Le président français Emmanuel Macron a déclaré que la star du cinéma français Gérard Depardieu – accusé de viol – était devenue la cible d'une « chasse à l'homme » alors que l'acteur faisait l'objet d'un nouvel examen minutieux pour sexisme. Mais la position de Macron a suscité la colère de ceux qui estiment qu'il porte atteinte à la cause de l'éradication de la violence à l'égard des femmes.
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Depardieu, icône du cinéma français avec plus de 200 films à son actif, a été accusé de viol en 2020 et a été accusé de harcèlement sexuel et d'agressions par plus d'une douzaine de femmes.
Il fait l'objet d'un nouvel examen minutieux à cause d'un documentaire diffusé plus tôt ce mois-ci qui montre Depardieu lors d'un voyage en Corée du Nord en 2018 faisant à plusieurs reprises des commentaires sexuels explicites en présence d'une interprète féminine et sexualisant une petite fille à cheval.
La semaine dernière, la ministre française de la Culture, Rima Abdul Malak, a déclaré que le comportement de l'acteur avait fait honte à la France, soulignant qu'il risquait de perdre la Légion d'honneur, qu'il avait reçue en 1996.
“Vous ne me verrez jamais participer à une chasse à l'homme”, a déclaré mercredi soir Macron à France 5, interrogé sur la possibilité de retirer à l'acteur le prestigieux prix d'État.
“Je déteste ce genre de choses”, a-t-il déclaré, ajoutant qu'il était un “grand admirateur de Gérard Depardieu (…) un immense acteur”.
“Il a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier (…) il fait la fierté de la France”.
Pas un outil moral
Macron a déclaré que Malak avait “parlé trop tôt” de la suppression de la Légion d'honneur de l'acteur et que cette récompense ne devait pas être considérée comme “un outil moral”.
“Il y a parfois des éclats face aux propos tenus. Je me méfie du contexte”, a-t-il déclaré. “Je comprends qu'il y a eu des controverses sur certaines parties du rapport.”
Des membres de la famille Depardieu ont publié une lettre ouverte dans l'hebdomadaire Journal du Dimanche dénonçant un “complot sans précédent” contre l'acteur.
“Ce n'est pas sur la base d'un rapport ou de ceci ou de cela qu'on enlève la Légion d'honneur à un artiste parce qu'à ce prix-là, on l'aurait retirée à beaucoup d'artistes”, a poursuivi Macron.
“On peut accuser quelqu'un, il peut y avoir des victimes, mais il y a aussi une présomption d'innocence. Sinon on risque de tomber dans une ère de suspicion.”
En 2017, au plus fort du mouvement #MeToo, Macron a retiré la Légion d'honneur au magnat hollywoodien Harvey Weinstein après une série d'accusations de harcèlement sexuel et de viol.
Une insulte aux femmes victimes
Les réactions aux commentaires de Macron sur Depardieu ont suscité des réactions de colère dans la sphère politique.
Olivier Faure, chef du Parti socialiste, a publié un message sur les réseaux sociaux accusant Macron de ne pas prendre au sérieux ses promesses électorales.
“La violence contre les femmes est un enjeu majeur du mandat de Macron… Ce président ne croit en aucune de ses promesses”, a déclaré Faure.
La députée écologiste Sandrine Rousseau s'est également exprimée sur les réseaux sociaux.
“Les propos d'Emmanuel Macron au sujet de Depardieu sont une fois de plus une insulte au mouvement de libération de la parole des victimes de violences sexuelles”, a-t-elle écrit.
Sophie Bussière, porte-parole des écologistes, a quant à elle présenté le président comme le “principal promoteur de la culture du viol”.
Et, s'adressant à la radio FranceInfo, Michelle Dayan, présidente de l'ONG Lawyers For Women, a déclaré que la présomption d'innocence ne devait “pas servir de prétexte pour ne pas écouter les femmes qui se disent victimes de violences”.
“Il y a avant tout une chasse aux femmes selon les mots de Gérard Depardieu et non une chasse aux hommes.”
(avec fils de presse)
