Home France Des travailleurs migrants décrivent la misère et l’exploitation des vignobles champenois

Des travailleurs migrants décrivent la misère et l’exploitation des vignobles champenois

by News Team
0 comment


Les autorités de la région Champagne française enquêtent sur les conditions de vie dans ses célèbres vignobles après que des travailleurs saisonniers aient été hébergés dans des logements sordides. S’apprêtant à témoigner contre leur ancien employeur, des ouvriers ont raconté à RFI leurs expériences éprouvantes lors de la cueillette de raisins parmi les plus chers au monde.

Publié le:

3 minutes

Le mois dernier, les autorités du département de la Marne (nord-est), où se trouve une grande partie de la région viticole, ont fermé les hébergements abritant une cinquantaine d’ouvriers embauchés pour récolter les vendanges 2023.

Un contrôle ponctuel a révélé que les logements, situés sur la commune de Nesle-le-Repons, étaient insalubres et impropres à leur usage. Selon les inspecteurs du travail, les travailleurs saisonniers, pour la plupart des migrants originaires de pays d’Afrique de l’Ouest, dormaient sur des lits de fortune au milieu de câbles électriques traînants et d’installations sanitaires « dégoûtantes ».

“C’est quelque chose qu’on ne peut pas expliquer. Ça me fait encore pleurer, on a vécu tellement de choses là-bas”, a déclaré à RFI Boubakar Soumaré, un ouvrier.

“Depuis que je suis en Europe, je n’ai jamais souffert autant auparavant.”

Lui et les autres ouvriers, dont beaucoup sans permis de travail français, ont été recrutés de bouche à oreille, a-t-il déclaré à Marie Casadebaig de RFI. On leur avait promis deux semaines de travail pour récolter le raisin, nourriture et hébergement compris.

Au lieu de cela, a expliqué Soumaré, ils ont travaillé près de 12 heures par jour avec presque pas de nourriture ni d’eau.

“Il y avait du maïs qui poussait à proximité, on allait le voler juste pour avoir quelque chose à manger”, raconte-t-il.

Traite des êtres humains

Les travailleurs ont depuis été relogés par les autorités locales et les procureurs ont ouvert une enquête pour trafic d’êtres humains présumés.

Les employeurs des hommes, qui dirigeaient une entreprise engagée par des producteurs de champagne pour fournir du travail temporaire, risquent jusqu’à dix ans de prison s’ils sont inculpés et reconnus coupables.

Les travailleurs se battent également pour obtenir les salaires qui leur sont dus, avec le soutien de la CGT. Ils n’étaient payés que trois jours sur huit, disent-ils, et la CGT se constitue au civil pour les aider à réclamer le reste.

Selon le syndicat, une telle exploitation est trop courante dans les exploitations agricoles françaises.

“Nous sommes régulièrement confrontés à des situations comme celle-ci, impliquant des entrepreneurs sans scrupules et de type mafieux”, explique Diane Grandchamp, qui représente les travailleurs agricoles au sein de la CGT.

“Mais si ces entrepreneurs existent, c’est parce qu’il y a des gens qui les embauchent, des patrons agricoles qui veulent ces services à moindre coût. Très souvent, les responsables ne sont pas condamnés, car ils disent ne pas être au courant de ce qui se passe, mais il n’est pas possible de fermer les yeux sur les conditions dans lesquelles se trouvent les personnes qui travaillent sur vos terres. »

Quelque 120 000 personnes sont embauchées chaque année pour récolter le champagne, généralement pendant deux à trois semaines.

La CGT affirme que la prolifération d’entrepreneurs proposant de recruter de la main d’œuvre à court terme pour le compte des producteurs a encouragé l’exploitation des travailleurs saisonniers, en particulier des immigrés sans papiers prêts à travailler pour de bas salaires et sans contrat approprié.

A la fin des vendanges de cette année, le parquet champenois a ouvert au moins une autre enquête pour trafic, impliquant 160 ouvriers ukrainiens hébergés dans des conditions inacceptables dans la commune de Mourmelon-le-Petit.

Protection spéciale

Quant aux travailleurs de Nesle-le-Repons, ils seront autorisés à rester en France pendant toute la durée de l’enquête.

«En raison de l’exploitation dont ils ont été victimes et du fait qu’ils ont dénoncé les responsables, ils bénéficient d’un certain type de protection», explique l’avocat qui les représente, Maxime Cessieux.

“Il en va de même pour les victimes de la prostitution et autres. Il existe plusieurs catégories de travailleurs qui bénéficient d’une telle protection lorsqu’ils osent dénoncer leur employeur, ce qui n’est pas toujours le cas.”

Pour ceux qui n’ont pas de papiers d’immigration, cela signifie un permis de séjour temporaire leur permettant de rester légalement en France, qui sera prolongé si un tribunal constate que leur employeur les a victimes de trafic.

“On ne sait pas ce qui va suivre”, a déclaré à RFI un autre ouvrier, Djiakariao Konaté. “Mais pour l’instant, au moins, nous nous sentons un peu plus en sécurité.”

You may also like

Leave a Comment

Our Company

Rivedin Provides news from the source.

Newsletter

Subscribe my Newsletter for new blog posts, tips & new photos. Let's stay updated!

Laest News

@2021 – All Right Reserved. Designed and Developed by RIVEDIN

Are you sure want to unlock this post?
Unlock left : 0
Are you sure want to cancel subscription?
-
00:00
00:00
Update Required Flash plugin
-
00:00
00:00