Plusieurs policiers britanniques ont été blessés samedi lors d’affrontements entre militants d’extrême droite et manifestants antiracistes. Les affrontements font suite à une attaque au couteau dans un cours de danse en début de semaine, qui a fait trois morts et plusieurs blessés.
Alors que des dizaines de rassemblements similaires sont prévus dans tout le pays ce week-end, la police a lancé une importante opération de sécurité, déployant des milliers d’agents supplémentaires dans les rues, dont beaucoup en tenue anti-émeute. La police a également mis à disposition davantage de cellules de prison et utilise des technologies de surveillance et de reconnaissance faciale.
Samedi, la police de Merseyside a déclaré qu’un certain nombre d’officiers avaient été blessés dans de « graves troubles » dans le centre de Liverpool, à environ 32 kilomètres du lieu de l’attaque au couteau dans la ville balnéaire de Southport, dans le nord-ouest de l’Angleterre.
Dans une série de publications sur la plateforme de médias sociaux X, la force de police qui couvre Liverpool et Southport a déclaré qu’il n’y a « pas de place pour ce comportement méprisable qui perturbe la vie des membres du public qui vivent dans la ville ou qui la visitent pour profiter des commodités que la ville a à offrir. »
La police de Humberside a indiqué dans un communiqué que trois policiers avaient été blessés et quatre personnes arrêtées à la suite de troubles à Hull, une ville du nord-est de l’Angleterre. Plus tôt, les fenêtres d’un hôtel de Hull qui hébergeait des migrants avaient été brisées.
Ailleurs, des briques ont été lancées sur des policiers à Stoke-on-Trent, dans le centre de l’Angleterre, tandis que des échauffourées ont également été signalées à Belfast, Manchester et Nottingham.
Aucune manifestation d’extrême droite n’a été signalée à Londres. Par ailleurs, des milliers de manifestants pro-palestiniens ont défilé pacifiquement dans la ville pour protester contre l’opération militaire israélienne à Gaza.
Le nouveau Premier ministre travailliste britannique, Keir Starmer, a tenu samedi une réunion de crise avec ses ministres, au cours de laquelle il a déclaré que la police avait le « soutien total » du gouvernement pour prendre des mesures contre les « extrémistes » qui attaquent les policiers et tentent de « semer la haine », selon son bureau au 10 Downing Street.
Les dernières flambées de violence surviennent un jour après que des manifestants de Sunderland, dans le nord-est de l’Angleterre, ont lancé des barils de bière et des pierres sur des policiers. Une voiture et le bâtiment voisin d’un commissariat de police ont été incendiés et 12 personnes ont été arrêtées.
Les violences ont éclaté en début de semaine, apparemment en signe de protestation contre l’attaque au couteau survenue lundi à Southport. Un adolescent de 17 ans a été arrêté.
De fausses rumeurs circulaient sur Internet selon lesquelles le jeune homme était musulman et immigré, attisant la colère des partisans de l’extrême droite. Les suspects de moins de 18 ans ne sont généralement pas identifiés au Royaume-Uni, mais le juge Andrew Menary a ordonné que l’identité d’Axel Rudakubana, né au Pays de Galles de parents rwandais, soit révélée, en partie pour mettre un terme à la diffusion de fausses informations.
Lors d’une conférence de presse samedi après les opérations de nettoyage à Sunderland, le chef de la police de Northumbria, Mark Hall, a qualifié les violences de vendredi d’« impardonnables », affirmant que quatre policiers avaient été blessés, dont trois en conséquence directe des troubles. Il a également déclaré qu’un cavalier avait été grièvement blessé dans un accident et qu’il était en cours de traitement à l’hôpital.
« Au cours de la soirée, nos agents ont été confrontés à des violences graves et soutenues », a-t-il déclaré. « Ne vous y trompez pas, si vous avez été impliqué hier soir, attendez-vous à être confronté à toute la force de la loi. »
La police a déclaré que de nombreuses actions sont organisées en ligne par des groupes d’extrême droite obscurs, qui mobilisent le soutien en ligne avec des phrases telles que « ça suffit », « sauvez nos enfants » et « arrêtez les bateaux ». Des contre-manifestations sont également prévues avec l’organisation Stand Up To Racism
Depuis l’attaque au couteau, des manifestants d’extrême droite ont organisé plusieurs rassemblements violents, se heurtant mardi à la police devant une mosquée de Southport, près du lieu de l’attaque, et lançant des canettes de bière, des bouteilles et des fusées éclairantes près du bureau du Premier ministre à Londres le lendemain. De nombreux habitants de Southport ont exprimé leur colère face aux actes de violence organisés à la suite de la tragédie.
L’attaque de lundi contre des enfants lors d’un cours de danse d’été sur le thème de Taylor Swift a choqué un pays où les crimes au couteau sont un problème de longue date et vexant, bien que les attaques au couteau de masse soient rares.
Rudakubana a été accusé de meurtre pour l’attaque qui a tué Alice Dasilva Aguiar, 9 ans, Elsie Dot Stancombe, 7 ans, et Bebe King, 6 ans. Il a également été accusé de 10 chefs de tentative de meurtre pour les huit enfants et les deux adultes qui ont été blessés.
Starmer a imputé la violence à la « haine d’extrême droite » et a promis de mettre un terme au chaos. Il a déclaré que la police de tout le Royaume-Uni recevrait davantage de ressources pour empêcher « une rupture de l’ordre public dans nos rues ».
Lors d’une conférence de presse jeudi, le Premier ministre a déclaré que la violence dans les rues était « clairement motivée par la haine d’extrême droite » et a annoncé un programme permettant à la police de mieux partager les renseignements entre les agences et d’agir rapidement pour procéder à des arrestations.
« C’est un acte coordonné, c’est délibéré », a déclaré Starmer. « Il ne s’agit pas d’une manifestation qui a dégénéré. Il s’agit d’un groupe d’individus résolus à recourir à la violence. »
