant le pesticide Thiaclopride: l'utilisation de pesticides interdits en Europe représente une « concurrence déloyale ».
- Négocier avec l'UE sur les importations de céréales en provenance d'Ukraine.
- Augmenter l'allocation de succession pour les exploitations agricoles: « Ce n'est qu'en impliquant les générations futures que l'on pourra sauver durablement l'agriculture française ».
- Contrôles dans les supermarchés pour s'assurer que le label “Made in France” n'est pas utilisé à mauvais escient: “Il n'est pas acceptable que l'origine française des produits, qui est un gage de qualité, soit détournée par les entreprises au détriment des agriculteurs”.
- Suspendre le plan anti-pesticide Ecophyto: « le plan sera suspendu jusqu'à ce que nous l'ayons retravaillé et simplifié ».
- Un remboursement de 50% sur la taxe GNR
- 2 milliards d’euros d’abattements fiscaux pour aider les nouvelles exploitations agricoles
Le ministère de l'Economie a confirmé à l'AFP que le montant total de l'offre du gouvernement s'élève à 400 millions d'euros, dont la moitié sera versée en remboursement de la taxe GNR.
Suite à la conférence de presse, les deux plus grands syndicats agricoles, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, ont appelé leurs membres à cesser de bloquer les routes. Cependant, le syndicat Confédération paysanne n'a pas emboîté le pas.
Lire la suite : Points clés du traditionnel discours politique du nouveau Premier ministre français
Les manifestants ont-ils cessé de bloquer les routes ?
De nombreux obstacles majeurs ont été levés et d’autres devraient suivre d’ici le 3 février.
En particulier, tous les barrages routiers ont disparu en Occitanie, et ceux de Bretagne devaient être levés d'ici 14 heures le 2 février.
Toutefois, les autorités devront s'assurer que les autoroutes soient complètement débarrassées de tout débris avant de pouvoir être entièrement ouvertes.
Où sont les barrages routiers le 2 février ?
Région |
Routes |
Où |
Taper |
Auvergne-Rhône-Alpes |
A7 |
Seyssuel, Isère |
Barrage routier |
A43 |
Saint-Quentin-Fallavier, Isère |
Barrage routier |
|
A7 |
Albon, Drôme |
Barrage routier |
|
A71 |
Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme |
Barrage routier |
|
Bourgogne-Franche-Comté |
A6 |
Bierre-lès-Semur, Côte-d'Or |
Barrage routier |
A6 |
Beaune, Côte-d'Or |
Barrage routier |
|
A6 |
Mâcon-Sud |
Barrage routier |
|
A31 |
Nancy Beaune |
Barrage routier |
|
A36 |
Besançon-Beaune |
Barrage routier |
|
Centre Val de Loire |
A11 |
Entre Thivars et Chartres-Est, Eure-et-Loir |
Barrage routier |
N154 |
Sérazéreux, Eure-et-Loir |
Barrage routier |
|
Hauts-de-France |
A1 |
Entre Chamant et croisement avec N104, Oise |
Barrage routier |
A16 |
Entre les sorties 13 et 16, Oise |
Barrage routier |
|
Ile de France |
A1 |
Entre Senlis (Oise) et Roissy-en-France |
Barrage routier |
A5a |
Réau, Seine-et-Marne, |
Barrage routier |
|
A6 |
Villabé, Essonne |
Barrage routier |
|
A10 |
Dourdan, Essonne |
Barrage routier |
|
A13 |
Mantes-la-Jolie, Yvelines |
Barrage routier |
|
A15 |
Argenteuil, Val-d'Oise |
Barrage routier |
|
A16 |
L'Isle-Adam, Val-d'Oise |
Barrage routier |
|
N12 |
Entre Plaisir et Méré |
Barrage routier |
|
la Normandie |
A13 |
Gaillon, Eure |
Barrage routier |
A150 |
La Vaupalière, Seine-Maritime |
Obstacles routiers |
|
Pays-de-la-Loire |
Plateforme logistique Leclerc |
Saint-Étienne de Montluc, Vendée |
Barrages routiers, manifestations |
Provence-Alpes-Côtes-d'Azur |
Autour de Miramas |
Bouches-du-Rhône |
Obstacles routiers |
A51 |
A la sortie A8, Bouches-du-Rhône |
Barrage routier |
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