La France a annoncé la vente d’équipements défensifs à l’Arménie alors que l’Azerbaïdjan a lancé des exercices militaires avec son allié la Turquie.
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L’accord a été annoncé quelques semaines après que Bakou a repris le Haut-Karabakh aux séparatistes arméniens et alors qu’Erevan craignait que l’Azerbaïdjan ne cherche désormais à cibler le sud de l’Arménie.
S’adressant aux journalistes, le ministre français de la Défense Sébastien Lecornu a déclaré que l’Arménie achèterait trois systèmes radar Ground Master 200 (GM200) au groupe de défense français Thales, sans fournir de détails financiers.
Le système, déjà utilisé en Ukraine, est connu pour ses “capacités de détection remarquables”, a déclaré Lecornu lors d’une conférence de presse aux côtés du ministre arménien de la Défense Suren Papikyan, en visite à Paris.
Les ministres ont également signé une lettre d’intention pour l’achat par l’Arménie de systèmes de défense aérienne impliquant Thales et le fabricant européen de missiles MBDA, a déclaré à l’AFP une porte-parole de Lecornu.
Lecornu a précisé que la lettre d’intention concernait l’achat d’équipements de type “Mistral”, faisant référence à un système de missile de défense aérienne à courte portée.
L’Arménie a également signé un contrat pour l’achat de lunettes de vision nocturne auprès du groupe français Safran, a indiqué la porte-parole du ministère de la Défense.
Dans un communiqué, le ministère arménien de la Défense a déclaré que les ministres avaient discuté de la défense et que les deux pays avaient ensuite signé des documents relatifs à la « coopération bilatérale ».
Diaspora
Début octobre, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a déclaré lors d’une visite en Arménie que Paris avait accepté de livrer du matériel militaire à Erevan.
Après cette annonce, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a refusé de rencontrer le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan pour des entretiens en Espagne.
L’Azerbaïdjan a critiqué ce qu’il appelle la politique de « militarisation » de la France dans le Caucase du Sud.
La France, qui compte une importante diaspora arménienne, a contribué à la médiation d’un différend territorial vieux de plusieurs décennies entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Jeux de guerre
Plus tôt lundi, l’Azerbaïdjan a déclaré qu’il avait commencé des exercices militaires conjoints avec son allié la Turquie près de la frontière avec l’Arménie.
Le ministère azéri de la Défense a déclaré que “jusqu’à 3 000” soldats participaient aux “exercices tactiques” organisés dans la capitale Bakou, l’enclave du Nakhitchevan entre l’Iran et l’Arménie, ainsi que dans les territoires repris aux séparatistes arméniens.
Les exercices, baptisés « Mustafa Kemal Ataturk 2023 », impliquent des dizaines d’armes d’artillerie et d’aviation.
L’Azerbaïdjan et la Turquie lancent aujourd’hui en Azerbaïdjan les exercices militaires conjoints “Mustafa Kemal Ataturk 2023”, avec la participation de plus de 3 000 militaires, 130 véhicules blindés, 100 pièces d’artillerie et 20 avions de différents types (israéliens, turcs, etc.).
Source: pic.twitter.com/LW7sI5KOVk
– Observateur du Haut-Karabakh (@NKobserver) 23 octobre 2023
Bakou a déclaré qu’elles visaient à « assurer l’interopérabilité des combats » entre les alliés.
Pourparlers
Ironiquement, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont également engagé des pourparlers lundi à Téhéran pour tenter d’apaiser les tensions.
Lors de la réunion, à laquelle participaient également les ministres des Affaires étrangères de Turquie, de Russie et d’Iran, les envoyés ont noté une poussée en faveur de la paix dans le Caucase.
“Cette réunion… peut être la pierre angulaire du chemin vers l’établissement de la paix et la fin des défis dans le Caucase du Sud, avec la participation des acteurs régionaux et des voisins”, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
Ces négociations sont considérées comme une tentative de Moscou de réduire l’influence occidentale croissante dans le Caucase, une région qu’elle a longtemps considérée comme son arrière-cour.
Selon le plan initial de Moscou, le « format 3+3 » devait également inclure la Géorgie. Mais Tbilissi, qui aspire à rejoindre l’UE et l’OTAN, a rejeté cette proposition.
(Avec les fils de presse)